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Les poupées anciennes, un rêve et un placement pour les collectionneurs

Chargées de toute l’affection que leur portaient les petites filles du second Empire, les poupées de porcelaine sont aujourd’hui des objets de collection et de placement dont les prix retrouvent peu à peu, pour les plus rares, les sommets atteints dans les années 90. « Acheter une poupée ancienne à tête de porcelaine et aux yeux d’émail répond le plus souvent à un coup de cœur, donc à un investissement “sentimental”», explique à l’AFP François Theimer, spécialiste de la poupée ancienne. « Mais cet investissement peut devenir un véritable placement de long terme si la poupée est d’une qualité exceptionnelle, signée Bru, Thuillier ou Émile Jumeau », ajoute-t-il. Pour quelques-unes des plus belles pièces, produites dans les années 1880 par les fabricants parisiens les plus réputés, les amateurs sont prêts à débourser 20 000 euros. Voire plus. « En septembre, j’ai adjugé pour un collectionneur belge une Halopeau pour 62 000 euros », confie Jean-Pierre Lelièvre, qui tient le marteau à la Société des ventes volontaires spécialisée dans les jouets à Chartres. Si la somme semble élevée, elle reste en deçà des 400 000 francs (66 000 euros) déboursés en 1987 par un amateur pour une Thuillier. Sept ans plus tard, ce minois en biscuit rose pâle (porcelaine non émaillée) avait du mal à trouver preneur à 180 000 francs. Il y a une douzaine d’années, une « allemande » signée Kemmer und Reinhardt de 1909 a établi un record mondial à 188 500 livres chez Sotheby’s à Londres. Cette demoiselle a sans doute traversé l’Atlantique, les riches héritières américaines collectionnant depuis des dizaines d’années les plus beaux modèles français et allemands. Margaret Woodbury-Strong, actionnaire d’Eastman-Kodak, avait dans les années 60 construit un musée à Rochester pour ses 18 000 poupées. « Aujourd’hui, après la crise économique des années 90, le marché est assaini, animé encore et toujours par les Américains (les plus importants collectionneurs de poupées anciennes), mais aussi par les Hollandais, les Allemands et les Français », constate M. Lelièvre. À chaque vente, cinq dans l’année à Paris, « je dégage un chiffre d’affaires de 250 000 à 350 000 euros, dont 80 % réalisés par la clientèle étrangère», confie M. Theimer. «Aujourd’hui, les bébés de porcelaine sont proposés à leur juste valeur, entre 1500 et 3000 euros pour des “Jumeau” (nom du fabricant) et entre 5000 et 9000 euros pour les “Bru” parisiennes, les élégantes de la fin du XIXe siècle», dit-il. Les professionnels sont formels : seules les pièces exceptionnelles peuvent être considérées comme un véritable placement. Elles doivent être parfaites, exemptes d’un « fêle » qui leur fait perdre entre 50 et 70 % de leur valeur. La France compte également des amateurs passionnés, notamment l’actrice Catherine Deneuve. Figuraient aussi parmi les collectionneurs le chanteur Serge Gainsbourg et la galeriste Dina Vierny, qui fut modèle du sculpteur Maillol ou du peintre Matisse. Ces artistes ont suivi les conseils de l’antiquaire Robert Capia qui, à la fin des années 50, a été le premier à découvrir à Avignon ces figures poupines, au teint pâle légèrement rosé, aux yeux d’émail et aux bouches fermées (les plus onéreuses) ou ouvertes. Allemande ou française, la poupée a connu son âge d’or dans la seconde partie du XIXe siècle à Paris dans le quartier des Halles qui comptait plus d’une centaine de fabricants emmenés par un « sextuor » prestigieux : Jumeau, Thuillier, Bru, Schmitt, Steiner, Gaultier. En 1899, ces maisons artisanales ont arrêté leur activité pour se fondre dans la SFBJ qui créera en 1905 la Bleuette. La maison fermera ses portes en 1957. Françoise MEDGYESI (AFP)

Chargées de toute l’affection que leur portaient les petites filles du second Empire, les poupées de porcelaine sont aujourd’hui des objets de collection et de placement dont les prix retrouvent peu à peu, pour les plus rares, les sommets atteints dans les années 90.
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