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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE - L’enquête du parquet de Milan menace les SR et envenime les relations avec Washington Enlèvement d’un imam : la magistrature provoque un séisme en Italie

Une enquête des magistrats de Milan sur l’enlèvement d’un imam égyptien en Italie provoque un séisme dans le pays, car elle menace les services de renseignements militaires, envenime les relations avec Washington et a dévoilé l’implication d’un journaliste de droite dans cette affaire. Le 17 février 2003, l’ancien imam d’une mosquée de Milan, Osama Mustafa Hassan, un Égyptien connu également sous le nom d’Abou Omar et soupçonné de terrorisme, est enlevé dans la capitale économique italienne par un commando de la CIA, puis transféré en Égypte. Le parquet de Milan, qui surveillait l’homme, entame alors une longue enquête dont les résultats se présentent aujourd’hui comme explosifs. Deux responsables des services secrets militaires (Sismi), Marco Mancini, chef de la 1re division et n° 2 du service, et son prédécesseur Gustavo Pignero, ont été arrêtés mercredi. Des aveux de plusieurs fonctionnaires du Sismi, cités hier par la presse italienne, confirment la collaboration du service avec la CIA dans l’enlèvement de l’imam, ce que l’ancien chef de gouvernement Silvio Berlusconi et le patron du Sismi, Nicolo Pollari, ont toujours démenti. Or, les enquêtes ordonnées par la magistrature dans le cadre de cette affaire impliquent M. Pollari dans un autre scandale connexe : l’existence d’un centre secret du Sismi à Rome, chargé de « la désinformation, du dépistage des enquêtes et d’espionnage abusif » et géré par Pio Pompa, « un fidèle » de M. Pollari, a révélé hier le quotidien Il Corriere della Sera. Renato Farina, journaliste renommé et vice-directeur du quotidien de droite Libero, auteur de plusieurs articles impliquant Romano Prodi, accusé d’avoir autorisé les vols de la CIA lorsqu’il était président de la Commission européenne, figurait dans les livres de comptabilité de M. Pompa. M. Pompa informait régulièrement son chef, Nicolo Pollari, de toutes ses opérations, précise le journal. « Dans les archives secrètes gérées par Pompa, au moins 2 reçus ont été trouvés, signés par le nom de code d’informateur que le journaliste utilisait : “Bouleau”. Les montants sont de 2 000 et 5 000 euros », a écrit le Corriere della Sera. « Tempête sur Pollari », écrivait le journal La Repubblica tandis que le Corriere della Sera estimait que le patron du Sismi « pourrait être contraint à se retirer ». Mais l’enquête sur l’enlèvement de l’imam a également profondément affecté les relations italo-américaines. Vingt-six Américains, dont 25 membres de la CIA et un colonel de l’armée de l’air, sont accusés par la justice italienne d’être impliqués dans cette affaire. Le parquet de Milan a présenté sous le précédent gouvernement des demandes d’extradition. Mais le ministre de la Justice n’a jamais avalisé cette requête et sa décision a été durement critiquée à l’époque par l’opposition de gauche dirigée par Romano Prodi, aujourd’hui chef du gouvernement italien. Aujourd’hui, « le gouvernement est dans la merde. Les Américains sont furieux. La tête des services de renseignements est menacée », a déclaré le secrétaire d’État à la présidence du Conseil des ministres, Paolo Naccarato, cité par le Corriere della Sera. Logiquement, le nouveau ministre italien de la Justice devrait signer les demandes d’extradition, mais les relations entre Rome et Washington sont déjà affectées par la décision de retirer le contingent militaire italien d’Irak et la requête d’extradition ne pourrait que les envenimer davantage encore. « Le gouvernement actuel devra prendre des décisions dans l’intérêt de la nation. Et si cela s’avère nécessaire, il pourrait invoquer le secret d’État » et bloquer l’action judiciaire, a anticipé l’ancien magistrat Antonio Di Pietro, actuellement ministre des Infrastructures. Ljubomir MILASIN (AFP)

Une enquête des magistrats de Milan sur l’enlèvement d’un imam égyptien en Italie provoque un séisme dans le pays, car elle menace les services de renseignements militaires, envenime les relations avec Washington et a dévoilé l’implication d’un journaliste de droite dans cette affaire.
Le 17 février 2003, l’ancien imam d’une mosquée de Milan, Osama Mustafa...