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Actualités - OPINION

«Liban !… Liban !… que vas-tu faire de tes enfants?»

« Des histoires du Liban, on en connaît au moins mille et cent, elles sont toutes aussi bien écrites les unes que les autres, mais l’histoire des Libanais, l’histoire du peuple libanais, personne ne l’a encore jamais écrite. On ne connaît que l’histoire officielle, telle qu’elle est écrite dans les livres. Une histoire limitée à sa mise en scène, à ses dates, à ses traités, à ses marchandages diplomatiques, au faire-valoir des hommes politiques, à la mise en vedette de quelques notables misant sur les médias et pariant sur la publicité… Mais le peuple ? Le peuple libanais ? Qui s’en soucie ? L’histoire du peuple libanais ? Ce peuple qui crie qu’il a mal, ce peuple qui vit au jour le jour, qui casse les cailloux pour y chercher des petits bouts d’espoir, ce peuple-là, qui l’a jamais écouté ? Qui connaît seulement le son de sa voix ? « Ne faites pas des Libanais d’aujourd’hui des survivants, des petits restes ou des anciens combattants !… Ce sont les Libanais de maintenant qui ont reçu la responsabilité de faire naître au Liban un nouveau regard sur les hommes et sur les choses pour que l’essentiel te tienne quitte et pour que ta liberté t’invite à son voyage. La démocratie n’est rien d’autre que le droit d’humaniser les réalités et les blessures humaines ! C’est tout de suite, c’est maintenant que la mémoire des Libanais va devenir leur avenir. C’est aujourd’hui, c’est dans l’instant que l’horizon des Libanais voit par-dessus leurs épaules. C’est tout de suite comme le vent que le Liban supplie les Libanais de le prendre au sérieux. « Et maintenant ? Est-ce aussi maintenant, tout de suite, dans l’instant que les Libanais sont décidés à conjuguer, à parler et à vivre au pluriel ? » Ces lignes sont extraites d’un grand texte écrit par Jean Debruynne qui a longtemps et longuement écouté la parole de Libanais de toutes régions et de toutes origines. Écrit en français, traduit en arabe, ce texte a vécu sur scène – l’espace d’une soirée, en attendant de reprendre ultérieurement – face à la mer de Jbeil. Il était incarné par 650 Libanais, petits et grands, habitants de Jbeil et de sa région, et qui célèbrent à leur manière les 7 000 ans de Byblos. Le destin a voulu que Jean Debruynne décède à Jbeil, il y a quelques jours, sans avoir « vu » son texte. Il restera ancré à la terre du Liban avant de rentrer en France. Durant un mois, il a inventé la vie avec tous les acteurs qui l’appelaient affectueusement « Abouna ». J’en témoigne car j’ai vécu cette belle aventure avec eux, l’aventure d’un Liban impossible qui me colle au corps et au cœur depuis quarante ans. Monique JOSSELIN Paris/Beyrouth

« Des histoires du Liban, on en connaît au moins mille et cent, elles sont toutes aussi bien écrites les unes que les autres, mais l’histoire des Libanais, l’histoire du peuple libanais, personne ne l’a encore jamais écrite. On ne connaît que l’histoire officielle, telle qu’elle est écrite dans les livres. Une histoire limitée à sa mise en scène, à ses dates, à...