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Laissez vivre mon peuple

À M. Ghassan Tuéni, Je vous écris parce que dans les moments les plus durs, les plus sombres de notre histoire, vous trouvez le mot juste, l’attitude la plus décente, vous arrivez à mettre un peu de baume au cœur de ce peuple qui n’en peut plus. Dans ces moments fatidiques, où vous, les grands de notre pays, êtes réunis autour d’une table de dialogue, qui a été étirée et agrandie, je vous prie, M. Tuéni, de lancer à ces grands la phrase qui avait alors secoué le monde et que vous aviez prononcée à la tribune prestigieuse de l’ONU, là où les représentants de tous les pays du globe vous avaient alors applaudi: «Laissez vivre mon peuple!» Oui, dites-leur de laisser vivre votre peuple en paix. Dites-leur de cesser de débattre du sexe des anges, dites-leur de cesser de s’envoyer à la figure moult accusations, dites-leur que le peuple n’a pas encore oublié les trente années passées, il n’a pas eu le temps de les oublier, il n’a pas eu le temps de souffler, il n’a pas eu le temps de sortir sa tête hors des eaux nauséabondes des arcanes politiques où ils l’ont plongée. Dites-leur: «Mon peuple n’a pas encore fait son deuil des cent cinquante mille morts et des milliers de disparus. «Mon peuple n’a pas encore réintégré les milliers de handicapés dans la vie sociale. «Mon peuple n’a pas fait son deuil de toute une génération, sinon deux sacrifiées sur l’autel des intérêts des puissances étrangères.» Dites-leur: «Vous qui êtes grands, voyez grand pour mon peuple. «Vous qui êtes en bonne santé, assurez les soins médicaux à 80% de la population afin qu’elle n’ait pas à mendier, à se traîner malgré sa maladie, sa vieillesse, sa pauvreté devant des fonctionnaires aussi malades, aussi pauvres et qui ne peuvent que prolonger ses douleurs. «Vous qui mangez à votre faim, donnez à mon peuple du travail pour que lui aussi puisse manger. «Vous qui avez vos enfants dans les écoles les plus prestigieuses, assurez un minimum d’éducation à mon peuple parce que l’ignorance engendre l’exclusion. «Vous qui êtes d’excellents hommes d’affaires, créez des entreprises où les jeunes de mon peuple travailleront dignement sans avoir à supplier pour avoir un emploi à l’étranger, sans succomber à toutes les turpitudes, toutes les malversations qui ont entaché à tout jamais le nom de mon peuple.» Dites-leur: «Laissez mon peuple entrer la tête haute dans le XXIe siècle. «Laissez à mon peuple ses fières montagnes, ses eaux pures, son air si frais, sa bonhomie. «Consacrez-vous pendant vos réunions à un plan socio-économique de longue haleine, l’histoire vous en sera gré et… laissez vivre mon peuple en paix… Ou bien laissez-le mourir en paix.» Samia SARKIS
À M. Ghassan Tuéni,
Je vous écris parce que dans les moments les plus durs, les plus sombres de notre histoire, vous trouvez le mot juste, l’attitude la plus décente, vous arrivez à mettre un peu de baume au cœur de ce peuple qui n’en peut plus.
Dans ces moments fatidiques, où vous, les grands de notre pays, êtes réunis autour d’une table de dialogue, qui a été...