Rechercher
Rechercher

Liban - Le commentaire

Le régime syrien tombe le masque à cause du TSL, sa bête noire

Si l'encre était encore d'usage courant, les menaces à peine voilées du président syrien Bachar el-Assad en feraient couler beaucoup. Elles mettent en tout cas le Liban politique en émoi, malgré l'effet d'accoutumance. On se rappelle les invectives ou mises en garde adressées au regretté président Hariri puis les insultes faites au chef du gouvernement de l'indépendance, Fouad Siniora. La dernière volée remonte à quelques mois, quand le régime syrien avait des problèmes avec des activistes basés, selon lui, au Liban-Nord.
Cette fois, Assad célèbre à sa façon l'entrée en fonctions de sa bête noire, le Tribunal spécial pour le Liban. Un sujet que son régime a souvent traité, en étalant une dose considérable de contradictions, émaillées d'une remarquable ignorance en matière de droit. Il a ainsi successivement soutenu qu'il n'était en rien concerné par le tribunal. Que cette instance devrait retenir le code de procédure syrien comme elle l'a fait pour le manuel libanais. Puis qu'il ne lui livrerait aucun suspect syrien, tout ressortissant impliqué devant être jugé par les tribunaux de son pays, au nom du principe de souveraineté nationale. Oubliant que, suivant la charte et les conventions de Genève et de Venise, la justice onusienne a la primauté dans les affaires de terrorisme, de crimes de guerre ou contre l'humanité, comme dans toute atteinte à la sécurité internationale.
Aujourd'hui, il trouve moyen d'aller plus loin en biaisant. Il proclame en effet qu'« il n'existe pas de garanties que le tribunal ne soit pas politisé ». Pour prévenir que « le Liban serait le premier à payer le prix en cas de politisation ». Omettant que mettre en doute, de surcroît sous forme de présomption, l'intégrité et l'indépendance d'une cour de justice, c'est lui faire outrage. Autant d'ailleurs qu'à sa matrice, la communauté internationale, représentée par le Conseil de sécurité.
Par contre, Assad n'omet pas de faire bonne mesure côté intentions agressives en se mêlant des affaires intérieures libanaises dans leur quintessence même, les élections législatives. Ou plus exactement, de leur résultat consécutif le plus important, la composition du pouvoir exécutif. Il lance en effet, à ce sujet, le diktat, ou l'ultimatum, suivant : « Le Liban vit d'entente, et il explose s'il n'y en a pas. » À bon entendeur salut : le tiers de blocage bis, ou bonjour l'anarchie.
On reste donc, contrairement à ce que croient certains bons amis du Liban abreuvés d'assurances syriennes mielleuses, dans la même ligne dure. Une stratégie de récupération de la tutelle, en tout ou en partie, qui a produit la démission des ministres chiites, le squat du centre-ville, les routes coupées, les agressions de rue, la fermeture du Parlement, la crise de la présidentielle ou encore le 7 mai. Et, en moindre mal, mais en mal quand même, cet accord bancal de Doha qui trahit le pacte de Taëf.
Retour au plat de résistance, le tribunal. Comme pour les conventions précédentes, qui leur avaient fait claquer la porte du précédent cabinet, sur injonction de Damas, les ministres prosyriens refusent aujourd'hui d'entériner le protocole fonctionnel avec le bureau du procureur international. Ils ont obtenu la mise sur pied d'une commission ministérielle d'étude pour d'éventuelles retouches à soumettre à l'approbation du Conseil. Une manœuvre débouchant ensuite sur des discussions serrées, probablement longues, avec le contractant international. Pour retarder, ou entraver, le processus judiciaire. Ce qui montre, dès le départ, qu'aucun détail ne sera négligé, plus tard, pour saboter la justice en marche. En lui mettant, donc, tant de bâtons dans les roues qu'elle n'arriverait jamais à rien.
Il convient toutefois de relever que tribunal international et politique libanaise se trouvent étroitement liés aux yeux du régime syrien. Aujourd'hui comme hier, il ne parle jamais de l'un sans évoquer l'autre. Ainsi, au sortir de Doha où il avait pu imposer le cabinet d'union si mal nommé, et le tiers de blocage, Assad confiait à une publication indienne que cette formule « constitue une victoire politique pour le Liban et la Syrie ». Dans l'ivresse de ce triomphe, il indiquait alors que le tribunal « agirait avec objectivité s'il n'était pas politisé. Jusqu'à présent, les choses sont sur la bonne voie. Nous souhaitons que cette cour se montre d'un haut professionnalisme et ne soit pas politisée. » On peut donc penser que c'est parce que l'on s'éloigne de l'accord de Doha, tant dans le temps que dans l'espace politique, que le régime syrien se braque de nouveau si fort sur le TSL.
Si l'encre était encore d'usage courant, les menaces à peine voilées du président syrien Bachar el-Assad en feraient couler beaucoup. Elles mettent en tout cas le Liban politique en émoi, malgré l'effet d'accoutumance. On se rappelle les invectives ou mises en garde adressées au regretté président Hariri puis les insultes faites au...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut