SPECTACLE - Un one-man-show très drôle à l’hôtel «al-Bustan» «Star Epidemy», ou les manies des Libanais à la sauce Khayat

Au royaume des comédiens, Samy Khayat occupe certainement une place de choix. En 40 ans de carrière, il a acquis une notoriété et une légitimité bien méritées. Dans «Star Epidemy», le one-man-show qu’il donne tous les soirs (sauf le dimanche) à l’auditorium de l’hôtel «al-Bustan», il nous scrute et nous caricature à sa sauce. Un show principalement en anglais les lundis, en français les mardis et en libanais panaché du mercredi au samedi. Samy, absent de la scène locale depuis 6 ans, se trouvait sur la planète Mars 0014. Bien campé dans les hauteurs cosmiques, il observait à sa guise, et en toute objectivité, le comportement bien particulier des habitants du pays du Cèdre. Repêché par trois naïades pulpeuses, l’exotique extraterrestre se trouve catapulté (en maillot de bain!) sur les planches du Bustan. Là, face à un public assoiffé de bonne humeur, il s’éclate. Les téléphones, les manières à table et au resto, les chanteuses en minijupe, la drague des adolescents… Autant de thèmes qu’il aborde avec dérision… mais sans aucune retenue. Il a l’œil sur toutes nos manies ridicules, complexes refoulés et vices du quotidien... Et sur les stars: celles du show-biz, celles de l’arène politique, celles de la télé (géniales imitations de Marcel Ghanem, de Raghida Dergham et de la traductrice en simultané). Il enchaîne avec quelques vannes sur les hommes politiques et autres décideurs de nos sorts. Mais aussi une séquence «souvenirs souvenirs» où il retourne au temps de l’âge d’or du centre-ville. De Bab Edriss aux cinémas Roxy, Rivoli, Dounia, Radio City et Capitole. En passant par Zaroub el-Haramiyyé, rue Zeytouné et l’Automatique (où l’on dégustait le meilleur chocolat mou de la ville). Tout cela avec son talent d’imitateur et de grand comique qu’il a réussi à parfaire au fil des années. Tout au long de son show, Samy Khayat démontrera à ce public qu’il «aime tant» tout ce que lui inspirent les Libanais. Il nous entraîne dans une farandole d’autodérision, de comportements bizarres et stupides, de clichés… une sorte de regard sur sa vie, sur la vie. Durant 1h30, le public a retrouvé un Samy Khayat aussi pétillant, dynamique et tendre moqueur, que d’habitude. «Il voit tout, décortique tout, explique tout, s’exclame une spectatrice. Il a cette force qu’ont les grands de vous faire rire de vos propres travers, de vous expliquer des situations que vous connaissez par cœur. Cela prouve que l’homme a une réelle sensibilité artistique ainsi qu’une plume efficace et soignée.» «Je connaissais mal ce comédien, réplique un jeune homme, juste quelques apparitions dans des émissions TV. Ce spectacle est vraiment très drôle. Les sketches sont essentiellement tirés de la réalité et on s’identifie très vite aux personnages… » «J’ai découvert cet humoriste sous un autre angle, il a de multiples talents et nous avons tous adoré», souligne un père de famille en désignant ses enfants. «On a pu découvrir dans ce spectacle un Samy fidèle à lui-même, avec un humour toujours au rendez-vous, des répliques très drôles, un sens de la scène inimitable, un talent certain et notamment pour le chant et la danse», dit encore une admiratrice. Star Epidemy, c’est un humour décapant (ô combien bienvenu en ces temps maussades), du début à la fin. Les jeux de mots, les mimes, la musique, les personnages. La vie de tous les jours revue par Samy dans le plus pur style Khayat, un vrai moment de plaisir à ne pas bouder. Maya GHANDOUR HERT