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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE Les enfants d’el-Qaëda : plus apprentis jihadistes que jeunes guerriers

L’utilisation d’enfants dans des conflits armés n’est pas un phénomène nouveau. Selon les chiffres de l’ONU, plus de 300 000 enfants-soldats, âgés de 9 à 17 ans, sont mobilisés dans plusieurs régions en situation de guerre à travers le monde. Mais si, dans des pays comme la Colombie, le Sri Lanka, la Somalie, le Tchad ou le Soudan, des enfants sont transformés en de redoutables machines de guerre, en Irak la situation est bien différente. Bien plus que de simples jeunes guerriers, les enfants qui sont enrôlés par la branche d’el-Qaëda en Irak se transforment en apprentis jihadistes, de véritables « bombes humaines ». En une semaine seulement, à Mossoul, deux attentats ont été perpétrés par des kamikazes de 15 ans. L’un des enfants s’est fait exploser lors de funérailles et l’autre dans une école. Mercredi dernier, le commandement américain en Irak dévoilait des vidéos montrant de jeunes Irakiens s’entraînant à des « opérations terroristes ». Sur ces cinq vidéos, saisies dans la province de Diyala, au nord de Bagdad, des enfants, âgés de 10 à 15 ans, brandissaient des armes de toutes sortes : pistolets, kalachnikovs et mitrailleuses PKM. Le visage masqué par des cagoules noires, ils sont montrés arrêtant un homme à bicyclette pour le prendre en otage, braquant leurs armes sur des automobilistes et prenant des maisons d’assaut sous les ordres de leurs instructeurs. L’un des enregistrements montre en outre un jeune garçon revêtu d’une ceinture d’explosifs. Pour expliquer ce phénomène, les autorités irakiennes et l’armée américaine ont affirmé qu’el-Qaëda se trouve actuellement dans une impasse en Irak et tente de changer de tactique sur le terrain en utilisant notamment des enfants kamikazes. S’il est vrai que le réseau d’Oussama Ben Laden n’a que récemment commencé à envoyer des enfants effectuer des attentats-suicide en Irak, la tactique de l’organisation terroriste destinée à enrôler des mineurs n’a rien de nouveau. En septembre 2006, l’organisation terroriste mettait en ligne un jeu vidéo destiné aux enfants et intitulé La nuit de la capture de Bush. Ce jeu, dont les effets graphiques sont d’une très haute résolution, consiste à traquer le président américain. Tout au long de sa recherche, le joueur va se munir de différents types d’armes et devra affronter des forces armées qui tenteront de l’empêcher de capturer George W. Bush. Un an plus tôt, en décembre 2005, le réseau d’el-Qaëda avait également diffusé sur des sites islamistes un dessin animé intitulé Terroriste, destiné à promouvoir les opérations-suicide auprès des enfants. Ce film de 5 minutes contient des scènes d’attentats perpétrés contre l’armée américaine en Irak ainsi que des scènes de combats acharnés entre des insurgés et des forces armées étrangères. Des islamistes, cités par le journal al-Hayat, ont salué la diffusion du film tout en lui reprochant de ne pas contenir assez de « versets coraniques incitant au jihad ». Un de ces islamistes a même proposé de faire une série de films destinés à la formation du jihadiste dès son plus jeune âge. « C’est un bon moyen pour former une nouvelle génération de jihadistes », avait-il affirmé au quotidien panarabe. Rania MASSOUD
L’utilisation d’enfants dans des conflits armés n’est pas un phénomène nouveau. Selon les chiffres de l’ONU, plus de 300 000 enfants-soldats, âgés de 9 à 17 ans, sont mobilisés dans plusieurs régions en situation de guerre à travers le monde. Mais si, dans des pays comme la Colombie, le Sri Lanka, la Somalie, le Tchad ou le Soudan, des enfants sont transformés en de redoutables...