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Actualités - OPINION

Éclairage Les discussions sur l’Irak pourraient désamorcer l’hostilité entre Téhéran et Washington

Alors que les responsables américains minimisent l’importance d’éventuelles discussions avec l’Iran sur le thème de l’instabilité en Irak, des analystes estiment qu’elles pourraient néanmoins contribuer à désamorcer la longue hostilité entre les deux pays. «C’est une ouverture très, très positive », estime Judy Kipper, du Council on Foreign Affairs, un centre de recherches. Washington et Téhéran ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980, ce qui n’a pas empêché des contacts prudents en différentes circonstances. « Ce serait tourner une page. Cela peut produire quelque chose et si c’est le cas, cela peut mener plus loin », ajoute Judy Kipper. Ali Larijani, un des plus hauts dirigeants iraniens, a déclaré jeudi dernier que la République islamique acceptait de discuter avec les États-Unis de la situation chez son voisin irakien, alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas en raison des ambitions nucléaires de Téhéran. « C’est la première fois qu’un groupe conservateur très puissant en Iran est favorable à un dialogue avec les États-Unis », souligne Vali Nasr, un spécialiste de l’Iran, professeur à la Naval Postgraduate School en Californie. Mais la Maison-Blanche a exprimé son scepticisme, soupçonnant dans la disponibilité iranienne à discuter de l’Irak une manœuvre visant à détendre les pressions internationales sur le dossier nucléaire. Un responsable du département d’État a indiqué sous couvert d’anonymat que le mandat de l’ambassadeur américain à Bagdad, Zalmay Khalilzad, autorisé à avoir des entretiens avec les Iraniens, serait extrêmement limité. « L’Iran fait des choses que nous n’aimons pas en Irak, a ajouté ce responsable, et nous voulons que cela cesse. Nous pensons que si nous leur parlons directement, nous pourrons y parvenir. » « Chercher à en déduire autre chose n’a vraiment rien à voir avec notre objectif », a-t-il dit. Stephen Hadley, le conseiller du président George W. Bush à la Sécurité nationale, a relevé devant quelques journalistes que l’Iran avait attendu de se retrouver devant le Conseil de sécurité de l’ONU pour accepter d’ouvrir la discussion sur la situation en Irak. Les analystes estiment que l’Iran a autant de raisons que les États-Unis de craindre une guerre civile en Irak, où les hostilités ont été récemment attisées par une flambée de violences interconfessionnelles. Judy Kipper estime pour sa part que les Iraniens peuvent tirer parti de discussions avec les États-Unis car « cela montre au reste du monde qu’ils jouent un rôle important, que les États-Unis ont besoin d’eux, sont dans un bourbier (en Irak) et ne peuvent pas s’en sortir sans eux ». Jon Alterman, du Center for Strategic and International Studies, estime quant à lui que d’éventuelles discussions sur l’Irak pourraient ouvrir la voie à des consultations bilatérales plus larges. « C’est important dans le sens où cela change l’ambiance », relève-t-il. « Cela crée l’opportunité de bâtir un climat de confiance », ajoute-t-il. Pour sa part, l’Administration américaine répète que cela ne retranche rien de ses griefs contre l’Iran : menace de prolifération nucléaire, soutien au terrorisme, ingérences, voire entreprises de déstabilisation en Irak, etc. Polémique D’autre part, la polémique suscitée par l’appel à l’Iran d’ouvrir un dialogue avec les États-Unis, lancé de Bagdad par le leader chiite irakien Abdel Aziz Hakim, a été alimentée hier par de nouvelles réactions opposées ou favorables. Trois mouvements irakiens, dont le Comité des oulémas musulmans, la principale association de religieux sunnites d’Irak, avaient rejeté samedi ce projet, y voyant une forme d’ingérence dans les affaires internes du pays. Ils ont été rejoints hier par un front regroupant des mouvements sunnites et chiites, dont la Liste nationale irakienne (laïque) de l’ancien Premier ministre Iyad Allaoui qui a dénoncé ce projet. « L’Irak n’est pas un terrain pour les surenchères politiques ou le règlement des conflits entre les pays », a affirmé un communiqué, qualifiant le projet d’« illogique ». Prenant la défense de ce projet, un dirigeant de l’Alliance irakienne unifiée (AUI - chiites conservateurs) dirigée par M. Hakim a assuré hier que des « discussions irano-américaines » serviraient « l’intérêt de l’Irak ».
Alors que les responsables américains minimisent l’importance d’éventuelles discussions avec l’Iran sur le thème de l’instabilité en Irak, des analystes estiment qu’elles pourraient néanmoins contribuer à désamorcer la longue hostilité entre les deux pays.
«C’est une ouverture très, très positive », estime Judy Kipper, du Council on Foreign Affairs, un centre...