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« Sommes-nous donc tous des terroristes ? » : le cri d’une habitante de Nabatiyé

«Sommes-nous donc tous des terroristes ? » s’emporte Amal Hamdoun en parcourant son quartier dévasté dans Nabatiyé, vidée de la moitié de ses habitants. Les belles maisons de la zone de Bayad ont été aplaties par les bombes israéliennes, mais son immeuble est encore debout comme par miracle, raconte Béatrice Khadige, de l’AFP. Avec son mari et sa cousine, elle profite d’un bref répit dans les frappes israéliennes pour récupérer quelques affaires. Amal ne peut pas retenir ses larmes. « Les Israéliens ont bombardé quatre fois mon quartier depuis les années 80, et cette fois-ci ils sont revenus sept fois », explique-t-elle, entre deux sanglots. Cette femme d’une quarantaine d’années, les cheveux libres et les bras nus, a le malheur d’habiter en face de ce que les Israéliens considèrent comme des cibles : « Ils ont visé un bureau de la télévision al-Manar, et un peu plus loin, le domicile d’un responsable du Hezbollah. » « Ce n’est pas une raison pour ruiner notre vie », soupire Amal Hamdoun. Dans cette ville, aucune trace de combattants, mais des dizaines de portraits de sayyed Hassan Nasrallah et des guides de la révolution iranienne, l’ayatollah Khomeiny et son successeur Ali Khamenei. L’armée israélienne a frappé dur. Non seulement le quartier Bayad, mais le centre-ville a lui aussi été transformé en un amas de décombres. Les immeubles se sont écroulés, les rues sont trouées de profonds cratères, les devantures des magasins ont été soufflées. Selon le moukhtar, Moustapha Badreddine, un cardiologue élu il y a huit ans et membre d’aucun parti, les dégâts s’élèvent à plus de 30 millions de dollars rien qu’au centre-ville. Trente-cinq personnes ont été tuées et une soixantaine blessées, dans les frappes aériennes israéliennes depuis le 12 juillet. « Mourir dans la dignité » La moitié des habitants ont pris la fuite vers le Nord, selon M. Badreddine. Les autres préfèrent rester, « pour mourir dans la dignité plutôt que mourir sur les routes ». M. Badreddine combat son chagrin à force d’ironie, en parcourant les ruines de Bayad. « Les Israéliens ont de vieilles listes de cibles : ils continuent à bombarder depuis des années le même quartier », dit-il. Depuis le début de l’offensive israélienne, Bayad a été touché à sept reprises, mais « ce sont des familles qui vivent ici. Pas des gangsters ou des cow-boys du far-west », s’énerve-t-il. « Ni même des membres du Hezbollah », ajoute Amal Hamdoun, qui était une adolescente lorsque s’était produit en 1983 à Nabatiyé l’incident qui a lancé la Résistance islamique contre Israël au Liban : l’irruption violente d’une patrouille israélienne dans une procession marquant la Achoura, la fête la plus sacrée pour les chiites. « Je me suis promenée tout le temps les bras nus et décolletée pour bien leur montrer que nous n’étions pas du Hezbollah », peste-t-elle, en levant la main vers le ciel où bourdonnent les drones israéliens. Il n’est pas question pour elle de se plier au strict islamique, selon lequel les femmes doivent couvrir leurs cheveux et leurs bras. « Mais tout ceci ne sert à rien », conclut Amal, la voix lasse, découragée. « Nous retournons vivre dans les écoles de Beyrouth, sans rien d’autre que ces deux cabas. Finalement, nous sommes tous des terroristes », dit-elle en montrant les deux sacs qu’elle tient à bout de bras.
«Sommes-nous donc tous des terroristes ? » s’emporte Amal Hamdoun en parcourant son quartier dévasté dans Nabatiyé, vidée de la moitié de ses habitants.
Les belles maisons de la zone de Bayad ont été aplaties par les bombes israéliennes, mais son immeuble est encore debout comme par miracle, raconte Béatrice Khadige, de l’AFP. Avec son mari et sa cousine, elle profite...