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Actualités - OPINION

LE POINT Boulet républicain

Image d’une Amérique qui ne cessera jamais de secouer le cocotier mondial, plus d’un siècle et demi après avoir étonné un aristocrate français nommé Alexis de Tocqueville : le Minnesota pourrait fort bien être représenté demain par un congressman noir, converti à l’islam. Question que se pose aujourd’hui cette même Amérique, sans le moindre état d’âme : et si le président , en 2008, devait être l’honorable Barack Obama, seul sénateur noir en fonctions, né à Honolulu d’un père kényan et d’une mère originaire de Wichita (Kansas), élevé à Djakarta et diplômé de Harvard ? Bien sûr que les États-Unis ne sauraient se résumer à ces deux noms. Il n’empêche : à l’ère de George W. Bush et de ses conseillers (pas tellement) évangéliques, il est réconfortant de constater à quel point ce presque continent recèle une capacité de renouvellement susceptible de servir de modèle à des systèmes menacés de nécrose politique. Dans six semaines, les Américains devront se rendre aux urnes pour sacrifier à la sacro-sainte tradition électorale des midterm, la consultation organisée à mi-parcours du mandat présidentiel. Ainsi, mardi 7 novembre, les 435 sièges de la Chambre des représentants seront renouvelés pour une période de deux ans, de même que le tiers (34) des effectifs du Sénat pour une durée de six ans ; enfin 36 des 50 postes de gouverneurs pour des mandats de deux à quatre ans, suivant la Constitution de chacun des États de l’Union. À quoi il convient d’ajouter une série de consultations d’ordre local (l’équivalent US des municipales). Le moins qu’on puisse dire est que les perspectives à cet égard ne semblent guère favorables au Parti républicain, revenu au pouvoir après le double intermède clintonien. Le Grand Old Party se trouve confronté, reconnaissent ses caciques, au plus grand défi qui se soit posé à lui depuis douze ans, représenté par un président et une guerre également impopulaires. L’actuel locataire de la Maison-Blanche fait de plus en plus figure de « black sheep » au point que la plupart des candidats évitent soigneusement de faire appel à lui ou plus simplement d’évoquer son nom au cours de leur campagne. Du coup, les partisans de l’autre camp s’acharnent, eux, à accoler son image à celles de leurs adversaires. Dans le Colorado, la démocrate Angie Paccione a bâti toute sa publicité sur des affiches montrant sa rivale Marilyn Musgrave recevant sur le front un baiser présidentiel dont elle se serait volontiers passée. Dans l’État du Nouveau-Mexique, des clips télévisés pour le compte d’une autre démocrate, Patricia Madrid, donnent à voir la candidate Heather Wilson debout sur une estrade, à l’occasion d’un meeting électoral, à côté du chef de l’Exécutif. Une voix off affirme : « Elle a soutenu George Bush dans la guerre en Irak sans jamais poser la moindre question. » Avec une popularité au plus bas (moins de 40 pour cent des personnes sondées approuvent sa conduite des affaires), George W. prend un risque énorme en optant pour un discours agressif. Il est vrai que le choix du thème de la sécurité avait permis à ses troupes de ne pas perdre la bataille de 2002. Deux ans plus tard, il enlevait haut la main un nouveau mandat – face, il convient de le reconnaître, à un John Kerry qui ne faisait pas le poids et qui, par ailleurs, avait soigneusement évité d’aborder les questions d’ordre sécuritaire. Depuis, il est devenu difficile de nier que l’expédition mésopotamienne a été menée de manière désastreuse et que les arguments avancés pour la lancer (présence d’armes de destruction massive, collusion avec l’organisation el-Qaëda) étaient mensongers. Et que dire du montant des crédits affectés à ces opérations militaires ? Sur l’écran de l’ordinateur, le compteur en enregistre seconde par seconde le coût. Le cap des 315 milliards de dollars est largement dépassé, suivant les comptes établis par la commission du Budget du Congrès. En regard, l’engagement au Vietnam (1964-1972) a fait débourser au contribuable quelque 346,7 milliards et le prix de la guerre de Corée (1950-1953) a été de 264 milliards, en dollars constants de 1990. On pourrait enfoncer le clou en arguant que les bombardements de Hanoï et la présence armée dans la partie nord de ce qui continue de s’appeler le pays du Matin calme n’ont pas débouché sur une éclosion du terrorisme interne comme c’est le cas sur les rives de l’Euphrate, alors même que l’on prétendait en combattre les manifestations. Karl Rove, qui mène sa dernière bataille électorale de l’ère bushienne, a affûté une impressionnante panoplie d’armes à cette fin. Rares dans son entourage sont ceux qui continuent de voir en lui l’homme capable encore de réaliser le triplé magique. Christian MERVILLE
Image d’une Amérique qui ne cessera jamais de secouer le cocotier mondial, plus d’un siècle et demi après avoir étonné un aristocrate français nommé Alexis de Tocqueville : le Minnesota pourrait fort bien être représenté demain par un congressman noir, converti à l’islam. Question que se pose aujourd’hui cette même Amérique, sans le moindre état d’âme : et si...