« Une guerre civile ne sera jamais permise », avertit Haniyeh Des affrontements armés entre le Fateh et le Hamas font trois morts à Gaza

Trois Palestiniens ont été tués et onze blessés hier dans la bande de Gaza, lors d’affrontements armés d’une ampleur sans précédent entre les islamistes du Hamas et le parti Fateh du dirigeant Mahmoud Abbas depuis le début de leur cohabitation au pouvoir fin mars. Les heurts, dans la localité de Abassane dans le sud de la bande de Gaza, sont survenus après l’échec de discussions entre le gouvernement issu du Hamas du Premier ministre, Ismaïl Haniyeh, et M. Abbas sur les moyens de sortir de la crise politico-financière provoquée par la suspension des aides directes internationales à l’Autorité palestinienne. M. Haniyeh a tenté d’apaiser les esprits et appelé à la « retenue » pour « préserver le sang palestinien ». « Une guerre civile ne sera jamais permise », a-t-il indiqué. « J’appelle les frères au Hamas et au Fateh à faire preuve de responsabilité pour mettre fin à ces incidents (...) Je vais suivre cette affaire avec le président Abou Mazen (M. Abbas) pour éviter une zizanie », a-t-il dit à la presse à Gaza. Les affrontements ont éclaté entre activistes des deux bords après une série d’enlèvements de membres du Fateh et du Hamas, ont indiqué à l’AFP des sources policières et des témoins. Des échanges de tirs à l’arme automatique ont opposé activistes rivaux, et au moins une roquette antichar a été tirée lors des affrontements qui ont duré près de deux heures à l’aube. Selon la police locale, les affrontements ont cessé, mais « la situation est très tendue ». « Des hommes armés, la plupart du Fateh, sont toujours dans les rues de Abassane », a-t-on ajouté de source policière, précisant qu’une médiation était en cours pour mettre fin aux troubles. Deux activistes du Fateh âgés de 25 ans et un membre du Hamas âgé de 20 ans ont été tués dans les échanges de tirs, selon une source hospitalière. Un responsable local de la sécurité préventive a été grièvement blessé, a-t-elle ajouté. Le Hamas a fait porter au Fateh la responsabilité des heurts. « Le problème a commencé dans la nuit de dimanche à lundi lorsqu’un groupe de la Sécurité préventive a kidnappé trois membres de Ezzedine al-Qassam », la branche armée du Hamas, a affirmé à l’AFP son porte-parole, Sami Abou Zouhri. Le Fateh a rejeté ces accusations, affirmant que des membres des Brigades Ezzedine al-Qassam avaient tenté d’enlever un garde du corps du chef de la Sécurité préventive dans la bande de Gaza, Salmane Abou Moutlak. Les relations entre le Fateh et le Hamas sont tendues depuis plusieurs semaines. Le 22 avril, des heurts entre partisans des deux groupes avaient déjà fait plus d’une trentaine de blessés, après que le chef du Hamas en exil, Khaled Mechaal, a accusé M. Abbas de « comploter » contre le gouvernement du Hamas. Incendie au Parlement palestinien à Ramallah D’autre part, un incendie, provoqué par un court-circuit électrique, s’est déclaré hier au siège du Parlement palestinien à Ramallah en Cisjordanie, a-t-on appris de sources sécuritaires. L’incendie a été provoqué par un court-circuit dans le tableau électrique principal qui se trouve au rez-de-chaussée du Conseil législatif palestinien (CLP), a indiqué à l’AFP le secrétaire général du Parlement, Mahmoud al-Ramhi. « L’incendie a causé des dégâts matériels, mais pas de victime. Tout le personnel a été rapidement évacué », a-t-il affirmé. Toutefois, le président de la Chambre, Aziz Doweik, issu du mouvement islamiste Hamas qui domine le Parlement après sa victoire aux législatives de janvier, a affirmé « ne pas exclure » que l’incendie soit d’origine criminelle. « C’est un incident très grave. Nous allons former une commission d’enquête pour en élucider les circonstances et nous demandons aux services de sécurité de faire de même », a-t-il déclaré, affirmant soupçonner des éléments « à la solde d’Israël et des États-Unis » d’en être à l’origine. « Il faut s’abstenir de lancer des accusations, car il est évident pour tous qu’il s’agit d’un court-circuit électrique », a pour sa part déclaré le député Abdallah Abdallah, du parti Fateh du dirigeant Mahmoud Abbas.