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La stratégie de Damas au Liban depuis 2005

La Révolution du Cèdre du printemps 2005 a contraint, à l’évidence, le régime syrien à changer de stratégie sur l’échiquier libanais afin de lancer une contre-offensive et tenter de récupérer la carte du Liban. Joseph Khoury analyse ce changement de cap en soulignant que « l’effondrement du système étatique de type oriental mis en place par Damas en 1990 n’a pas été provoqué par une action militaire occidentale directe au profit des maronites, comme en 1860, mais par un soulèvement d’une coalition populaire“ multiethnique”. Seule l’entité chiite, dominée par le Hezbollah, s’est exclue de cette coalition car elle la prive de sa fonction de relais stratégique de l’empire oriental qui lui assure un rôle dominant ». « Pour empêcher la constitution d’un système étatique libanais hors de son influence, Damas cherche à briser cette coalition en en éloignant les maronites pour les placer sous l’aile du Hezbollah. L’objectif est d’isoler les sunnites et de doter le Hezbollah d’une couverture maronite pour s’emparer du pouvoir et replacer le Liban sous domination de l’empire d’Orient. Encore une fois, pour manipuler les maronites, Damas recourt à Michel Aoun. À la fin des années 1980, Damas l’avait utilisé pour détruire le code maronite autonome qui l’empêchait de parachever sa conquête du Liban. Aujourd’hui, il l’utilise pour saboter l’émergence d’un code libaniste autonome qui l’exclut du Liban. » Qu’en est-il à cet égard de l’argument avancé par certaines factions de l’opposition, notamment chrétienne, portant sur l’alliance des minorités ? « L’empire oriental est toujours l’œuvre d’une minorité orientale, ethnique ou sectaire, qui forge sa légitimité en affrontant l’Occident pour s’imposer sur la majorité qu’elle soumet de gré ou de force, souligne Joseph Khoury. Ce fut le cas des Arabes qui avaient vaincu les Byzantins au 7e siècle, des Mamelouks qui avaient vaincu les Francs au 13e siècle, et des Ottomans qui avaient vaincu les derniers Byzantins au 15e siècle. La révolte des sunnites libanais contre Damas n’est pas motivée par une rivalité au commandement de l’empire d’Orient. Les régimes arabes sunnites ont renoncé au projet d’empire car ils ont renoncé à l’affrontement avec l’Occident. Ce qui explique d’ailleurs l’émergence du mouvement jihadiste sunnite extra-étatique visant leur renversement et la restauration du califat. Aujourd’hui, seul le régime iranien poursuit une stratégie d’empire. La menace pour les maronites, et pour l’émergence d’un Liban multiple et libre, c’est l’empire oriental, qu’il soit dirigé par un noyau chiite ou sunnite, perse, arabe, ou turkmène. » Propos recueillis par M.H.G.
La Révolution du Cèdre du printemps 2005 a contraint, à l’évidence, le régime syrien à changer de stratégie sur l’échiquier libanais afin de lancer une contre-offensive et tenter de récupérer la carte du Liban. Joseph Khoury analyse ce changement de cap en soulignant que « l’effondrement du système étatique de type oriental mis en place par Damas en 1990 n’a pas été...