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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - La redécouverte d’un « précieux » Hollandais Van Mieiris, plus populaire de son vivant que Vermeer et Rembrandt

WASHINGTON - Irène MOSALLI Ses tableaux se vendaient à un prix de trois à huit fois plus élevé que ceux de son contemporain Rembrandt. Et si ce dernier travaillait sur d’immenses canevas, le premier, nommé Frans Van Mieiris, avait pu déployer, sur de petites surfaces, son talent de conteur qui avait tant séduit le public. De son vivant, sa réputation dépassait celle de Vermeer. Aujourd’hui, la National Gallery of Art, à Washington, lui consacre une exposition intitulée «Intrigues amoureuses et raffinement pictural» qui donne à voir 34 de ses plus grandes créations. Né à Leyde (Pays-Bas) à l’instar de Rembrandt, Van Mieiris est issu de l’École « précieuse » du XVIIe siècle hollandais dont les membres (appelés les «fijnschilders») voulaient arriver à reproduire avec précision les matières (tissus, bois, verres, porcelaine) utilisées dans les intérieurs.Van Mieiris était passé maître dans ce style et, au bout de ses pinceaux, il n’y avait que du luxe, de l’opulence et souvent de la volupté. Ses toiles débordent de magnifiques harpes et autres instruments de musique, de coûteux tapis d’Orient, d’enfilades de perles, de cascades de soies, de brocards et d’oiseux exotiques. Un talent d’illusionniste Et bien sûr, ce décor est celui de la vie quotidienne de ses concitoyens les plus nantis. Ceux-là mêmes qui, vêtus de splendides atours, prennent le temps de vivre pleinement leurs plaisirs. Il les a captés dans leurs intérieurs somptueux, soit en train de se conter fleurettes tout en dégustant des huîtres, soit en train de faire de la musique ou en apprivoisant un perroquet. Quand il croque leurs enfants, c’est pour les montrer s’adonnant à des jeux subtils, tels que celui des bulles de savon. Parfois, il se focalise sur un détail de ce décor. Cela donne une fenêtre en trompe-l’œil qui illustre sa virtuosité dans ce domaine, puisqu’on ne peut que s’imaginer en train de tirer le rideau de soie bleue. Et même une visite du docteur baigne dans le faste et aussi dans l’humour. La belle dame dont en prend le pouls est parée de velours et elle semble souffrir du mal d’amour, comme le laisse entendre l’expression du toubib et de ceux qui l’entourent. Ce tableau avait été commandé au peintre par un bourgmestre de Leyde, qui avait accepté de le payer par heure de travail. Mieiris avait mis 300 heures (étalées sur quatre ans) pour réaliser cette toile. Laquelle toile avait suscité l’intérêt du grand duc de Toscane, Cosme III de Médicis, qui avait offert au bourgmestre de l’acheter au double du prix qu’il avait payé, mais sans succès. À noter qu’un grand nombre de collectionneurs européens prisaient les toiles de ce peintre de Leyde qui a ainsi connu la gloire de son vivant, contrairement à Vermeer. La cote de ce dernier est montée en flèche au XIXe siècle et, à cette même époque, la popularité de Mieiris a été en déclin. La raison de ce renversement de situation selon les experts : sous les exhaustives, mais néanmoins attrayantes descriptions picturales de Mieiris, ne perçait aucune sensibilité intérieure, alors que pour Vermeer, la réalité ne pouvait être perçue qu’à travers l’esprit. Si aujourd’hui on revisite Mieiris, c’est pour sa bravoure technique, sa complexité pluraliste et, dans un certain sens, pour son talent d’illusionniste.
WASHINGTON - Irène MOSALLI

Ses tableaux se vendaient à un prix de trois à huit fois plus élevé que ceux de son contemporain Rembrandt. Et si ce dernier travaillait sur d’immenses canevas, le premier, nommé Frans Van Mieiris, avait pu déployer, sur de petites surfaces, son talent de conteur qui avait tant séduit le public. De son vivant, sa réputation dépassait celle de...