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Terrorisme - D’anciens détenus racontent leur histoire à des Américains Les « Voix de Guantanamo » sur les ondes

D’anciens prisonniers britanniques du camp de détention américain de Guantanamo, situé sur l’île de Cuba, ont raconté leur histoire par vidéoconférence depuis Londres à des Américains réunis à Washington par une organisation qui milite pour les droits des détenus de ce centre controversé. « Nous pensons que c’est le moment pour une conférence de la sorte aux États-Unis », explique cette organisation, le Centre pour les droits constitutionnels (CCR). Selon elle, il s’agit de la « première fois » que d’anciens détenus « relâchés et disculpés » peuvent se faire entendre aux États-Unis. « L’objectif est de braquer un projecteur sur un sujet qui en a actuellement besoin », a affirmé Fred Lawrence, doyen de la faculté de droit de l’Université George Washington, où se déroulait la vidéoconférence intitulée « Voix de Guantanamo », en présence d’étudiants, de militants des droits de l’homme, d’assistants parlementaires et de journalistes. Shafiq Rasul, Tarek Dergoul, Asif Iqbal et Rhuhal Ahmad ont relaté leurs conditions de détention, assis autour d’une table dans un bureau d’avocats à Londres. Les jeunes hommes barbus et habillés de vêtements de sport, qui ont été détenus pendant deux ans avant d’être relâchés sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux, ont répondu aux questions, tout en mangeant des chips et buvant du jus d’orange. « Ce fut un moment très dur pour nous », a expliqué Shafiq Rasul. « En fait, c’est comme un zoo. Vous êtes gardé en cage 24 heures sur 24 et les gardiens vous regardent 24 heures sur 24 », a-t-il confié. Selon lui, des aveux lui ont été extorqués parce qu’il ne supportait pas ses conditions de détention : « Je devenais fou (…) J’étais à l’isolement depuis trois mois. » D’après Tarek Dergoul, d’origine marocaine, « il n’y avait pas d’interrogatoire (…) » à proprement parler. « C’était un groupe de gamins posant des questions stupides, faisant des remarques stupides », a-t-il dit. « Quelle est votre couleur favorite ? » était par exemple le genre de question posée. Un jour également, un gardien « s’est assis, a ouvert le Coran et a souri en faisant des commentaires » à propos du Livre saint, a-t-il affirmé. Le centre de détention de Guantanamo « n’est pas ce que le régime de Bush raconte », a assuré M. Dergoul. Les quatre anciens prisonniers attestent qu’on ne leur a jamais dit pourquoi ils se trouvaient là. « Ils ne nous ont jamais donné d’explication », a ainsi déclaré M. Rasul. L’histoire de Rhuhal Ahmad, Asif Iqbal et Shafiq Rasul, tous trois d’origine pakistanaise et vivant à Tipton (centre de l’Angleterre), a fait l’objet d’un film – The Road to Guantanamo –, du Britannique Michael Winterbottom qui a obtenu récemment l’Ours d’argent au Festival de Berlin. Le film pourrait être diffusé cet été aux États-Unis. En septembre 2001, les trois amis se rendent au Pakistan pour le mariage d’Asif puis décident d’aller à Kandahar, en Afghanistan, pour apporter, selon eux, leur aide aux populations locales. Là, ils se font capturer et sont soupçonnés d’être liés à Oussama Ben Laden. Actuellement, quelque 490 détenus sont toujours incarcérés à Guantanamo, soupçonnés par le gouvernement américain d’être des membres du réseau terroriste el-Qaëda ou d’être liés aux talibans. Beaucoup ont été capturés à l’automne 2001 en Afghanistan et la plupart sont détenus depuis des années sans inculpation. La semaine dernière, le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Manfred Nowak, a appelé l’Union européenne à faire pression sur les États-Unis pour les « convaincre » de fermer le camp de Guantanamo.

D’anciens prisonniers britanniques du camp de détention américain de Guantanamo, situé sur l’île de Cuba, ont raconté leur histoire par vidéoconférence depuis Londres à des Américains réunis à Washington par une organisation qui milite pour les droits des détenus de ce centre controversé.
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