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Actualités - CHRONOLOGIE

Des camps d’été et des clubs pour promouvoir la culture de la paix Depuis sept ans, le PNUD mise sur la convivialité des jeunes Patricia KHODER

Ils sont jeunes, ils sont originaires du Liban-Sud, ils appartiennent à diverses communautés religieuses libanaises et ils défendent la convivialité. Toutes les années, depuis l’été 2000, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) organise des camps d’été pour encourager les jeunes de divers bords à se connaître et à s’accepter. Tout au long de l’année, des activités sont également organisées dans ce même but. Pour clôturer le septième camp d’été, le PNUD a organisé une journée à Aïn Ebel, qui a rassemblé 400 jeunes, venus de tous les villages du Liban-Sud. Les activités destinées aux jeunes au Liban-Sud ont pour but de développer chez eux le sentiment de citoyenneté et d’appartenance, et de leur créer un espace de liberté leur permettant de déclencher le dialogue entre eux. Prenant la parole lors de l’événement qui s’est déroulé à Aïn Ebel, la représentante permanente du PNUD au Liban, Mona Hammam, a souligné que « le programme destiné aux jeunes vise à les encourager à résoudre les conflits de façon pacifique et à les inciter à travailler ensemble loin des dissensions politiques ». Lors de cette journée destinée aux jeunes, Mme Hammam, aidée de Mohammad Mokalled, chef des projets du PNUD au Liban-Sud, a remis des diplômes aux jeunes qui ont pris part au camp d’été. De son côté, Mireille Karaki, responsable du programme destiné aux jeunes dans la zone anciennement occupée, a indiqué que depuis 2000, 32 clubs de jeunes ont été créés. Ces clubs ont été mis en place en coopération avec les municipalités. Au début, des centres informatiques ont été aménagés. Au fur et à mesure, des thèmes ont commencé à être traités avec les jeunes, notamment la résolution pacifique des conflits, la non-violence, la communication, et le développement des sentiments d’appartenance et de citoyenneté. Mettant l’accent sur l’importance du travail effectué, la responsable a indiqué que le PNUD a suivi des jeunes depuis sept ans déjà. Leur nombre s’élève à environ 1 000 personnes. Certains d’entre eux, après avoir terminé leurs études, ont quitté le pays pour s’établir ailleurs, notamment dans les pays arabes. « Le travail n’était pas facile au début, mais les choses se sont améliorées et les activités ont eu un effet boule de neige, touchant de plus en plus de jeunes, âgés de 16 à 25 ans », a-t-elle conclu. Ainsi, d’autres villages ont voulu avoir leur club de jeunes et leur camp d’été supervisé par le PNUD. C’est dans ce cadre que Nabatiyeh et Habbouche ont pris part pour la première fois aux activités qui ont eu lieu cet été. Sceptiques et réalistes Les jeunes ayant participé à la journée de rencontre tenue à Aïn Ebel veulent tous croire en un Liban meilleur, en un pays qui connaîtra un jour la paix. Et pourtant, malgré leur jeune âge, leur espoir et les efforts qu’ils déploient sur le plan personnel, ils sont pour la plupart sceptiques. Cela se traduit par les phrases ou les pensées qu’ils formulent. Hana, de Kfarremmane, village chiite et majoritairement communiste du Liban-Sud, croit à la convivialité. Mais elle estime que « cette convivialité n’est pas tout le temps de mise. Au Liban, il y aura toujours quelqu’un qui ne respectera pas l’autre ». Ahmad, également de Kfarremmane, souligne que « les communautés au Liban seront toujours divisées. Les responsables politiques et les chefs religieux joueront toujours sur la fibre communautaire pour mobiliser la population ». Ali est originaire de Kfarkila. Il a 21 ans et il est chiite. Il joue de la musique avec des amis appartenant à d’autres communautés. En été, il se rend souvent « à Hasbaya, où il y a des druzes et des chrétiens », raconte-t-il. « Nous sommes obligés de vivre ensemble. Nous n’avons pas le choix », martèle-t-il. « Les camps et les clubs mis en place par le PNUD m’ont appris à avoir confiance en moi et à privilégier la convivialité. Je me suis fait des amis d’autres communautés que la mienne », dit-il. Des jeunes gens, appartenant tous à la communauté druze et originaires notamment de Mari et de Aïn Jarfa, sont installés un peu plus loin. Rami, 17 ans, indique : « Nous apprenons la convivialité dans les camps. Nous avons tissé des amitiés avec des personnes appartenant à d’autres communautés. Mais il faut être réalistes : par les temps qui courent, il n’y a pas de véritable convivialité. N’empêche