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Libye - Seif al-Islam prône la privatisation des entreprises et le respect de la liberté de la presse Le fils Kadhafi brise un tabou en appelant à clore l’« ère révolutionnaire »

La Libye fête aujourd’hui le 37e anniversaire du renversement de la monarchie par le colonel Mouammar Kadhafi, alors que le fils aîné du « guide » a brisé un tabou en appelant à mettre fin à l’« ère révolutionnaire ». Dix jours avant ces célébrations, Seif al-Islam Kadhafi, qui préside l’influente « Association pour le développement », a appelé à la promulgation d’une « Constitution permanente pour les cent ans à venir ». Il faut passer « de la révolution à l’État », a-t-il dit devant des jeunes enthousiastes à Syrte (500 km à l’est de Tripoli), un discours relayé par la télévision publique. Depuis le 2 mars 1977, la Libye vit sous un régime politique singulier : « L’État des masses », en application de la « troisième théorie universelle » prônée par le colonel Kadhafi et consignée dans son Livre vert. Cette théorie est censée réaliser la synthèse entre deux systèmes honnis, le socialisme et le capitalisme. Les textes instaurent une confusion totale des pouvoirs. Dans la pratique, le colonel Kadhafi, qui porte le titre de « guide », prend les décisions stratégiques que les Comités populaires, base politique du système, se chargent de mettre en œuvre. Selon Seif al-Islam, dont des proches affirment qu’il a l’oreille de son père, ce système politique a engendré « le chaos » et « bénéficie à des fonctionnaires et quelques grosses légumes unies dans une alliance contre-nature formant une mafia » opposée aux réformes démocratiques. « Cessons de nous moquer de nous-mêmes en prétendant que nous vivons dans un paradis. Et quel paradis serait celui-là où des directeurs généraux d’entreprises publiques les gèrent comme un bien personnel », a-t-il déclaré. Seif al-Islam a demandé la « poursuite déterminée de la privatisation des entreprises, notamment les télécommunications et les banques, et l’ouverture des portes pour l’installation de banques étrangères à partir de l’année prochaine ». « Le pouvoir démocratique dont nous rêvons n’existe pas (...). Sinon comment expliquer que des décisions prises au nom du peuple soient falsifiées et que des gens soient malmenés et jetés en prison (sans motif) », a-t-il souligné. Il s’est aussi insurgé contre l’absence de liberté de la presse, affirmant que cette dernière était « dominée par quatre journaux médiocres et sans relief » et s’est plaint d’avoir été censuré par des journaux ne partageant pas ses orientations libérales. Mise en quarantaine en 1981 par les États-Unis, la Libye a amorcé un tournant décisif en 2003, en reconnaissant sa responsabilité dans les attentats contre une discothèque de Berlin fréquentée par des Américains (1986), l’explosion en vol d’un Boeing de la PanAm au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie en 1988 et l’attentat contre un DC-10 de la compagnie française UTA au-dessus du désert du Ténéré (Niger) en 1989. Elle a indemnisé les victimes. En décembre 2003, elle annonçait solennellement avoir renoncé à un programme d’armes de destruction massive secret, ouvrant une nouvelle page dans ses relations avec les États-Unis, la France et les principales puissances européennes. Dans la foulée, Kadhafi avait lancé un programme de privatisations et demandé l’ouverture du pays aux investissements étrangers, notamment dans le pétrole, qui a beaucoup souffert du manque de capitaux ces 25 dernières années. Selon un récent rapport officiel, sur les 50 milliards de dollars d’investissements prévus pour divers projets de développement entre 1970 et 2003, Tripoli n’a investi que 38 milliards de dollars. Ces retards ont été dénoncés par Seif al-Islam. « Il n’y a rien de nouveau dans les appels de Seif al-Islam. Mais la corruption est telle qu’il nous faudrait des années pour nous en sortir. Le problème n’est pas l’absence de lois, mais la non-application de la loi », affirme sceptique Myriam Aissa, professeur à l’Université de Tripoli.

La Libye fête aujourd’hui le 37e anniversaire du renversement de la monarchie par le colonel Mouammar Kadhafi, alors que le fils aîné du « guide » a brisé un tabou en appelant à mettre fin à l’« ère révolutionnaire ».
Dix jours avant ces célébrations, Seif al-Islam Kadhafi, qui préside l’influente « Association pour le développement », a appelé à la...