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Une exposition monstre de plus de 8 000 objets et qui pourrait durer une dizaine d’années « 2 000 ans d’histoire allemande » : Berlin affiche un destin européen mouvementé

« Deux mille ans d’histoire allemande », une exposition monstre de quelque 8 152 « objets témoins », dont plus de 300 prêts, sur 8 000 mètres carrés, s’est ouverte hier à Berlin, démontrant abondamment que cette histoire est à la fois fragmentée et liée à l’Europe, sous ses bons et mauvais jours. «Notre histoire est aussi celle de nos voisins », a insisté Hans Ottomeyer, directeur général du Musée historique allemand, présentant jeudi à la presse cette exposition permanente dont l’inauguration précède de peu l’afflux de visiteurs à l’occasion du Mondial de football, du 9 juin au 9 juillet. Mais, a-t-il remarqué, comme pour répondre à l’avance aux critiques, « l’histoire est en vogue » dans différentes capitales européennes et pas seulement à Berlin. Préparée depuis l’automne 2000, cette exposition a été inaugurée dans le Berliner Zeughaus, palais baroque sur la grande avenue Unter Den Linden, par la chancelière Angela Merkel. Elle pourrait durer une dizaine d’années. Il faut bien deux heures pour tout apercevoir d’une histoire qui commence à l’époque de la bataille de Teuteburgerwald entre Romains et tribus germaniques en 9 après J-C et s’achève avec le départ des troupes d’occupation alliées d’Allemagne en 1994. L’occupation romaine, le Saint-Empire, l’époque gothique, la Renaissance, les guerres de religion et la guerre de Trente ans, les Lumières, l’occupation napoléonienne, les guerres européennes de 1870 à 1945, la guerre froide : il n’est guère un événement où l’histoire fragmentée des Allemands (Prussiens, Bavarois, Saxons et compagnie) – leur identité nationale allemande ne devenant effective qu’en 1871 – ne soit une histoire européenne. Les objets, explique Hans Ottomeyer, vont « de la lettre envoyée d’un camp de concentration aux images de la représentation » du pouvoir politique au long des siècles, ils montrent tous les aspects, des « visages de la haine » aux moments créateurs. « Le musée, a-t-il confié au magazine Der Spiegel, doit être le lieu de l’appropriation de l’identité. S’y présente notre mémoire visuelle, avec des objets sur lesquels l’histoire se cristallise. » Comme le bicorne de Napoléon, laissé dans son carrosse après la défaite de Waterloo, ou encore la mappemonde d’Adolf Hitler, retrouvée transpercée d’une balle tirée par un soldat russe, et sur laquelle s’est appuyé Charlie Chaplin dans The Great Dictator. L’exposition raconte aussi souvent une histoire franco-allemande. Car Louis XIV et Napoléon ont imprimé leurs marques. Sous un portrait du Roi-Soleil est inscrit cette légende : « Un des buts principaux de la politique des Bourbons était l’affaiblissement des Habsbourg. ». En 1848, une petite affiche en écriture gothique annonçait aux Allemands la révolution en France. Une autre affiche, celle-ci des années 20, laissait poindre le régime raciste de Hitler, en représentant un soldat noir caricaturé pour dénoncer l’occupation française en Rhénanie : « Protestation des femmes allemandes contre l’occupation des hommes de couleur sur le Rhin. » Une partie imposante est consacrée à la période nationale-socialiste et des camps d’extermination et de concentration. Le Musée d’histoire allemande, surnommé « Musée Kohl » par ses détracteurs, répond à un projet lancé en 1987, deux ans avant la chute du Mur, par l’ancien chancelier conservateur Helmut Kohl, désireux de rompre avec le refoulement de l’histoire par les générations traumatisées d’après-guerre. Un projet vivement critiqué à l’époque comme portant en lui des tendances nationalistes. Il s’est finalement installé dans le palais qui abritait le Musée de l’histoire allemande de la RDA et ses abondantes collections. Depuis 2001, le Musée historique allemand avait organisé plusieurs expositions thématiques (Holocauste, Première guerre mondiale, 1945), sortes d’exercices préparatoires à cette exposition.
« Deux mille ans d’histoire allemande », une exposition monstre de quelque 8 152 « objets témoins », dont plus de 300 prêts, sur 8 000 mètres carrés, s’est ouverte hier à Berlin, démontrant abondamment que cette histoire est à la fois fragmentée et liée à l’Europe, sous ses bons et mauvais jours.

«Notre histoire est aussi celle de nos voisins », a insisté Hans...