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ANALYSE En changeant de cap sur l’Iran, les USA revisitent « l’Axe du mal »
le 18 juillet 2008 à 00h00
L’administration Bush, qui a accepté de participer à des pourparlers avec l’Iran sur le nucléaire, semble devenir plus pragmatique et s’éloigner de sa vision d’un « Axe du mal », selon des analystes. Le numéro trois du département d’État William Burns va participer à Genève aux entretiens entre le diplomate en chef de l’Union européenne, Javier Solana, des diplomates d’Allemagne, France, Grande-Bretagne, Chine et Russie, et le négociateur iranien Saïd Jalili. L’Iran persiste pourtant dans son refus de suspendre ses activités nucléaires les plus sensibles et l’administration Bush a jusqu’ici fait de la suspension de l’enrichissement d’uranium la condition impérative d’une participation américaine à des négociations multilatérales avec l’Iran.
« C’est un spectaculaire retournement pour l’administration Bush. Cela est similaire au tournant effectué en 2006 avec les Nord-Coréens », a déclaré à l’AFP un expert en non-prolifération nucléaire Joseph Cirincione. Dans les deux cas, « l’administration avait refusé d’avoir des pourparlers directs avec ses adversaires », a poursuivi M. Cirincione, président du Ploughshares Fund.
La Corée du Nord a publié fin juin une déclaration détaillant ses activités nucléaires, symbole supplémentaire de son engagement à se dénucléariser. Même si le gouvernement américain admet qu’il reste à Pyongyang un long chemin à parcourir avant une dénucléarisation totale. « Depuis le début de l’administration (Bush), il y a eu une lutte entre les pragmatiques qui voulaient négocier avec la Corée du Nord et l’Iran et les irréductibles qui tentaient de renverser ces régimes », relève M. Cirincione. « Les pragmatiques ont finalement gagné sur la Corée du Nord ces dernières années, et désormais leur position semble prévaloir concernant l’Iran », a-t-il ajouté.
La secrétaire d’État Condoleezza Rice a consulté le président Bush avant de prendre l’initiative d’envoyer Williams Burns à Genève, ont indiqué des responsables de l’administration américaine. Ce même George W. Bush qui, en janvier 2002, avait accusé l’Iran, l’Irak et la Corée du Nord de former « l’Axe du mal ».
Suzanne Maloney, spécialiste de l’Iran à la Brookings Institution, estime quant à elle que ce changement de cap diplomatique est important mais résulte d’une longue série d’étapes pour engager l’Iran dans des négociations sur le nucléaire. Envoyer M. Burns assister à ces pourparlers sans qu’il puisse négocier « m’apparaît absurde de la part de l’administration » et pourrait nuire aux pourparlers, a-t-elle par ailleurs déploré. « Cela dit, se retrouver directement en face d’un diplomate iranien, c’est un énorme progrès », a-t-elle admis.
L’administration Bush a réalisé que sa stratégie consistant à poser des préalables était « contre-productive et n’avait fait qu’aggraver la situation », a souligné de son côté Trita Parsi, président du National Iranian American Council, basé à Washington. Parallèlement, les membres plus intransigeants de l’administration « s’en vont peu à peu, laissant la place à des diplomates de carrière qui commencent à mener la danse », a-t-il dit. « C’est en partie pour cela que nous avons vu des changements dans la politique américaine vis-à-vis de la Corée du Nord et que nous commençons à en voir par rapport à l’Iran », a ajouté M. Parsi, qui a salué l’initiative américaine, tout en doutant que Téhéran accepte de négocier une suspension totale de son programme d’enrichissement d’uranium.
L’administration Bush, qui a accepté de participer à des pourparlers avec l’Iran sur le nucléaire, semble devenir plus pragmatique et s’éloigner de sa vision d’un « Axe du mal », selon des analystes. Le numéro trois du département d’État William Burns va participer à Genève aux entretiens entre le diplomate en chef de l’Union européenne, Javier Solana, des...
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