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Actualités - OPINION

La Syrie ne comprend toujours pas que les relations entre États sont régies par des us, des coutumes et des règles...

La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : les usages diplomatiques entre deux États étant sus et connus de tous (et étant totalement en vigueur entre tous les pays), pourquoi les responsables syriens veulent-ils faire une exception flagrante avec le Liban ? « C’est malheureusement une question de style », déplore un ministre actuel, évoquant la façon de traiter des Syriens avec les Libanais et rappelant que Bachar el-Assad avait traité Fouad Siniora d’esclave de son maître il n’y a pas si longtemps, et que le Premier ministre syrien s’était déchaîné par la suite contre son homologue libanais, sans oublier les insultes totalement scandaleuses utilisées par des hommes politiques syriens contre certains responsables libanais. Cerise sur le gâteau : la nonchalance de Damas à répondre à la demande de rendez-vous de Fouad Siniora, surtout que ce dernier avait tenu, malgré toutes les avanies à son encontre et en véritable homme d’État, à se rendre à Damas pour son premier voyage officiel à l’étranger. Ce qui reste très surprenant, c’est que Damas n’a d’ailleurs toujours pas répondu à la demande de Fouad Siniora, et que Nasri Khoury avait transmise il y a quelques semaines, flanquée d’un ordre du jour comprenant les grandes questions que le Premier ministre souhaitait évoquer. Et malgré les incessants allers-retours à Damas du président du Haut Conseil libano-syrien, Fouad Siniora n’a toujours pas reçu de réponse : « La demande est en cours d’examen », répond-on immanquablement des bords du Barada. Deuxième cerise : quelque temps à peine après sa nomination à la tête de la diplomatie syrienne, Walid Moallem ne trouve rien de mieux que d’inviter son homologue libanais, Faouzi Salloukh, à se rendre à Damas, snobant totalement Fouad Siniora. Puis il y a eu la médiation Berry et sa visite à Bachar el-Assad, en mai, à la veille pratiquement de la publication du rapport Roed-Larsen sur l’application de la 1559 et de la réunion du Conseil de sécurité qui a suivi. Rentré tout guilleret à Beyrouth, le président de la Chambre annonçait sans état d’âme à Fouad Siniora qu’un rendez-vous lui a été fixé au 18 mai. Sauf que le chef du gouvernement avait un agenda et des rendez-vous déjà bien fixés ; il a proposé le 20 ou le 22, nonobstant le fait que les usages diplomatiques imposent qu’une invitation soit faite directement, après concertation et sans que la date ne soit imposée, et sans le concours d’un go-between. Les Syriens ont refusé de changer la date, et la rencontre ne s’est naturellement pas faite... Troisième cerise sur le gâteau (déjà bien flétri...) : le style Moallem et ses expressions sinon insultantes, du moins totalement non diplomatiques... D’autant que le ministre libanais en question assure que si les Syriens avaient fixé la date du 18 mai à Fouad Siniora, c’était pour court-circuiter le rapport Roed-Larsen, montrer à la communauté internationale que tout va bien entre Beyrouth et Damas, et rendre obsolète, avant sa naissance même, la résolution 1680, adoptée le 17 mai. À tel point que des prosyriens ont carrément accusé le Premier ministre d’être derrière la 1680 et d’avoir tout fait pour qu’elle soit prise : si Fouad Siniora avait annoncé officiellement le 16 mai qu’il se rendait le 18 à Damas, assurent ces prosyriens, la 1680 aurait été moins bien tranchante à l’encontre de Damas. Encore une cerise... Philippe ABI-AKL
La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : les usages diplomatiques entre deux États étant sus et connus de tous (et étant totalement en vigueur entre tous les pays), pourquoi les responsables syriens veulent-ils faire une exception flagrante avec le Liban ?
« C’est malheureusement une question de style », déplore un ministre actuel, évoquant la façon de traiter des...