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Actualités - CHRONOLOGIE

OPÉRA Les combats de Claire Gibault, femme chef d’orchestre et députée européenne

Claire Gibault, députée européenne et rare femme à mener une carrière internationale de chef d’orchestre, poursuit un itinéraire atypique dans le milieu musical, acceptant volontiers « des projets qui ne sont pas choisis par les hommes » tout en se «passionnant » pour son mandat électif. La musicienne, âgée de 60 ans, dirigera du 20 mai au 1er juin au Théâtre Zingaro à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) la création mondiale de Peter Pan de Patrick Burgan, une « fantaisie lyrique » associant de nombreux scolaires. « J’aime trouver des projets exaltants qui ne sont pas choisis par les hommes. Il n’y a pas beaucoup de chefs en pleine carrière qui acceptent de travailler avec des amateurs », relève Claire Gibault dans un entretien à l’AFP. Événement symptomatique de ses relations parfois tendues avec le milieu musical français, l’Orchestre philharmonique de Radio France, initialement pressenti, n’a pas souhaité être dirigé par elle dans Peter Pan. L’intéressée s’en moque. «J’ai dirigé des formations plus prestigieuses », note d’une voix douce Claire Gibault, réputée être la première femme à avoir conduit l’Orchestre de la Scala de Milan (1995) et le Philharmonique de Berlin (1997). Cette native du Mans (Sarthe), premier prix de direction d’orchestre au Conservatoire de Paris – en pionnière, là encore –, se souvient avec amusement de ses débuts dans le métier. « C’était en 1969. À la une de France soir, il y avait les premiers pas de l’homme sur la Lune et, à côté, une petite photo de moi avec ce titre : “Une femme a dirigé un orchestre ”. C’était un grand pas pour la femme mais un petit pas pour l’humanité ! » tente la chef, inversant la déclaration fameuse de Neil Armstrong. Depuis, Claire Gibault a été directrice musicale de l’Orchestre de Chambéry (1976-1983) – devenu Orchestre des pays de Savoie –, assistante du Britannique John Eliot Gardiner à l’Opéra de Lyon (1983-1989), responsable de l’Atelier lyrique et de la maîtrise de cette maison (1990-1998) puis de la Cité de la musique de Rome (2000-2002). Son parcours doit beaucoup au soutien du maestro italien Claudio Abbado, dont elle loue le cheminement « hors des sentiers battus ». Conviée régulièrement en Italie (Orchestre Mozart de Bologne, Théâtre San Carlo de Naples), mais aussi invitée au Covent Garden de Londres, à l’Opéra de Washington ainsi qu’à Copenhague et Stockholm, la chef française est certes plus rare en son pays. « Il est toujours difficile pour une femme chef d’être engagée en France, pays assez machiste. C’est ancré dans les mentalités : beaucoup d’hommes et même de femmes aiment mieux être dirigés par un homme, constate-t-elle. Comme j’ai senti que cette profession résistait, j’ai toujours eu un pied dedans et un dehors pour me préserver », ajoute Claire Gibault. Ainsi, en 2004, cette femme d’« engagement européen » plus que politique accepte la proposition de l’UDF de briguer un siège au Parlement de Strasbourg. Élue, elle se prend au jeu. « Je ne pensais pas que ça me passionnerait autant, confie-t-elle. Mon champ de vision s’est élargi au-delà d’un monde musical un peu trop conservateur. ». Aujourd’hui, elle partage sa vie entre ses engagements de chef et ses obligations à Bruxelles et Strasbourg, où elle se mobilise sur des questions qui lui sont chères : le budget de la Culture, l’adoption internationale – elle a recueilli deux enfants togolais – et, vaste chantier, les droits des femmes. « Je sais de quoi je parle ! » s’amuse-t-elle.
Claire Gibault, députée européenne et rare femme à mener une carrière internationale de chef d’orchestre, poursuit un itinéraire atypique dans le milieu musical, acceptant volontiers « des projets qui ne sont pas choisis par les hommes » tout en se «passionnant » pour son mandat électif.
La musicienne, âgée de 60 ans, dirigera du 20 mai au 1er juin au Théâtre Zingaro...