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Plus de 800 études présentées à la conférence annuelle de la Naaso L’obésité, une épidémie qui touche 300 millions d’adultes dans le monde

D’un simple problème esthétique, l’obésité s’est transformée de nos jours en une épidémie qui touche au moins 300 millions d’adultes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui souligne dans un rapport que le nombre d’adultes en surpoids (un milliard) est supérieur à celui des personnes souffrant de malnutrition (800 millions). Le problème ne se présente pas sous un meilleur jour chez les enfants. Selon l’OMS, 22 millions d’enfants de moins de 5 ans affichent en fait un surpoids dans le monde. Des constats certes alarmants qui incitent les chercheurs à multiplier les efforts pour mettre au point de meilleurs traitements et mesures préventives pour prendre en charge l’obésité qui, rappelons-le, demeure l’une des principales causes de maladies chroniques, principalement le diabète de type 2, les pathologies cardio-vasculaires, l’hypertension, les accidents vasculaires cérébraux, ainsi que certaines formes de cancer. Les résultats des recherches ont ainsi été présentés récemment à Boston, aux États-Unis, dans le cadre de la conférence annuelle de la North American Society for the Study of Obesity (Naaso), une association de scientifiques américains créée en 1982 pour étudier ce phénomène qui affecte aujourd’hui un tiers de la population américaine adulte, soit plus de 60 millions de personnes. Sans oublier les enfants américains dont 30 % sont déjà obèses ou en passe de le devenir. Rappelons, dans ce cadre, qu’une personne est considérée obèse lorsque son indice de masse corporelle (IMC ou BMI), calculé en divisant son poids (en kg) par le carré de sa taille (en mètre), est supérieur à 30. Elle est en surpoids si son IMC est compris entre 25 et 30. Deux mille chercheurs se sont ainsi réunis pour faire le point sur les traitements et la prévention de l’obésité dans le cadre de cette conférence, au cours de laquelle quelque 250 nouvelles études sur un total de 800 ont été mises en avant. Elles portent essentiellement sur les découvertes biologiques pour les traitements, les opérations chirurgicales, leur efficacité, leurs coûts et les économies qu’elles peuvent représenter pour la société, ainsi que sur les comportements alimentaires et l’hygiène de vie, ainsi que sur les causes et les conséquences psychologiques et physiques associés à l’obésité, le stress, le manque de sommeil, la dépression ou les douleurs chroniques, à titre d’exemple. La taille des platées de macaronis au fromage, le rythme des bouchées, la distance parcourue pour aller à l’école… autant d’indices pouvant expliquer l’obésité pédiatrique – phénomène qui touche 12,5 millions d’enfants et d’adolescents américains – ont ainsi été disséqués avec ferveur par les chercheurs sur l’obésité, qui ont présenté pas moins de 200 études scientifiques dans ce cadre. Les résultats ont montré qu’un enfant en surpoids entre 10 et 14 ans, avec au moins un de ses parents trop gros, a 79 % de risques de le rester à l’âge adulte. Sachant que dans l’enfance, le surpoids touche plus les garçons (32,7 %) que les filles (27,8 %), mais ces dernières rattrapent les garçons à l’adolescence (autour de 30 % pour les deux sexes). Le macaroni et fromage, plat favori des enfants a, à son tour, été disséqué. Les études ont joué sur la taille et l’apport calorique beurré ou non des portions. Les études des universités de Houston (Texas) et de Pennsylvanie ont doctement démontré que les enfants à qui l’on présentait des assiettes plus volumineuses ou plus denses en calories mangeaient plus et incorporaient davantage de calories. La gourmandise paraît uniformément partagée et un macaroni plus gras n’invite pas à en manger moins. D’autres chercheurs se sont penchés sur les habitudes d’hygiène de vie des enfants et adolescents. Obésité et cancer du sein Plusieurs autres études ont montré que l’obésité des femmes après la ménopause augmente le risque de développer un cancer du sein. Si l’on continue à prendre du poids après 50 ans, on accroît encore le risque d’en mourir, précisent les études, qui montrent, par ailleurs, que les femmes qui ont gagné 20 kilos ou davantage