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Actualités - CHRONOLOGIE

PORTRAIT - Décédé à l’âge de 97 ans John Galbraith : le dernier grand économiste progressiste engagé

Économiste progressiste adepte de Keynes, professeur, ambassadeur, écrivain prolifique engagé dans le débat politique, John Galbraith, qui vient de mourir à l’âge de 97 ans, était l’un des penseurs économiques les plus influents de la deuxième moitié du XXe siècle. Conseiller de tous les présidents démocrates de Franklin Roosevelt à Bill Clinton, et l’un des auteurs les plus lus dans le domaine des sciences économiques, John Galbraith a laissé sa marque dans l’histoire de notre époque. D’origine canadienne, au physique impressionnant, il mesurait plus de 2 mètres, John Galbraith était né en 1908 dans l’Ontario. Parmi ses 33 livres, La Société d’abondance, publié en 1958, est l’un des rares ouvrages ayant contraint une nation à réexaminer ses valeurs, écrit le New York Times. Il y développe la thèse selon laquelle ce sont les entreprises qui imposent des produits et services aux consommateurs et non l’inverse, les manipulant avec le marketing et la publicité. Il s’est aussi attaché dans ses livres à décrire l’avenir des sociétés industrielles (Le Capitalisme américain, 1958) et à mettre l’accent sur l’apparition d’une « technostructure ». Galbraith a aussi posé le problème d’une réorientation de la production vers la satisfaction des besoins humains, collectifs ou individuels (L’Ère de l’opulence, 1961 et Le Nouvel État industriel, 1967). Plus libéral que la plupart de ses confrères, il a été le collaborateur et le conseiller de tous les présidents démocrates qui ont occupé la Maison-Blanche depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce sont d’ailleurs principalement eux, les amis bien placés auxquels fait allusion le titre de ses Mémoires et dernier livre écrit il y a deux ans. Écrivain d’une grande clarté, y compris sur les sujets les plus complexes, Galbraith a été fréquemment consulté par les dirigeants américains et des leaders d’autres pays, qu’il acceptait volontiers de conseiller gratuitement, même si ses conseils étaient plus souvent ignorés. Longtemps conférencier et professeur de plusieurs générations à l’Université d’Harvard (Massachusetts, nord-est), Kenneth Galbraith a participé pendant près de 70 ans au débat politique américain, des années 1930 aux années 1990, influençant les idées. Consulté par Franklin D. Roosevelt, il avait notamment formé Adlai Stevenson, le candidat démocrate malheureux à la présidence des États-Unis en 1952 et 1956, aux subtilités de l’économie keynésienne, avant de conseiller le président John Kennedy, dont il a été l’ambassadeur en Inde. Il a aussi aidé le président Lyndon Johnson à concevoir le programme de « la Grande Société » pour lutter contre la pauvreté dans les années 1960. Près de quarante ans après avoir écrit La Société d’abondance, il a actualisé son ouvrage phare en 1996 dans un livre intitulé La bonne société dans lequel il déplore l’aggravation de l’inégalité dans la société américaine. L’Amérique est devenue encore plus « une démocratie pour les nantis » où les moins favorisés sont de plus en plus exclus. Toutefois, il est resté optimiste jusqu’à la fin de sa vie sur la capacité des gouvernements d’améliorer le sort des moins fortunés. « Les nantis seront toujours nantis (...) mais les pauvres participent au système politique », écrivait-il en 2004. L’engagement et les sermons de John Galbraith durant toute sa vie en faveur d’une véritable démocratie sociale étaient destinés à être ignorés dans une société américaine où « l’individualisme est aussi ancré », commentait pour sa part en 2005, Bradford DeLong, auteur d’un livre sur la vie de l’économiste.
Économiste progressiste adepte de Keynes, professeur, ambassadeur, écrivain prolifique engagé dans le débat politique, John Galbraith, qui vient de mourir à l’âge de 97 ans, était l’un des penseurs économiques les plus influents de la deuxième moitié du XXe siècle.
Conseiller de tous les présidents démocrates de Franklin Roosevelt à Bill Clinton, et l’un des...