Arrêtez le massacre à Naqoura

La côte de Naqoura, avec ses falaises blanches et ses rochers marron clairsemés de petites étendues de verdure sur un fond de grande bleue couleur turquoise, était la plus belle du Liban. La route maritime reliant Tyr à Naqoura était un peu étroite certes, mais elle offrait, côté Méditerranée, un paysage éblouissant de beauté, n’existant nulle part ailleurs sur la bande côtière de 220 kilomètres... Si, peut-être à Chekka, du côté de Saydet el-Nourié, mais il y a longtemps, bien avant la pollution sous toutes ses formes. Depuis quelques mois, la côte de Naqoura n’est plus aussi belle. Et le sentiment de plénitude et d’immensité qui vous envahissait, sur la route maritime en arrivant à la localité, n’existe presque plus. C’est qu’il fallait agrandir cette route, qui devrait faire partie un jour de l’autoroute méditerranéenne reliant la Turquie à l’Égypte. Il semble qu’il serait moins cher, à cet effet, de procéder à des travaux directement sur la côte pour éviter de payer des expropriations trop élevées à l’intérieur des terres. Évidemment, aux dépens des paysages et des sites naturels ! Les Libanais n’ont jamais appris – et n’apprendront jamais – à préserver les dons du ciel : les falaises de Naqoura, par exemple. Depuis quelques mois donc, tracteurs, pelleteuses et camions sont à l’œuvre pour agrandir la route. Des rochers à proximité de la côte ont été déblayés. L’ancienne route de Naqoura respectait le tracé naturel des falaises. Ce n’est malheureusement plus le cas. Actuellement, à certains endroits de la route, les automobilistes roulent au même niveau que la mer, où la plage – qui offrait ses étroites étendues de rochers et de galets – a véritablement rétréci. Dommage, et on ne peut que s’indigner. Pat. K.