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Nos Lecteurs ont la Parole

Les élections parlementaires ne sont pas « cruciales »

Par Nabil MALLAT
En dépit de certaines affirmations, le 8 juin 2009 sera une journée comme les autres dans la vie politique libanaise. Elle devra l'être. Bien sûr, il y aura une majorité et une minorité. Peut-être même qu'il n'y aura que deux grands rassemblements parlementaires qui devront courtiser une minorité centriste. Mais le « visage » du Liban restera le même en ce que tous les partis - oui, tous ! - devront communiquer, discuter, négocier, se mettre d'accord.
Car, disons-le d'emblée, dans un pays pluriconfessionnel et multiminoritaire, les affirmations excessives ne conduisant qu'à des évènements excessifs, l'exploit consiste à trouver une plate-forme commune entre tous les partenaires locaux afin d'assurer une vie paisible aux citoyens libanais, car, en fin de compte, et il semble malheureusement nécessaire de le rappeler, c'est bien de cela qu'il s'agit : la paix civile.
La paix civile s'accommode mal des caprices des politiciens libanais. Également, elle s'accommode mal des « Nous avons raison ! » de tous bords. Si la politique était une affaire de droit et de justice, le pouvoir aurait été confié aux magistrats. Mais justement, la séparation des pouvoirs a réservé le droit et la justice au pouvoir judiciaire et l'intérêt national au pouvoir exécutif. Il ne s'agit donc pas de savoir « qui a raison » mais plutôt « quel est l'intérêt du Liban ? ». Malheureusement, ces questions ont été rarement posées au Liban, même durant les périodes véritablement cruciales. Même durant la guerre de 1975-1990.
Les élections ne sont pas « cruciales » car personne ne va « gagner ». Une victoire dans son sens politique est celle qui permet à l'un des deux camps de décider de toutes ou de la plupart des affaires de l'État sans consulter l'autre camp. Or dans les deux cas de figure, cela semble irréalisable.
Dans le premier cas de figure, c'est-à-dire celui où l'un des camps obtiendrait plus de 65 députés, un retour aux accords de Doha pourrait s'avérer nécessaire. D'une façon ou d'une autre. Si la minorité décide de ne pas faire partie du gouvernement, ce tiers, qui « bloque » pour certains ou qui « garantit » pour d'autres, devra se transformer en un tiers « présidentiel ». En d'autres termes, il reviendra au président de la République de contrôler la majorité.
Dans le deuxième cas de figure, c'est-à-dire celui où un rassemblement centriste assurerait l'équilibre, la situation deviendrait encore plus facile à gérer vu que chaque camp aura nécessairement moins que les deux tiers dans le nouveau gouvernement.
Sur le plan régional et international, l'impact d'une détente, si elle se concrétise, contribuera encore plus à la stabilité locale. Cela est triste à dire, mais depuis longtemps, les principaux partenaires régionaux et internationaux ont compris que la politique libanaise était une affaire trop sérieuse pour être confiée aux politiciens libanais. La marge de manœuvre de ces derniers restera donc contenue dans le règlement-cadre régional, c'est-à-dire la détente.
En d'autres termes, tous les yeux se portent vers les États-Unis et l'Iran. Bien sûr que le Liban aura un rôle à jouer. Peut-être même qu'il sera le premier bénéficiaire d'une détente entre ces deux pays. Mais les « peut-être » ne rassurent pas suffisamment. Pour cette raison, le Liban devra se préparer à profiter au maximum - ou à limiter les dégâts au maximum - de tout développement dans les relations entre ces deux pays.
Mais pour le moment, les Libanais doivent savoir qu'un bloc de 65 députés ne fera pas, et surtout ne défera certainement pas le Liban. Au lieu de courir vers la folie, il s'agit de calmer les esprits, d'expliquer au peuple que le 8 juin 2009 sera un jour où tous les partis libanais continueront à discuter, à négocier, à se mettre d'accord.
En dépit de certaines affirmations, le 8 juin 2009 sera une journée comme les autres dans la vie politique libanaise. Elle devra l'être. Bien sûr, il y aura une majorité et une minorité. Peut-être même qu'il n'y aura que deux grands rassemblements parlementaires qui devront courtiser une minorité centriste. Mais le...

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