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Un peu plus de... Portraits d’artistes De Médéa Azouri HABIB

Qui a fait récemment la route Beyrouth-Jounieh a probablement dû se poser la même question que moi : « Mais qui est Darine Hadchiti ? » Qui est cette bonne femme qui orne chaque panneau publicitaire le long de cette autostrade embouteillée. Grand format, petit format, affiche à la sauvette et immeuble recouvert, Darine a utilisé tous les supports. La profane que je suis en matière de musique orientale s’est retrouvée assaillie de mille et une pensées : « Darine, la nouvelle Nancy ? Darine, la nouvelle Haïfa ? Darine tout court ? » « Who the fuck is Darine ? » comme dirait l’autre… Et c’est là que j’ai confirmé ce que je savais depuis toujours. Si je ne connais pas Darine, c’est de ma faute et ce n’est pas parce que Darine n’est pas célèbre. Et si ce problème existe, c’est parce qu’il y a deux mondes au Liban. Celui qui a été applaudir Mika, star libanaise internationale, et celui qui connaît Darine, star libanaise régionale. Celui qui adore Bob Sinclar et celui qui adore Elyssa. Celui qui se passe en boucle Julien Clerc dans son iPod et celui qui a toutes les K7 de Fadl Chaker. Oh, parfois il y a un mixage des deux, mais c’est surtout parce que les amateurs de Guetta aiment veiller qu’ils finissent par écouter « de l’oriental ». En boîte ça marche et puis c’est tellement « exotique ». Enfin, exotique quand on est libanais… Alors voilà qui est Darine Hadchiti, une jeune star qui vend bien, paraît-il, des CD et des « chrit », des bandes, des K7 quoi, et qui ressemble à quelques-unes de ses consœurs. C’est sûrement parce qu’on ne la connaît pas bien qu’on la confond avec d’autres artistes, mais force est de constater que la plupart des chanteuses libanaises – ou plutôt toutes les nouvelles chanteuses libanaises – ont eu recours à la chirurgie esthétique. Alors, chanteuse ou pas ? Mannequin aux côtés de mon coiffeur pour une marque de jeans ? Image d’une campagne pour un lotissement de luxe au centre-ville ? Il y a de quoi nous faire tourner la tête. En haut, en bas, à ex-futures photos des prochains candidats aux législatives. Photos, il n’y aura pas ils ont dit. Photos, y aura-t-il ? Entre un insigne ou un autre logo tagué sur un bout de mur, entre une photo d’un martyr et l’affiche du gig de Paul Van Dyk, il y aura bien une petite place pour une pub d’orange givrée, non ? On verra bien… Toujours est-il qu’en attendant, on se rince l’œil avec des campagnes publicitaires de plus en plus olé olé pour des marques de vêtements qui semblent n’être à la mode nulle part ailleurs qu’ici même (ligne Dekwané-Jounieh), qu’on s’extasie devant des prêts immobiliers très intéressants (encore faut-il pouvoir s’offrir un appart à un demi-million de dollars) et qu’on déchiffre les dates des soirées « artistiques » en tandem au casino Fouwar d’Antélias – Elyssa et Ragheb le même jour, ça ne se refuse pas. Comment ça, Ragheb qui ? Après cette immersion totale dans cette culture populaire libanaise, nous revoilà rue Gouraud, face à des posters du concours Radio-Liban pour de jeunes artistes libanais, une belle photo de Lavilliers qui est venu chanter un dimanche soir à Beyrouth son Samedi soir… et une campagne on ne peut plus réussie pour Exotica, dont on ne se lasse pas de découvrir, chaque quelque temps, le nouvel épisode. Et la voilà, l’autre culture libanaise. Le Liban des Soap Kills, des New Government, de Lumi et de leur « cat », du Basement et du Club Social, celui du Torino. Celui du Art Lounge où ont chanté les Putes à frange l’hiver dernier et celui du Music Hall les dimanches à 21 heures, quand une Jane Birkin entonne « Quoi » et qu’Ibrahim Maalouf souffle dans sa trompette. Le Liban de Mouzanar (demain à la Cigale – Paris) et de Caramel… Et ce sont ces deux Liban(s)-là qu’on aime. Ce Liban pluriel qui fera qu’un jour Sabah chantera en duo avec Rayess Bek. Alors, ce jour-là…
Qui a fait récemment la route Beyrouth-Jounieh a probablement dû se poser la même question que moi : « Mais qui est Darine Hadchiti ? » Qui est cette bonne femme qui orne chaque panneau publicitaire le long de cette autostrade embouteillée. Grand format, petit format, affiche à la sauvette et immeuble recouvert, Darine a utilisé tous les supports. La profane que je suis en...