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Actualités - OPINION

Éclairage Entre le déploiement syrien et la mésaventure des deux Américains Scarlett HADDAD

Un attentat à Damas, un autre à Tripoli, deux journalistes américains qui disparaissent sans disparaître pendant quelques jours et un déploiement militaire syrien à la frontière... Quel est le lien entre tous ces éléments ? Une tentative de réponse... Si de nombreuses questions restent encore sans réponse au sujet de « l’aventure » des deux journalistes américains qui s’est terminée à Damas, une source de sécurité libanaise pense que les deux jeunes gens ont été envoyés, consciemment ou inconsciemment, pour tester le contrôle des frontières par les autorités syriennes. Selon cette source de sécurité, le thème du contrôle des frontières est un des grands sujets de l’heure et il aurait occupé une grande partie de la réunion qui a eu lieu à New York entre la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice et le ministre syrien des AE Walid Moallem, en marge des réunions de l’Assemblée générale des Nations unies. La même source révèle que la réunion s’est déroulée en présence de hauts officiers des deux camps qui ont évoqué les problèmes sécuritaires dans la région. La source sécuritaire confirme en quelque sorte les propos de l’ancien vice-président de la Chambre Élie Ferzli après son entretien avec David Hale, lorsque M. Ferzli avait affirmé qu’un dialogue direct a commencé entre les deux pays. Ce dialogue aurait donc commencé sur le dossier irakien et notamment sur la situation à la frontière de la Syrie et de l’Irak. Depuis 2003 et sous de multiples prétextes, la Syrie avait transformé cette frontière en passoire, laissant passer les combattants extrémistes vers l’Irak et affirmant, lorsqu’on la relançait sur la question, qu’elle n’a pas les moyens de contrôler la frontière et qu’en plus, elle ne souhaite pas jouer le gendarme et le garde-frontière pour le compte des États-Unis sans la moindre contrepartie. Il n’était donc pas question de céder à ce que les autorités syriennes appellent « le chantage » américain. Mais depuis quelques mois, entre la Syrie et la communauté internationale, le ton a changé et Damas a réussi, selon la même source, à fermer sa frontière avec l’Irak. Un certain apaisement dans la violence dans ce pays s’est d’ailleurs fait sentir, notamment dans la province d’al-Anbar, proche de la frontière syrienne, et désormais entre les mains de l’armée et des forces de sécurité irakiennes. La source de sécurité rapporte même que la fermeture de la frontière avec l’Irak aurait entraîné des problèmes sécuritaires en Syrie même, où l’un des chefs des extrémistes qui se rendaient en Irak, connu sous le nom de « Abou Kaakaa », aurait été récemment tué au cours d’affrontements avec les forces de l’ordre syriennes. Mais son groupe demeure actif et les cellules clandestines encore efficaces. C’est d’ailleurs à ces groupes que l’on attribue la responsabilité de l’attentat à la voiture piégée sur la route de l’aéroport près de Damas. Cet attentat avait d’ailleurs provoqué la mort du général Abdel Karim Abbas, un haut responsable sécuritaire syrien. D’ailleurs, des incidents se produiraient régulièrement en Syrie entre les forces de l’ordre et des extrémistes qui, n’ayant plus accès à l’Irak, s’activeraient sur le territoire syrien. Dans un signe évident de bonne volonté à l’égard des États-Unis, les dirigeants syriens auraient donc bloqué leur frontière avec l’Irak, mais ils auraient aussi décidé de verrouiller celle qu’ils ont en commun avec le Liban pour empêcher les combattants extrémistes d’affluer chez eux et d’y causer des problèmes. L’entrée clandestine des deux journalistes américains serait donc une sorte de test aux autorités syriennes pour voir dans quelle mesure elles sont sincères lorsqu’elles affirment que le déploiement de leurs troupes le long de la frontière vise à contrôler celle-ci. Or, l’arrestation quasi immédiate des deux journalistes après leur passage en Syrie montre que les autorités de ce pays contrôlent désormais bien cette frontière. Les déclarations rassurantes des responsables syriens à leurs interlocuteurs libanais développent d’ailleurs ce point et expliquent que la Syrie est désormais décidée à lutter sévèrement contre toute forme de contrebande le long de ses frontières. Toute tentative d’infiltration d’armes ou de personnes sera donc réprimée, avec l’accord de la communauté internationale qui avait longtemps réclamé une telle attitude de la part de la Syrie. Reste à savoir jusqu’où ira cette nouvelle attitude syrienne et dans quelle mesure le Liban en subira les conséquences. Selon la source de sécurité, des réunions entre les militaires libanais et syriens sont prévues dans le courant de la semaine prochaine, et le Liban devrait alors connaître un peu mieux les intentions syriennes.
Un attentat à Damas, un autre à Tripoli, deux journalistes américains qui disparaissent sans disparaître pendant quelques jours et un déploiement militaire syrien à la frontière... Quel est le lien entre tous ces éléments ? Une tentative de réponse...
Si de nombreuses questions restent encore sans réponse au sujet de « l’aventure » des deux journalistes américains qui s’est...