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Actualités - CHRONOLOGIE

Partisans et proches se sont retrouvés par centaines, place Sassine, hier Kataëb et Forces libanaises célébrent le 25e anniversaire de l’élection de Béchir à la présidence Patricia KHODER

Le 23 août 1982, Béchir Gemayel, chef des Forces libanaises, était élu président de la République. Mais Gemayel n’a pas entamé son mandat, il a été assassiné trois semaines plus tard, dans son fief d’Achrafieh. Achrafieh, ses Kataëb et ses Forces libanaises, tout comme les proches de Béchir Gemayel sont restés fidèles à la mémoire du président assassiné. Il y a certes la messe et la procession du 14 septembre, mais il y a aussi, depuis deux ans, la cérémonie de l’éclairage de la flamme et de l’affichage d’un portrait géant chaque 23 août. Pour Nadim Béchir Gemayel, aussi bien que pour sa sœur Youmna, qui ont allumé hier « la flamme de la liberté » devant le monument dédié à Béchir Gemayel et aux martyrs des Forces libanaises, le 23 août devrait être « la commémoration d’une victoire ». « L’élection de Béchir Gemayel a constitué un espoir pour le Liban parce qu’il avait été élu président de tout le pays », indique Youmna Gemayel. Nadim explique de son côté que « le 23 août 1982 a constitué une victoire pour les chrétiens du Liban, pour la démocratie et pour la liberté. Béchir n’a jamais voulu servir ses propres intérêts, ou ceux d’une confession. Il voulait le Liban avant tout ». Hier, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées pour l’occasion place Sassine. Il y avait des Kataëb, des Forces libanaises, des jeunes et des moins jeunes. Beaucoup d’entre eux sont venus avec leurs drapeaux. Comme chaque année, les lieux étaient décorés de banderoles portant des citations de Béchir Gemayel telles que : « Nous sommes les saints et les diables de cet Orient. Nous sommes sa lumière et son feu », ou des slogans comme « 23 août 1982, la victoire du Liban avant tout ». Certains se souviennent comment cette victoire avait été célébrée, il y a 25 ans, place Sassine. Georgette a une jambe dans le plâtre. Elle est entourée de ses deux enfants. Élie, 6 ans, porte un tee-shirt des Kataëb, et Nour, 10 ans, arbore un haut au drapeau des FL. « J’avais 10 ans, l’âge de ma fille, en 1982. Quand Béchir Gemayel a été élu, je suis venue faire la fête avec mon frère aîné » place Sassine. Un peu plus loin, Antoinette 16 ans, dit qu’elle est Kataëb. Pour elle, c’est normal d’assister à la commémoration. « Béchir Gemayel a été élu pour tout le Liban. Il allait œuvrer pour la paix… Et puis mon oncle est mort comme lui, pour la même cause, trois mois après son assassinat. Il combattait à la Montagne. Vous savez, chez moi, on parle aussi bien de Béchir que de mon oncle. » Georges et Joseph sont debout, à côté de la jeune fille. Georges porte en bandana, sur la tête, le drapeau FL. « J’avais 24 ans durant la guerre d’Achrafieh, en 1978. J’ai participé aux combats contre les Syriens. Nous avons combattu. Nous avons édifié les véritables bases de la résistance. » Joseph, qui a participé à divers « rounds » de combats, notamment à Furn el-Chebback et Aïn el-Remmané, depuis 1975, s’exclame : « Si Béchir Gemayel était resté vivant et avait véritablement accédé à la présidence, plus personne n’aurait osé brandir un simple canif. » Intègre, ferme et transparent Élie Abi Tayeh, responsable des affaires sociales au sein des FL, indique : « Béchir Gemayel était intègre, ferme et transparent. Quand il a été élu, lui, chef des FL, n’avait pas les moyens de se payer des costumes. Tout aurait changé, s’il était resté vivant. Quelques jours après son élection, nous avons reçu un coup de fil d’une administration à Jounieh. Ils nous demandaient des bureaux supplémentaires pour les fonctionnaires. Certains d’entre eux ne s’étaient pas présentés au travail depuis le début de la guerre en 1975. Ils sont venus au bureau, sans que personne ne les convoque, après l’élection de Béchir. » Joseph Nehmé, responsable des relations extérieures FL, note de son côté que « Béchir Gemayel était un président et un militant. Sa cause et sa vision du Liban sont toujours d’actualité ». Un peu plus loin, Pierre, qui est venu avec sa femme et qui avait 11 ans quand Gemayel a été élu, porte sa fille Zeina, trois ans, sur les épaules. « C’est important que nous soyons là aujourd’hui, surtout pour ma fille. Pour qu’elle sache une fois pour toutes et qu’elle se souvienne, quand elle sera adulte, que cette terre est bien la sienne », dit-il. Un autre homme, un proche de Béchir Gemayel, tient le même discours. Serge Abou Halka, neveu du président assassiné, est venu avec son fils Joe, 9 ans, et un ami, Imad Dagher. Imad indique qu’il est là pour « commémorer un événement très important de l’histoire du Liban, que certains tentent actuellement de travestir ». De son côté, Serge, qui avait 18 ans quand son oncle a été assassiné, explique que « c’est un rituel de commémorer cet événement. Ce n’est plus une question familiale ». Serge veut aussi prouver que « les assassinats et la violence ne servent à rien et ne pourront pas tuer notre volonté de vivre dignement ». C’est un peu aussi l’assassinat du ministre Pierre Gemayel, le 21 novembre dernier, qui a poussé Abou Halka à amener son fils pour la première fois place Sassine pour ce genre de cérémonies. « Je veux qu’il se souvienne de cet événement quand il sera adulte. Je veux que mon fils soit conscient des valeurs nationales », explique-t-il. Hier également, Samy Amine Gemayel et Michel Mekattaf, beau-frère du ministre assassiné l’année dernière, étaient présents, place Sassine, pour l’affichage du portrait de Béchir Gemayel. C’est sous les applaudissements et les feux d’artifice lancés en plein jour que le portrait géant en noir et blanc d’un Béchir Gemayel souriant et charismatique a été accroché. Nadim et Youmna Béchir Gemayel ont ensuite allumé « la flamme de la liberté ». Un clip d’une vingtaine de minutes marquant les étapes importantes de l’été 1982, allant du jour de la candidature de Béchir Gemayel à la présidence jusqu’à la date de son assassinat a été projeté. Béchir Gemayel parle d’un Liban libre, d’une armée forte, de transparence, d’un Liban sans corruption et pots-de-vin, d’un État moderne. Le film montre des images de la célébration de l’élection, les images d’une communauté faisant la fête, d’un peuple qui a cru à tort que la guerre était finie, que le pays allait connaître des jours meilleurs. Le film s’achève sur un Béchir Gemayel, président élu, donnant rendez-vous à ses camarades Kataëb d’Achrafieh, tous les mardis à 16 heures à la permanence située non loin de la place Sassine… C’est à cet endroit, vers 16 heures, que Béchir Gemayel a été assassiné, le 14 septembre 1982, trois semaines après son élection. Une marche aux flambeaux a suivi jusqu’au lieu de l’assassinat.
Le 23 août 1982, Béchir Gemayel, chef des Forces libanaises, était élu président de la République. Mais Gemayel n’a pas entamé son mandat, il a été assassiné trois semaines plus tard, dans son fief d’Achrafieh. Achrafieh, ses Kataëb et ses Forces libanaises, tout comme les proches de Béchir Gemayel sont restés fidèles à la mémoire du président assassiné. Il y a certes la...