Somalie - Le Parlement de transition approuve le déploiement d’une force de maintien de la paix Les islamistes s’emparent de Jowhar où ils veulent appliquer la charia

Les milices des tribunaux islamiques somaliens ont pris hier, lors d’une offensive éclair, la ville de Jowhar (90 km au nord de Mogadiscio), dernier bastion de l’alliance de chefs de guerre, et ont promis d’y instaurer au plus vite la charia. «Nous avons pris Jowhar, et nous avons l’intention de mettre en place le plus vite possible une nouvelle administration et des tribunaux appliquant la charia », a déclaré sur place à l’AFP cheikh Hassan Dir, l’un des commandants des milices des tribunaux. Les tribunaux ont par ailleurs imposé un couvre-feu du crépuscule à l’aube, et ce, pour une durée indéterminée. « Nous allons améliorer la sécurité et prendre soin de votre sûreté », a déclaré à Jowhar le président des tribunaux islamiques de Mogadiscio, cheikh Charif Cheikh Ahmad, a constaté un correspondant de l’AFP. « Nous ne sommes pas venus ici pour faire de l’argent ou exiger le pouvoir, mais pour améliorer votre sécurité », a-t-il lancé. Dans les rues de la ville, peuplée d’environ 20 000 habitants, des convois de miliciens lourdement armés patrouillaient hier. Selon des sources médicales dans un hôpital de Jowhar, au moins 6 personnes ont été tuées et 14 blessées dans la bataille. Un précédent bilan annoncé par un commandant milicien faisait état de cinq morts et 9 blessés. « Des véhicules armés pleins de miliciens des tribunaux sont garés devant le commissariat de police. On peut les voir. Personne ne se bat contre eux et ils contrôlent tout », a raconté un habitant, Ahmad Cheikh Mohammad, ajoutant : « Ils patrouillent la ville, mais ils ne fouillent pas les maisons. » Cette offensive était attendue depuis plusieurs jours. Venant de la ville de Balad (60 km au sud de Jowhar) où ils avaient positionné d’importantes forces, les miliciens islamistes progressaient depuis quelques jours en direction de Jowhar. Ils ont déclenché leur offensive hier matin en prenant la ville en tenaille par le nord et le sud. Jowhar était le dernier bastion des chefs de guerre de l’Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme (ARPCT), soutenue par les États-Unis. Ils s’y étaient retranchés après leur défaite le 5 juin à Mogadiscio face aux milices des tribunaux islamiques, soupçonnés par les services de renseignements occidentaux d’abriter des extrémistes du réseau terroriste el-Qaëda. Dès mardi soir, trois chefs de guerre – Mohammad Afrah Qanyare et Issa Botan Alin, venant de Mogadiscio, et le chef de guerre local Abdu Nure Saïd – avaient fui la ville de Jowhar face à l’avancée des miliciens islamistes. Selon des habitants, ces chefs de guerre se seraient dirigés vers la ville d’el-Bur, dans la région centrale de Galgudud. La ville de Jowhar était jusqu’ici contrôlée par le chef de guerre Mohammad Dheere, qui, selon des informations non confirmées, se trouverait actuellement en Éthiopie. En soirée, on apprenait de sources concordantes que les milices des tribunaux islamiques avaient également pris la ville de Mahhadei Uen (environ 25 km au nord de Jowhar). Cette ville était jusqu’ici contrôlée par le chef de guerre Mohammad Dheere, qui, selon des informations non vérifiées, se trouverait actuellement en Éthiopie. En outre, le Parlement de transition somalien a approuvé hier à Baïdoa (sud de la Somalie) le déploiement d’une force de maintien de la paix en Somalie, une option catégoriquement rejetée par les tribunaux islamiques. Le projet présenté par le gouvernement de transition a été adopté par 125 parlementaires contre 73, sur les 275 parlementaires qui siègent depuis février dans la ville de Baïdoa (environ 250 km au nord-ouest de Mogadiscio). Lundi, des pourparlers entre le gouvernement somalien et les tribunaux islamiques avaient échoué à propos de l’éventuel déploiement de cette force de paix.