Rechercher
Rechercher

Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Elle donne un concert-hommage à John Cage, ce soir à 20h, à l’amphithéâtre Aboukhater (USJ) Pour Katharine Cartwright, «la musique est une évasion»

Coup de cœur, blues à l’âme, feu de tous bois, belles dérives. Comme une passion incontrôlable, rebelle et presque fatale. C’est la musique quand elle mord un bout du cœur, puis tout le cœur… « Et tout cela m’est arrivé par la faute de la musique », avait dit Éric Satie, compositeur des Gnossiennes et des Gymnopédies. John Cage, un démystificateur qui a permis à la musique actuelle de s’engager sans complexes dans la grande aventure de l’art nouveau, a fait sienne cette formule cinglante et révélatrice sur les ravages de ce qui nous séduit, emprisonne ou libère. La musique aux pouvoirs et vertus multiples. La musique de tous les sortilèges, de toutes les séductions, de tous les enchantements, de toutes les incantations, de tous les silences paisibles ou troublants. Dans ce sillage d’inspiration parfaitement «cagienne», Katharine Cartwright, au cours d’un séjour à Beyrouth, fait vivre le faste sonore des musiques du monde… Rencontre «cool» avec une flûtiste qui aime Bach et dont les six CD individuels dans les bacs des cédéthèques attestent de sa vaste curiosité et culture musicales. Cheveux blonds jusqu’aux épaules, yeux verts-pervenches, traits délicats, taille élancée, boucles d’oreille à la Esmeralda, bagues et bracelets en métal blanc aux doigts et aux poignets, Katharine Cartwright a le look d’une artiste sage, d’une grande simplicité. Docteur en ethno-musicologie de la City University de New York, invitée par le Conservatoire national supérieur de musique et Joëlle Khoury, une jazziste chevronnée de la bande «In-Version» qui s’est imposée sur les scènes «jazzophiles» locales, Katharine Cartwright, dotée du «Fulbright Grant», est aussi ici dans le cadre des échanges académiques internationaux. Elle anime workshops et master-class. «Non, ce n’est pas la première fois que je suis au Liban, dit-elle d’emblée. J’ai vécu un peu à Beyrouth en 1968, car mon père était pilote à la TMA. D’où mon goût pour les musiques du monde, de la bossa-nova aux rythmes africains… Et je me suis produite, en 2004, au temple du jazz libanais, le Blue Note, à Makhoul Street. J’en garde un excellent souvenir. Dans mon concert au Marignan il y a quelques jours, j’ai offert au public un bouquet de cette inspiration tous azimuts et d’improvisations de “cross-cultures”. Pour le programme de l’amphithéâtre Aboukhater (USJ) qui aura lieu ce soir, il s’agit d’un ensemble d’œuvres pour John Cage avec un pastiche de Joëlle Khoury du compositeur de Construction in Metal.» Le goût de la liberté Pourquoi ce choix de John Cage, elle qui avait commencé ses études avec une passion pour la musique classique? «Tout simplement parce que l’appel du jazz était très fort. Et j’aime cette liberté de s’exprimer que donne John Cage avec ses partitions sans clefs, ses notations graphiques colorées, le refus de la tyrannie des mesures, des pulsations et cet usage sans contrainte de sons indéterminés qui est permis au musicien avec l’élément du hazard. John Cage donne le squelette des notes, mais pas leur chair!» Pour cette musicienne mère de famille (beaucoup d’émotions quand elle évoque sa fille Eleonor adepte du violoncelle), vivant à Manhattan et férue de Charlie Parker, Bob Dylan (un très bon poète), Johnny Mitchell, Billy Holliday, Coltrane, Steve Coleman, l’amour de la musique est indicible. «J’utilise la musique comme une évasion… de moi-même, dit-elle en souriant. Définir la musique? Elle est trop vaste pour être définie. Mais j’opte volontiers pour la formule de John Blacking, qui la résume comme étant “des sons humainement organisés”. De toute façon, j’aime les choses qui touchent mon cœur, éveillent mon esprit et me font réagir… Je n’aime pas la musique qui m’envahit…» Et à part la musique, à qui accorde-t-elle une part «léonine» de sa vie? Qu’aime donc Katharine Cartwright? «Jouer du piccolo! Mais aussi la bonne chère, confie-t-elle dans un coquin petit éclat de rire, les voyages, converser avec des gens de cultures différentes. C’est pour cela que j’aime les improvisations… Je voudrais surtout avoir du temps et la possibilité de créer sans entrave, de travailler avec des musiciens et surtout que ma famille soit bien…» Pieux souhaits qui nous ramènent à son séjour beyrouthin. «Je suis heureuse d’être ici, conclut-elle. D’abord pour le concert dédié à John Cage, car c’est intellectuellement stimulant. Ensuite j’apprécie le public averti qui m’écoute. J’aime les gens au Liban. C’est un auditoire éduqué, qui a une bonne oreille pour l’improvisation…» Rendez-vous donc ce soir à l’amphithéâtre Aboukhater (USJ) avec Katharine (Katchie) Cartwright, une dame pour qui, de Bach à Coleman, la musique n’a pas de frontières… Edgar DAVIDIAN
Coup de cœur, blues à l’âme, feu de tous bois, belles dérives. Comme une passion incontrôlable, rebelle et presque fatale. C’est la musique quand elle mord un bout du cœur, puis tout le cœur… « Et tout cela m’est arrivé par la faute de la musique », avait dit Éric Satie, compositeur des Gnossiennes et des Gymnopédies. John Cage, un démystificateur qui a permis à...