Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Reportage Le commerce florissant de la beauté à Téhéran

Implants mammaires ? Extensions capillaires ? Bronzage artificiel ? Ziba a tout fait en République islamique d’Iran, où une femme ne peut montrer en public que son visage et ses mains, où les vêtements qu’elle porte doivent masquer les courbes de son corps. En Iran, le tchador ou le foulard est obligatoire en vertu de la charia imposée après la révolution de 1979. Les infractions sont passibles d’amendes, de coups de fouet ou d’emprisonnement. Mais cela n’empêche pas des femmes iraniennes de plus en plus nombreuses de recourir à la chirurgie esthétique. Des dizaines de centres de soins esthétiques fleurissent à Téhéran. Ziba, une étudiante en arts de 25 ans, s’est fait refaire le nez et les seins. « Maintenant, je veux être bronzée et plus séduisante », explique-t-elle en patientant dans la salle d’attente d’un salon de beauté du nord de la capitale. Fariba, une mère de famille de 34 ans, qui préfère taire son vrai nom, dit venir ici deux fois par semaine. « Porter le hijab (foulard) ne veut pas dire que nous nous fichons de notre allure. » Le salon compte jusqu’à quarante clientes par jour, en particulier pendant l’été où sont organisées des fêtes, déclare Sara, la gérante de l’établissement. « J’ai aussi certaines clientes qui portent le tchador (voile intégral). Elles veulent être jolies dans les fêtes privées.  Tout commerce lié à l’apparence des femmes rapporte de l’argent. Nous offrons des services comme le massage, le bronzage et le nettoyage facial. » Dans un pays où les amoureux non mariés n’ont pas le droit de se fréquenter et les femmes doivent respecter strictement le code vestimentaire islamique, la dentiste Shokoufeh Molai dépense environ 1 000 dollars par mois pour son apparence. « Je dois paraître fraîche et belle pour préserver mon mariage », souligne cette femme de 35 ans, qui paie 11 dollars la séance de bronzage. Ressembler à Angelina Jolie Tout en s’appliquant sur le visage une crème spéciale à 250 dollars, Molai critique au passage une législation iranienne trop défavorable aux femmes. La loi permet aux hommes d’épouser quatre femmes à titre permanent et de prendre autant d’épouses « temporaires », par des contrats religieux qui peuvent durer de quelques heures à plusieurs années. Les femmes qui contractent des mariages temporaires sont des veuves ou des divorcées. Les femmes, par contraste, doivent demander l’autorisation de leur mari pour travailler ou voyager à l’étranger, et leur droit au divorce ou à la garde des enfants est plus restreint. Mais la proportion de femmes diplômées en Iran est plus forte que chez les hommes, et les Iraniennes ont davantage de droits que dans beaucoup d’autres pays du Moyen-Orient. Beaucoup de femmes gèrent leur propre affaire ou occupent des postes à responsabilité. Elles peuvent exercer pratiquement tous les métiers, à l’exception de celui de magistrat ou de président de la République. Pour la sociologue Mahtab Sarvari, le nombre croissant de femmes iraniennes ayant recours aux soins esthétiques participe d’un effort plus global pour améliorer leur place au sein de la société. « Les femmes iraniennes sont de plus en plus indépendantes. Faire attention à leur allure entre dans ce processus », dit-elle. La chirurgie esthétique n’est en outre pas le privilège des plus riches. Des familles à revenu plus modeste sont aussi concernées. « Cela me donne confiance d’avoir un joli visage car c’est la seule partie de mon corps que je peux montrer », explique Hasti, une mère au foyer de 30 ans, qui a vendu sa voiture 5 000 dollars pour se faire refaire le nez. « Les femmes de toutes les couches de la société veulent effacer leurs rides. Cela coûte environ 200 dollars », déclare la chirurgienne Mitra Khalili. Une opération des seins, qui peut coûter jusqu’à 10 000 dollars, reste hors de portée de la classe moyenne, souligne toutefois un chirurgien qui souhaite rester anonyme. « Mais je fais au moins deux opérations des seins par jour. » Les implants capillaires sont un autre moyen de rester jeune et jolie. Le Jam-e Jam Hair Club propose pour près de 1 000 dollars des extensions capillaires à « celles qui veulent ressembler à des célébrités occidentales ». « Je ressemble à Angelina Jolie maintenant. Des cheveux plus longs et plus épais sont signe de beauté », se réjouit Maryam, 25 ans, fille d’un homme d’affaires. Parisa Hafezi (Reuters)
Implants mammaires ? Extensions capillaires ? Bronzage artificiel ? Ziba a tout fait en République islamique d’Iran, où une femme ne peut montrer en public que son visage et ses mains, où les vêtements qu’elle porte doivent masquer les courbes de son corps.
En Iran, le tchador ou le foulard est obligatoire en vertu de la charia imposée après la révolution de 1979. Les infractions...