SPECTACLE - Doris Eaton Travis avait fait ses débuts à 14 ans… en 1918 À 102 ans, la dernière Ziegfeld Girl swingue toujours avec bonheur

«Vous croyez qu’on est encore assez jeune pour danser ? » demande malicieusement Doris Eaton Travis (photos) au public, avant de lever prestement la jambe… À 102 ans. Dernière danseuse des Ziegfeld Follies encore de ce monde, cette star de Broadway, pour qui fut créé en 1929 le morceau Singing in the rain, swingue toujours avec bonheur. Son secret ? « Voyons... Je mange très peu », dit-elle en réfléchissant, depuis sa loge, après son numéro de danse pour le spectacle de charité donné par le Tout-Broadway au profit de la lutte contre le sida. « Et puis je fais de l’exercice en allant d’une pièce à l’autre, je gère un ranch, vous savez. » Chaque année, la minuscule vieille dame aux épais cheveux blancs fait le voyage depuis son ranch de l’Oklahoma pour ce gala, organisé dans ce même théâtre de la Nouvelle-Amsterdam où elle fit ses débuts pour Ziegfeld à 14 ans, en 1918. Mme Travis regarde Broadway avec regret. « Trop de corps (nus) ! Sans cette élégance qui comptait tant sous le règne de Ziegfeld », dit-elle. « Même si les filles portaient des costumes riquiqui, les shows n’étaient jamais vulgaires... Et il y avait de l’humour, mais jamais scabreux, c’était toujours drôle », ajoute-t-elle. Star de la revue de 1918 à 1920, Doris tente après New York l’aventure à Hollywood et joue dans des films muets. En 1936, elle se reconvertit dans la danse de salon. Dix ans après, elle gère 18 écoles. En 1991, à 87 ans, elle décroche son diplôme d’histoire à l’université d’Oklahoma. En 1999, à 95 ans, elle joue avec Jim Carrey dans Man on the moon, de Milos Forman. Quatre ans plus tard, à 99 ans, elle rédige enfin ses Mémoires, The Days we danced. Chaque soir avant le dîner, Doris danse 20 minutes avec son assistant.