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Les lecteurs ont voix au chapitre

République en panne Le Liban fut, dès l’origine, conçu de travers. La crise dans laquelle il se trouve aujourd’hui n’est pas purement et simplement une question de personnes. Elle est par-dessus tout une question d’organisation. Le Libanais peut être génial dans la conduite des affaires, il est minable dans l’organisation de l’État. L’État se définit en tout premier lieu par ses institutions. Il ressemble à une voiture. Si la voiture est bien conçue, n’importe qui peut la conduire sans problème, pourvu qu’il sache conduire et qu’il soit prudent. Mais si la voiture est mal conçue, si elle a, par exemple, un défaut congénital, elle tombera constamment en panne quel que soit celui qui la conduit. Notre voiture nationale tombe dans cette dernière catégorie. Le problème est que nous sommes, nous autres Libanais, à titre personnel et en tant que nation, totalement inconscients de ce fait. Au lieu d’envoyer notre voiture nationale à la casse et d’en construire une autre sur un modèle différent, nous nous reprochons mutuellement de mettre des bâtons dans les roues de la République. C’est ainsi que les animaux malades de la peste en viennent à attribuer tous leurs malheurs au baudet de la fable. Le président Lahoud fait aujourd’hui l’expérience douloureuse du bouc émissaire. La République dont nous avons besoin ne sera pas importée, toute faite, d’une autre planète. Elle sera conçue au Liban et fabriquée de nos mains. Elle sera basée sur une meilleure connaissance de nous-mêmes en tant que nation à la recherche de son génie propre. Joseph CODSI Optimiste pour le dialogue En ce qui concerne le dialogue, je suis optimiste et je pense que les participants peuvent s’entendre sur toutes les questions, en général, à l’exception de la présidence. Il ne faut plus demander la démission du chef de l’État ni chercher à le destituer car, entre-temps, les 18 mois qui lui restent se seront déjà écoulés, en raison des discussions byzantines entre les différents protagonistes et par l’alliance entre le Hezb et Michel Aoun. Il serait dans l’intérêt de l’opposition de s’occuper des crises économiques et sociales dont souffre le pays et de penser plutôt au redressement général de la situation du pays dans tous les secteurs vitaux. L’opposition commettrait aussi une erreur mortelle si elle acceptait la candidature de Michel Aoun pour la présidence. Le Liban a besoin d’un homme fort, indépendant et surtout honnête, mais pas d’un militaire à la tête de l’État. Des candidats valables, il n’en manque pas. Je me contente de citer deux d’entre eux : Nassib Lahoud et Chebli Mallat. Hratch TOURIKIAN Canada Avant de tourner la page… Laissez-moi enfin dormir, reposer en paix. Dites pour moi une prière si vous avez le temps. Marquez ma sépulture, très humblement, une prière du pays ferait l’affaire. Est-ce trop vous demander que de me rendre ma mort, une mort digne ? Longtemps j’ai erré, j’ai habité vos saisons froides, sans vie et sans mort. J’ai hanté vos rues, vos maisons, votre campagne. M’entendez-vous ? Je suis le père jamais consolé, je suis les sanglots de la mère, le deuil de la sœur, le fils à jamais disparu. Par-delà l’amertume de mes familles, donnez-moi une mort tout juste digne. Marquez mon passage en meublant le silence que vous avez choisi à m’ignorer. Je suis votre mémoire révoltée, votre conscience trouble. Martyr ou mercenaire, je suis les civils innocents, les exécutions sommaires, les fosses communes vite oubliées. Rendez-moi ma mort avant de tourner la page, au risque de me voir hanter votre subconscient. Une sépulture commune au lieu d’une fosse. Laissez-moi enfin reposer avec mes frères et mes sœurs, faites de ma fosse commune une sépulture commune. Je n’ai plus de nom, je n’ai plus de famille, vous m’avez même usurpé mon sommeil éternel. Jean-Claude DELIFER Montréal, Canada L’autre Liban Il m’aura donc fallu attendre le Salon du livre de Paris pour toucher – et c’est important de toucher la chose écrite – ce supplément L’espoir en lettres de sang. Magnifique. Il m’aura fallu ce Salon pour voir de mes propres yeux quelques monuments de votre histoire en marche : Gisèle Khoury, Ghassan Salamé, Élias Khoury... ont été bouleversants dans l’hommage rendu à Samir Kassir et Gebran Tuéni. J’ai été très touchée et très fière de cet hommage rendu dans mon pays, et qu’il ait attiré une assistance qui n’était pas seulement libanaise. Votre Liban n’est plus celui des boutiquiers, il devient aux yeux des autres celui qu’il n’a jamais cessé d’être aux miens, celui qui prend résolument le parti de la liberté et toujours celui de la beauté. Sans voile et sans impudeur. Merci infiniment. Nadine DEVOILLE Paris Un français parfait Je réponds en écho à l’article de Fifi qui m’a beaucoup ému. Je reviens de Beyrouth où j’ai rencontré des Libanais charmants, des jeunes et des plus âgés. Tous parlent un français qui n’a rien d’ampoulé ni d’emprunté, mais au contraire, quasiment parfait, un régal pour l’oreille et le cœur ! J’ai enseigné l’espagnol et je comprends très bien ce que vous voulez dire : ce décalage entre la langue qu’on a apprise et celle qu’elle est devenue. Mais je suis très fier des Libanais avec qui j’ai conversé, ça m’a touché profondément de les entendre parler ce français parfait qui nous donne tant de mal depuis l’âge des premières règles de grammaires. C’est un régal d’échanger avec eux dans la langue de Molière qui, quoi que vous en pensiez, est parlée avec beaucoup de rigueur par les amoureux des belles lettres. Il est certain que les expressions à la mode, comme « c’est trop d’la balle », « ça déchire », « à l’arraché », «comme as » (qui nous font sourire en France), restent au Liban ou pour le francophone « vraiment fabuleux », «excellent », « sans préparation », « comme ça ». Bertrand RIOUAL France Manifestation à Paris Mercredi 15 mars 2006, place du Canada (Paris 8e), devant la statue Komitas, quelque cinq cents personnes se sont réunies pour manifester contre les commémorations prévues à Berlin par un comité turc en l’honneur de Talaat Pacha, principal ordonnateur du génocide arménien de 1915. Ces commémorations paraissent inadmissibles en Europe, terre de droit, et particulièrement en Allemagne, pays qui a su faire un long travail de mémoire sur son histoire. Alors ministre de l’Intérieur, Talaat Pacha fut condamné à mort par contumace par un tribunal militaire turc en 1919 et se réfugiera en Allemagne, à Berlin, où il fut assassiné par un Arménien, Soghomon Tehlirian, en 1921. Tehlirian sera acquitté par le tribunal de première instance de Berlin face à l’énormité des crimes de Talaat Pacha et du gouvernement Jeunes-Turcs. Le procès demeure célèbre dans l’histoire car son issue sera interprétée comme une condamnation des responsables du génocide. Carla NALTCHAYAN Paris Le cas du Hezbollah Comment est-il possible que le Hezbollah, que vous continuez à appeler la « Résistance » libanaise, puisse de sa propre initiative agir contre Israël alors que le gouvernement libanais envisage une action diplomatique ? On aimerait une analyse de cet acte. Yvonne TOUCHARD Aix-en-Provence
République en panne

Le Liban fut, dès l’origine, conçu de travers. La crise dans laquelle il se trouve aujourd’hui n’est pas purement et simplement une question de personnes. Elle est par-dessus tout une question d’organisation. Le Libanais peut être génial dans la conduite des affaires, il est minable dans l’organisation de l’État.
L’État se définit en tout...