que nous sommes solidaires des autres communautés. L’exemple le plus plausible est celui de la guerre de juillet dernier, quand tout le monde a été solidaire de la communauté chiite… même si certains ne nous ont pas remerciés plus tard. » Tayssir, 27 ans, qui est peut-être le seul à croire que les choses s’amélioreront dans le pays, met l’accent sur le travail des ONG et de la communauté internationale au Liban-Sud, soulignant qu’elles encouragent les habitants des localités à travailler ensemble et à s’accepter. « Les Libanais doivent apprendre à vivre ensemble, c’est ainsi qu’ils dépasseront les problèmes », dit-il, espérant que les choses changeront petit à petit. Ihab, 18 ans, est pessimiste. Il affirme : « Nous ne vivons pas et nous ne vivrons jamais en paix. Et ce n’est pas la faute aux Israéliens, c’est à cause des conflits internes. Au Liban, l’histoire se répète inévitablement. » Susanne a 18 ans ; elle est maronite originaire de Qleya. Elle soutient la convivialité, parle de ses amis musulmans qui viennent lui rendre visite à Noël et des iftars du ramadan qu’elle partage avec eux. Elle dit qu’elle a plus d’amis musulmans que chrétiens. Elle dénonce le racisme et le communautarisme. « Le Liban va vers une crise, mais nous devons lutter et nous parviendrons à changer les choses », dit-elle. Épousera-t-elle plus tard un musulman ? Susanne est catégorique : « Non, parce que je suis quelqu’un de croyant ; je préfère donc me marier à quelqu’un de ma propre communauté », indique-t-elle. Charbel et Hassan Hassan est originaire de Tebnine. Il est chiite et il a 23 ans. Depuis sept ans, il participe aux camps et aux activités du PNUD au Liban-Sud. « J’ai beaucoup évolué grâce au PNUD. J’ai rencontré des personnes qui ne font pas partie de ma communauté ni de mon milieu », dit-il. Hassan parle de son meilleur ami, celui qu’il a rencontré lors des camps du PNUD : Charbel, de Aïn Ebel. « Dans nos villages respectifs, les gens nous prennent en exemple. L’été, nous nous voyons souvent, et l’hiver, nous nous appelons au téléphone parce que chacun de nous vit dans une partie différente de Beyrouth. Nous pouvons parler de tous les sujets. Même les plus tabous, c’est-à-dire nos leaders politiques respectifs… Chaque été, je viens chez lui au village pour fêter la Saint-Charbel. » Hassan croit à la convivialité et sait qu’il restera pour la vie ami avec Charbel, mais il peut aussi, dans l’avenir, arrêter de le voir. Il explique : « Nous pouvons rester amis, mais séparés physiquement. C’est comme ça que les gens de communautés différentes ont vécu durant la guerre civile… Mais quoi qu’il arrive dans l’avenir, je sais que Charbel restera mon ami. » Kamal, 17 ans, est chiite de Habbouche. Il ne parle pas des problèmes entre chrétiens et musulmans, mais entre les chiites et les sunnites. « À la maison, nous n’étiquetons jamais les gens “un tel est sunnite” ou “un tel est chiite”. Mon oncle est marié à une sunnite et le mari de ma nièce est sunnite lui aussi. Ils sont gentils, nous n’avons pas de problèmes avec eux. Bien qu’ils ne reconnaissent pas l’imam Ali, nous passons du temps avec eux », dit-il. Ali, 22 ans, chiite de Arnoun, dénonce la culture de la haine et rêve du jour où les Libanais s’accepteront. Il raconte que lui, « qui habite la banlieue sud en hiver, (est) sorti avec une fille de la communauté maronite, qui habite Achrafieh et qui est originaire de Bécharré ». « C’était mon premier amour. Je l’ai rencontrée sur Internet et puis les choses ont évolué. Je lui ai même rendu visite une fois dans son village », dit-il. Mais Ali sait que les choses ne changeront pas au Liban, que « nous resterons tous prisonniers de nos communautés. Culturellement, les sunnites détesteront les chiites, et les chiites détesteront les Forces libanaises et ainsi de suite ». Dans l’exemple qu’il a donné, Ali a confondu communautés religieuses et partis politiques, les Forces libanaises n’étant pas bien sûr une communauté religieuse. C’est peut-être un signe qu’au Liban, beaucoup de travail doit encore être effectué pour éviter toutes sortes de malentendus qui peuvent se transformer en crise, dans ce pays si fragile.
Ils sont jeunes, ils sont originaires du Liban-Sud, ils appartiennent à diverses communautés religieuses libanaises et ils défendent la convivialité. Toutes les années, depuis l’été 2000, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) organise des camps d’été pour encourager les jeunes de divers bords à se connaître et à s’accepter. Tout au long de l’année, des...