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Actualités - OPINION

Liberté et droit à la différence

M. Hachache a finalement cédé. Sa candidature retirée, le bon Dr Daccache a été porté au Parlement sans une élection qui aurait coûté à l’État 600 millions de livres et leur week-end à 3 400 policiers et 1 000 fonctionnaires. L’ironie du sort faisait qu’on enterrait le même jour, avec les honneurs qui leur sont si justement dus, les restes identifiés, après des années d’obscure indifférence, de dix de nos vaillants soldats morts pour avoir cru en, et avoir défendu jusqu’au sacrifice suprême, notre liberté face à la terreur syrienne. Le sang de ces dix soldats, la torture et la misère que subissent nos concitoyens dans les geôles des pires voisins qu’un pays pacifique ait jamais eus, ainsi que le malheur de leurs parents et proches qui les attendent toujours en vain sont-ils à ce point insignifiants ? Et ces milliers de disparus sans laisser de trace et dont la seule faute était de ne pas avoir été en phase avec la masse qui les entourait sont-ils eux aussi quantité négligeable ? Ces blessures si profondes, encore béantes et toujours saignantes dans le corps de notre nation martyre, ne doivent-elles pas nous rappeler avec insistance et à tout instant que la liberté et le droit à la différence doivent être défendus bec et ongles et que chaque élection est avant tout une fête où nous exprimons notre reconnaissance à nos martyrs en honorant leur mémoire et la valeur de leur sacrifice. M. Hachache voulait peut-être plaisanter, mais la réaction à sa candidature, à défaut de son action à lui, nous a clairement démontré combien nous sommes, in fine, comme ces voisins qui nous encerclent de leur amour étouffant, adeptes de la démocratie à 99,99 % – pourvu que le candidat plaise aux instances autograciées et toujours réconciliées sur le dos de nos malheurs et de notre dénuement. Ce candidat un peu bouffon n’a probablement pas assez pris la mesure de la symbolique et de l’importance de cette élection qu’il a provoquée avant de l’étouffer comme on avorterait le fruit honteux d’un amour défendu ou d’un péché de jeunesse ; il a, à mon avis, eu tort de tourner le dos à l’attente d’une opinion silencieuse qui en a marre de subir l’arrogance des dirigeants ; et de se retirer comme il l’a fait sous le poids de la manipulation, la pression et l’intimidation. Et le bon Dr Daccache, comme tous les caciques qui ont défendu sa prétention à un siège parlementaire doivent, au lieu de se frotter les mains et de sabler le champagne pour une élection sacrifiée, réfléchir un peu à leur impuissance à satisfaire le besoin de liberté d’une nation libanaise ressuscitée. Wassim HENOUD
M. Hachache a finalement cédé. Sa candidature retirée, le bon Dr Daccache a été porté au Parlement sans une élection qui aurait coûté à l’État 600 millions de livres et leur week-end à 3 400 policiers et 1 000 fonctionnaires.
L’ironie du sort faisait qu’on enterrait le même jour, avec les honneurs qui leur sont si justement dus, les restes identifiés, après des...