après 18 ans ont deux fois plus de chances de développer un cancer du sein que celles dont le poids est resté stable. On a cru longtemps qu’un surcroît de poids protégeait du cancer du sein, mais des études récentes ont montré que ces cancers sont plus mortels. Une femme obèse survie moins bien à un cancer du sein. La situation s’aggrave après la ménopause, époque où la femme obèse « a 75 % de risques supplémentaires de contracter un cancer du sein ». Continuer à grossir est dangereux. « Beaucoup de femmes se disent “peu importe si je prends encore des kilos, je suis déjà grosse”, constate Marilie Gammon, de l’Université de Caroline du Nord. Mais en fait, ce n’est pas bon. Vous risquez d’en mourir si vous êtes diagnostiquées avec un cancer du sein. » En revanche, de récents travaux montrent aussi que les femmes qui ont une activité physique, même modeste, au moment de l’apparition du cancer, ont plus de chances d’y survivre. « Le message à faire passer est de maintenir une activité physique », ajoute Mme Gammon, qui estime que « le cancer du sein est un bon élément de motivation » pour encourager les femmes à changer leur hygiène de vie. « Les femmes en ont peur et en comprennent mieux les risques que si on leur parle de cancer du côlon ou du rein » dont la fréquence est aussi associée à l’obésité. Et si c’était un virus ? Parmi cette kyrielle d’études, deux seulement se sont penchées sur la thèse du virus de l’obésité, mise en avant dans des études sur des humains en 2005, et selon laquelle l’adénovirus Ad-36 accroîtrait l’accumulation de graisse sans augmenter l’appétit. « On nous prend moins pour des fous. La résistance fléchit et les données s’accumulent, mais il y a encore peu de recherches », admet le Dr Richard Atkinson, ancien professeur de médecine à l’Université du Wisconsin, qui a fondé son propre centre de recherches, Obetech Obesity, à Richmond, en Virginie. Avec le Pr Nikhil Dhurandhar, un chercheur indien de Bombay qui avait été frappé en Inde par le décès de milliers de poulets qui devenaient trop gros, il a commencé à travailler la piste virale à la fin des années 1990. « Nous avons infecté des poulets, des souris et des singes et montré qu’ils devenaient gras », raconte-t-il. Une étude publiée ensuite dans l’International Journal of Obesity en 2005, portant sur un échantillon de 500 personnes, a montré que 30 % des obèses étaient infectés par la version humaine de ce virus. L’Ad-36, une des quelque 50 formes existantes de l’adénovirus, « touche le cerveau et vous n’avez pas besoin de manger plus pour devenir gros », affirme le Dr Atkinson. Intimement persuadé de la virulence de ce virus dans l’épidémie d’obésité qui touche le monde entier, ce professeur admet qu’« il existe aussi de multiples raisons pour lesquelles on devient obèse », depuis l’héritage génétique jusqu’à l’hygiène de vie. « Mais si certains deviennent obèses à cause d’un virus, cela veut dire qu’on peut trouver un vaccin », affirme-t-il alors qu’il a mis au point un test – trop onéreux pour l’instant pour être répandu (450 dollars) – déterminant si l’on est porteur d’anticorps à ce virus. La théorie du virus « suscite une curiosité croissante », assure le Dr Atkinson, qui se dit certain qu’« on atteindra bientôt un point où il y aura une explosion de l’intérêt et des recherches » sur l’adénovirus-36. Sur le plan chirurgical, deux opérations sont de plus en plus répandues : le pontage gastrique, procédure standard aux États-Unis, où l’on court-circuite une partie de l’estomac et de l’intestin grêle, et la gastroplastie, une opération réversible et plus fréquente en Europe où un anneau est posé sur l’estomac. La Naaso, qui estime que l’obésité et les maladies qui y sont souvent associées raccourcissent l’espérance de vie de cinq à huit ans, s’est enfin penchée sur l’importance de la marche et a présenté de nouvelles méthodes de contrôle de régimes par l’Internet.
D’un simple problème esthétique, l’obésité s’est transformée de nos jours en une épidémie qui touche au moins 300 millions d’adultes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui souligne dans un rapport que le nombre d’adultes en surpoids (un milliard) est supérieur à celui des personnes souffrant de malnutrition (800 millions). Le problème...