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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE - Les théologiens se penchent sur les problèmes du sida et autres maladies contagieuses Le Vatican pourrait infléchir sa prohibition du préservatif

Le Vatican travaille à un document qui pourrait conduire l’Église catholique à infléchir sa prohibition du préservatif comme moyen de prévention contre le sida et à en admettre l’usage dans des circonstances bien particulières et très limitées. L’information, qui constitue l’un des « serpents de mer » évoqués périodiquement par les vaticanistes, vient d’être confirmée par le cardinal mexicain Javier Lozano Barragan, président du Conseil pontifical pour la santé, l’un des « ministères » du Vatican. « Benoît XVI nous a demandé une étude sur le problème spécifique de l’utilisation du préservatif par les personnes contaminées par le sida et par celles atteintes d’une maladie infectieuse », a déclaré le cardinal Barragan. Le prélat était interrogé par les médias italiens au lendemain du plaidoyer d’un autre cardinal, l’Italien Carlo Maria Martini, en faveur d’une attitude plus ouverte de l’Église sur les questions morales et éthiques. Dans l’hebdomadaire italien L’Espresso paru vendredi, le cardinal Martini, 79 ans, a défendu la théorie du « moindre mal » face aux problèmes du sida, de l’avortement ou de l’implantation des embryons congelés. Il a notamment estimé que « l’utilisation du préservatif peut constituer dans certaines situations un moindre mal », notamment dans le cas de couples légitimes dont l’un des époux a été contaminé par le virus HIV. « Mais la question est de savoir s’il revient aux autorités religieuses de faire de la propagande pour un tel moyen de défense », a-t-il ajouté. La controverse n’est pas nouvelle : à la suite de Jean-Paul II, l’Église catholique, opposée aux relations sexuelles hors mariage, soutient que la seule prévention contre le sida est la chasteté – abstinence pour les célibataires et fidélité entre époux. Mais, tandis que certains prélats en viennent à dénigrer le préservatif avec des arguments sanitaires – à contre-courant des instances internationales en matière de santé, ils soutiennent qu’il ne serait pas sûr à 100 % et ferait donc courir à ses utilisateurs des risques inconsidérés –, d’autres acceptent d’en envisager l’usage lorsque la chasteté est trop lourde à porter. Le cardinal belge Godfried Danneels, archevêque de Bruxelles, a ainsi évoqué le cas où « un homme séropositif oblige sa femme à avoir une relation sexuelle ». « Elle doit l’obliger à mettre un préservatif », a-t-il estimé dans une récente interview au journal italien La Stampa. Le 31 janvier 2005 déjà, le cardinal suisse Georges Cottier, 84 ans, alors théologien du pape, avait lui aussi estimé « légitime » le recours au préservatif dans certains cas, évoquant « des situations particulières » comme les milieux de la drogue ou certaines situations de misère en Afrique ou en Asie, où le discours de l’Église sur « la sacralité du corps humain » ne passe pas. Un texte du Vatican publié avec l’aval du pape aurait pour objectif de clarifier le débat, encore compliqué par le fait que, en Afrique notamment, de nombreux dispensaires animés par des catholiques distribuent des préservatifs à ceux qui en ont besoin. Depuis le début de son pontificat, Benoît XVI n’a pas prononcé une seule fois le mot préservatif – pas plus d’ailleurs que son prédécesseur Jean-Paul II. Le 10 juin 2005, en recevant les évêques d’Afrique australe, il a assuré que l’Église avait « toujours été au premier rang dans la prévention et le traitement » du sida, et fait l’éloge de « la garantie donnée par la chasteté ». Le souverain pontife a tenu le même discours en décembre 2005 en recevant l’ambassadeur d’Afrique du Sud auprès du Saint-Siège. Martine NOUAILLE (AFP)

Le Vatican travaille à un document qui pourrait conduire l’Église catholique à infléchir sa prohibition du préservatif comme moyen de prévention contre le sida et à en admettre l’usage dans des circonstances bien particulières et très limitées. L’information, qui constitue l’un des « serpents de mer » évoqués périodiquement par les vaticanistes, vient d’être...