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Actualités - OPINION

Le droit a la vie Karen AYAT

Un besoin étrange m’envahit depuis quelques jours. Celui de parler. Je ressens l’urgence de manifester mon point de vue dans un chaos qui ne l’apprécierait pas forcément. J’ai quelque chose à dire, un message important à partager. J’ai en moi la conviction de devoir tenter, à ma manière, par mes modestes moyens, de sauver une société qui souffre ou du moins les jeunes qui, comme moi, ne sont plus heureux en cette période politiquement instable. Je suis entourée de personnes compétentes, d’élèves qui ont la soif de comprendre et celle de réussir, qui veulent aller au bout de leurs études, qui fondent leurs opinions et tendances sur des arguments logiques et convaincants, qui possèdent l’éloquence de la parole et l’élégance du geste, qui dépassent les différences de religions et d’appartenances pour former une véritable société pacifique de qualité. Je suis entourée de jeunes qui constitueront un jour, sans doute, l’élite du savoir. La nouvelle génération n’est plus passive et réceptrice, mais actrice et sélective. Les jeunes aujourd’hui ne subissent plus. Ils agissent. Notre jeune société est fondée sur le dialogue et le partage. Les conflits ne sont pas inexistants, mais ils sont canalisés par des valeurs qui nous sont propres comme le respect de l’autre, le droit à la différence, la liberté de l’expression… Nous sommes, nous les jeunes, à la recherche du savoir et du bien-être social. Nous sommes avides de justice, de connaissance, de sécurité, d’espoir, d’égalité, de prospérité, d’expansion. Nous voulons vivre dans un pays conforme aux modèles que nous étudions, un pays démocratique où seraient protégés les droits de l’homme, où l’individu aurait le droit de vivre comme il l’entend toujours dans le respect des libertés des autres, où l’État serait l’autorité supérieure qui veillerait au maintien de l’ordre et à la sécurité de tous les citoyens, où les individus seraient sans discrimination égaux devant la loi, dans lequel le pouvoir aurait pour seule et unique fonction la représentation de tous les citoyens et la réalisation d’un but d’intérêt général. Nous connaissons les principes et nous savons les appliquer. Nous sommes jeunes. Mais nous sommes conscients de nos droits et de nos obligations. Nous sommes dégoûtés d’assister sans cesse à un conflit d’intérêts. Nous sommes révoltés de voir que les hommes au pouvoir favorisent leurs intérêts privés. Nous sommes attristés de réaliser que le duel qui s’installe entraîne une paralysie du pouvoir et que l’absence d’une autorité véritable fait naître le désordre, la peur, la panique et le retard dans le travail. Nous ne voulons pas imaginer un avenir ailleurs. Ce pays est le nôtre. Ce que nous vous demandons, vous qui luttez sans cesse pour le pouvoir sous le signe de la liberté ? Ce que nous vous demandons, vous qui prétendez sauver la patrie pour justifier vos actes impardonnables ? Nous vous demandons du silence. Nous ne voulons rien d’autre que la sécurité et la tranquillité qui nous manquent depuis quelque temps. Nos besoins sont modestes. Nos demandes sont légitimes. Nos revendications sont minimes. Nous voulons que vous nous accordiez la possibilité de mener une vie normale, nous réclamons le droit d’étudier et de travailler sans interruption imposée, nous exigeons que nos libertés soient protégées. Nous nous dirigeons vers vous qui êtes au pouvoir pour que vous exécutiez vos obligations les plus élémentaires, à savoir maintenir l’ordre et la cohésion sociale. Nos avenirs sont incertains. Nos projets restent flous. Nous ne pouvons avoir la prétention de programmer à l’avance les années qui suivent. Nos vies sont en suspens. Nous avons, nous les jeunes, appris des péripéties constantes. Nous ne pouvons désormais suivre un parti quelconque ou un homme qui prétend une énième fois travailler pour le bien de tous. Nous avons perdu confiance en vous. Nous voulons simplement une société instruite et cultivée à l’image de celle que nous construisons spontanément et naturellement dans nos écoles et nos universités. Nous voulons un environnement sain et une ambiance épanouissante qui ferait sortir de chacun de nous ce qu’il a de mieux à offrir à ce pays. Nous avons le potentiel et la volonté de réussir pour faire resplendir l’image de notre pays. Mais nous restons impuissants et vulnérables face à des hommes au pouvoir qui perdent la raison et le contrôle. Nous sommes quelquefois entraînés dans des courants de masse qui banalisent nos pensées et abolissent nos qualités. Nous sommes malheureusement quelquefois contaminés. Je connais bien mes amis. Je connais bien les membres de cette petite société que nous formons. Je sais de quoi elle est capable. Je sais qui nous sommes, nous les jeunes d’aujourd’hui. Nous sommes ce que vous ne serez jamais. N’essayez pas de nous entraîner. Nous sommes désormais très bien informés. Nous formons, dans nos différences et nos divergences culturelles, religieuses, politiques, le meilleur exemple de la liberté. Nous existons. Et nous exigeons aujourd’hui la reconnaissance de notre existence et le respect de celle-ci. Nous exigeons le droit à la vie. Article paru le Lundi 25 Décembre
Un besoin étrange m’envahit depuis quelques jours. Celui de parler. Je ressens l’urgence de manifester mon point de vue dans un chaos qui ne l’apprécierait pas forcément. J’ai quelque chose à dire, un message important à partager. J’ai en moi la conviction de devoir tenter, à ma manière, par mes modestes moyens, de sauver une société qui souffre ou du moins les...