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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Jusqu’à fin juillet, à Eddé Sands et Eddé Yard Le jardin des délices de Mona Trad Dabaji

Divers portraits de femmes s’affichent durant le mois de juillet à Eddé Sands et Eddé Yard. Femme à l’ouvrage ou au repos, ils reflètent ces innombrables Orientales auxquelles Mona Trad Dabaji a tenu à rendre hommage avec sa palette. Mona Trad Dabaji avait commencé à travailler sur des thèmes noirs, représentant Beyrouth, ville fantôme et décharnée, désertée à cause de la guerre. Puis, en 1994, l’artiste plonge complètement dans l’univers de la femme. Une approche plus gaie qui lui fait découvrir les divers visages de la Libanaise. Ce sont tantôt des représentations de paysannes de la Békaa dans les champs, tantôt des musiciennes ou des joueuses de cartes. Ou encore des moments de la vie quotidienne saisis par sa palette de couleurs. Pour Mona Dabaji, la femme orientale n’est pas un sujet de seconde zone, ni un accessoire de plaisir pour les hommes, mais une citoyenne accomplie qui a des droits autant que des devoirs dans la société. Elle rend ainsi hommage à la fille d’Ève, en lui consacrant la place centrale de ses œuvres. Mais l’artiste ne se suffit pas de peindre la femme au travail. Pour ses récentes œuvres, elle l’a voulue lascive, alanguie au soleil, sachant jouir de la vie. Dabaji introduit ainsi la notion de « keif » si chère aux Orientaux en l’adaptant (avec tout le respect qu’elle a pour les hommes) à la gent féminine. « Pourquoi celle-ci n’aurait pas droit, tout comme l’homme, à fumer le narguilé, à bluffer devant un tapis vert ou encore à se prélasser devant un café ?» se demande l’artiste. Les Baigneuses de Mona Trad Dabaji ont leurs ancêtres ; sur les toiles d’Ingres qui avait dévoilé les charmes de ses Orientales dans la chaleur du hammam. Aujourd’hui, celles-ci n’ont plus honte d’étaler leurs formes (assez plantureuses). Elles ont troqué les bancs du hammam contre le sable chaud, sous les rayons d’un soleil d’été. Des baigneuses, pas des naïades «La femme maigre, ce n’est pas mon truc. C’est la femme orientale qui m’interpelle, solide et saine. Ses courbes généreuses respirent la bonne santé. Mes baigneuses sont bien dans leur peau et semblent toutes dire que la vie est belle. » Oui, la vie est belle pour Mona Trad Dabji, dont le graphisme bien léché, sur des aplats satinés couleur azur ou or, retrace en quelques lignes épurés les délices de l’Orient. Plaisir des yeux mais également plaisir des sens, car avec les seuls contrastes de couleurs et superpositions de couches reproduisant un jeu d’ombres, l’artiste réveille le sensuel. À travers les toiles de Dabaji, on peut ressentir la caresse du sable chaud, respirer le vent marin ou encore humer les effluves charriés par les orangers et les citronniers de la côte méditerranéenne. Ses œuvres sont à la fois un hymne à la femme et à la jouissance de la vie. Épicurienne, Mona Trad Dabaji renoue avec les plaisirs démodés. Un chat qui ronronne à côté d’une femme assoupie, un petit canari qui siffle à travers la fenêtre, un ciel bleu sans nuages. Tout le bonheur est là, non dans le pré, mais sur ces toiles, paravents ou fenêtres qui deviennent sous la touche de l’artiste des moments sublimés. Les Baigneuses préludent à une plus grande exposition qui est encore en veilleuse. Un travail qui dort en Mona Trad Dabaji et qui n’attend qu’à se réveiller. Colette KHALAF
Divers portraits de femmes s’affichent durant le mois de juillet à Eddé Sands et Eddé Yard. Femme à l’ouvrage ou au repos, ils reflètent ces innombrables Orientales auxquelles Mona Trad Dabaji a tenu à rendre hommage avec sa palette.
Mona Trad Dabaji avait commencé à travailler sur des thèmes noirs, représentant Beyrouth, ville fantôme et décharnée, désertée à...