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Ils se pressent à la mairie du village pour présenter leurs titres de propriété Les fermiers de Chebaa espèrent enfin retrouver leurs terres

Dans le village de Chebaa, au pied du mont Hermon, des dizaines de fermiers se pressaient chez le moukhtar avec leurs titres de propriété dans ce territoire contesté et occupé par Israël, signale Patrik Rahir, de l’AFP. La « libération des fermes de Chebaa » a été l’argument invoqué par le Hezbollah pour poursuivre la guerre contre Israël après son retrait unilatéral du Liban, en mars 2000. Israël affirme avoir conquis ce territoire sur la Syrie voisine lors de la guerre de juin 1967. Les fermiers de Chebaa, comme le gouvernement libanais, disent une autre histoire. Le Premier ministre libanais Fouad Siniora a demandé de rassembler tous les titres de propriété en vitesse, en prévision d’une visite à Beyrouth du secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, explique le moukhtar de Chebaa, Omar al-Zouheiri. Dans son bureau, ils sont deux, puis trois, puis des dizaines à venir faire valoir leurs droits. Paysans en keffieh et agal, vieilles femmes menues en robe noire et fichu blanc, ils brandissent de vieux manuscrits déchirés ou des photocopies de cadastre, même s’ils les ont déjà souvent présentés aux autorités libanaises, sans résultat. Après la guerre de 1967, l’armée israélienne a commencé à grignoter du territoire, racontent-ils. Surtout lors de ses opérations contre les fedayine palestiniens, qui s’étaient implantés pour harceler l’État hébreu dans cette région montagneuse, qu’on surnomma le Fatehland. Après l’invasion de 1982, quand Israël s’est taillé une zone de sécurité au Liban, ces paysans sunnites recevaient des autorisations pour s’occuper de leurs oliveraies, leurs vignes et leurs vergers. Nous ne sommes pas syriens Il fallait faire des dizaines de kilomètres pour emprunter la seule porte autorisée dans la clôture électrifiée, à Boustara, raconte Omar Qassem Hachem, 72 ans, un grand propriétaire aux cheveux blancs. « La dernière fois que j’ai pu y aller, c’était en 1999 », ajoute-t-il avec véhémence. Depuis 2000, la porte reste fermée. « Nous ne sommes pas syriens, nous sommes tous libanais », s’exclame un autre propriétaire. Passé la rivière al-Joz (la noix), sur l’autre versant de la vallée, Moussa Marquise arrive de Dubaï, où il travaille depuis 19 ans pour un groupe émirati, pour passer ce qui reste de vacances dans son village après la trêve intervenue le 14 août entre Israël et le Hezbollah. Le climat est doux à Chebaa et dans la région. Le village compte 5 000 habitants, mais en été, ils sont quelque 18 000 à y revenir, d’après le moukhtar. Moussa n’avait pas entendu parler de la convocation au bureau du moukhtar, mais sa famille aussi se dit lésée. « Les Israéliens ont construit une piste de ski sur les terres de mon grand-père », affirme-t-il. Au bout de la route sinueuse bordée de noyers, d’oliviers et de pommiers, l’armée libanaise occupe une école désaffectée. Elle s’est installée à Chebaa à la faveur de la trêve, après une absence de près de 40 ans. Les Israéliens sont à 200 m, affirment les soldats libanais, mais ils refusent de montrer leur position. Plus haut, sur une crête dentelée par les rochers, se dressent une antenne et la clôture d’un poste israélien. Juché sur son âne chargé de grappes de raisin, Qassem Zahra redescend la route. Il n’ira pas présenter ses documents pour réclamer ses terres. « Je l’ai fait souvent, et rien ne s’est passé », crie-t-il en s’éloignant.
Dans le village de Chebaa, au pied du mont Hermon, des dizaines de fermiers se pressaient chez le moukhtar avec leurs titres de propriété dans ce territoire contesté et occupé par Israël, signale Patrik Rahir, de l’AFP.
La « libération des fermes de Chebaa » a été l’argument invoqué par le Hezbollah pour poursuivre la guerre contre Israël après son retrait...