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Liban

De Belgique, Gemayel met l’accent sur l’importance politique et symbolique d’une victoire en juin prochain



Trois idées-force ont été défendues par l'ancien président de la République Amine Gemayel tout au long de son séjour en Belgique : d'abord « l'état d'hypnose » dans lequel le régime syrien tente de plonger la communauté internationale en « distillant çà et là des mesures qui pourraient faire croire à sa bonne volonté, simplement dans le but d'obtenir d'elle des satisfecit ». Ensuite, le sort des détenus libanais dans les geôles syriennes et le fait que Damas ne soit toujours pas inquiété par cette violation du droit international alors que « des preuves tangibles concernant la présence de détenus politiques dans les prisons syriennes existent ». Troisième point enfin, le « cheval de Troie que constitue la présence sur le territoire libanais des différentes factions palestiniennes armées jusqu'aux dents » et qui, selon lui, mettent en péril à terme la stabilité du pays.
La commission des Affaires extérieures a accueilli mardi dernier le président du parti Kataëb Amine Gemayel qui s'est exprimé devant un parterre de députés, de membres de la Commission européenne et du Conseil de l'Europe, en présence de l'ambassadeur du Liban en Belgique Adnan Mansour et d'une importante délégation de l'ambassade. Dans son allocution, M. Gemayel a d'abord remercié les 27 pays membres de l'Union européenne pour leur soutien, puis a choisi de plaider la cause du Liban car « ce n'est pas parce que tout va bien en apparence » que tous les problèmes sont effectivement résolus, a-t-il lancé.
Invitant la communauté internationale et plus particulièrement les membres de l'Union européenne (UE) à ne pas se détacher du processus « indépendantiste et souverainiste » qui s'est mis en marche le 14 mars 2005, un rêve en l'occurrence « brisé » à plusieurs reprises depuis, il a rappelé que « l'opération séduction lancée actuellement par la Syrie à l'égard de la Commission européenne » en vue de la signature d'un éventuel accord de coopération avec l'UE ne doit pas éluder le fait que sur le terrain, la Syrie n'a toujours pas honoré ses engagements ni concernant l'échange d'ambassadeurs ni au sujet du dossier des fermes de Chebaa. Abordant d'autre part les élections législatives de juin prochain, M. Gemayel a rappelé que « le principe de l'alternance démocratique ne s'applique pas vraiment au Liban car les différences politiques ne reposent pas sur un tronc commun de valeurs démocratiques comme c'est le cas dans les pays européens. Chez nous, il y a une différence de conception de l'État, entre le courant qui se veut souverainiste, indépendantiste et démocratique, et celui qui a choisi de s'allier avec l'Iran et la Syrie et qui demeure imprégné d'une très forte tradition autoritaire et non pluraliste ». « C'est pour cela qu'il est important pour nous et l'alliance du 14 Mars de remporter ce scrutin », a-t-il ajouté.

Solana et Pottering
Plus tôt dans la journée, Amine Gemayel s'était entretenu avec le haut représentant de la politique étrangère européenne, Javier Solana, au Conseil de l'Europe situé au cœur de la capitale belge. M. Gemayel a tenu à cette occasion à mettre en relief la situation que le Liban traverse actuellement, soulignant qu'il s'agit simplement d'une « trêve » et que les problèmes endémiques du pays restent à ce stade « entiers ». Il s'est longuement attardé sur le problème que posent les fermes de Chebaa, surtout que le régime syrien s'emploie à entretenir « un certain flou » par rapport à cette question. « La Syrie proclame publiquement la libanité de ces hameaux sans pour autant œuvrer au niveau de l'ONU afin de déterminer réellement la propriété de cette portion de territoire », a ainsi souligné M. Gemayel avant de relever qu'il devenait de plus en plus urgent de mettre un terme à cette situation imprécise.
Le président du parti Kataëb a également évoqué le problème des armes illégales qui continuent de circuler sur le territoire libanais, des armes qui sont « autant de chevaux de Troie » qui peuvent saper la stabilité à tout moment. Il a aussi mis l'accent sur la nécessité pour le Liban de « sortir de l'alignement des axes dans lequel il est trempé » actuellement. « Il faut aller vers plus de neutralité, une neutralité positive afin que les Libanais puissent se tourner vers eux-mêmes et œuvrer enfin pour leur pays. »
Javier Solana a de son côté tenu à souligner l'importance capitale des élections législatives de juin prochain, élections sur lesquelles il convient selon lui de se focaliser, tout en rappelant la position traditionnelle de l'Europe par rapport à la souveraineté du Liban, laquelle demeure, selon lui, « tout à fait fondamentale ». Le haut représentant de la politique européenne a aussi rappelé que les élections à venir façonneront en quelque sorte l'avenir du Liban et qu'il fallait donc « pour le moment » s'atteler à la réussite de cette échéance. Revenant sur la question des fermes de Chebaa, M. Solana a confié à l'ancien président de la République que ce dossier retenait plus que jamais l'attention de la communauté internationale et qu'il travaillait lui-même sur la question en étroite coopération avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

Les détenus en Syrie
La journée marathon de M. Gemayel avait démarré par un petit déjeuner de travail organisé par le chef du Parti socialiste européen Martin Shulz. Le président Kataëb et les membres de sa délégation - qui comprenait notamment le vice-président du parti Sélim Sayegh ainsi que le responsable Kataëb en France, Sacha Abi Khalil - ont ensuite rencontré le président du groupe parlementaire majoritaire au Parlement européen, le Parti populaire (PPE-DE), Joseph Daul. Dans l'après-midi, le chef du groupe parlementaire des Verts, Daniel Cohn-Bendit, a reçu le président Kataëb dans un bureau qui porte encore aujourd'hui les stigmates de mai 1968... Tout au long de ses entretiens, l'ancien président de la République a rappelé que quelque 300 détenus, « certains depuis 30 ans », étaient encore en train de croupir dans les geôles syriennes et que la tradition de l'UE ainsi que son attachement au droit international et aux droits de l'homme devaient la pousser à user de son influence pour inciter la Syrie à changer d'attitude par rapport à ce dossier. « Le plus dur, c'est de continuer le combat lorsqu'il n'y a plus de violence », a-t-il souligné. Avant le dîner donné à la résidence de l'ambassadeur du Liban Adnan Mansour, en l'honneur d'Amine Gemayel, la délégation libanaise s'est entretenue avec le député Mario Mauro, également vice-président du PE.
Trois idées-force ont été défendues par l'ancien président de la République Amine Gemayel tout au long de son séjour en Belgique : d'abord « l'état d'hypnose » dans lequel le régime syrien tente de plonger la communauté internationale en « distillant çà et là des...
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