Washington veut réunir les différents groupes politiques en conclave Bush reconnaît la gravité de la situation en Irak

Le président irakien, Jalal Talabani, a convoqué les 275 députés à la séance inaugurale du nouveau Parlement qui doit se tenir le 19 mars, alors que les groupes politiques sont pressés de former rapidement un gouvernement d’unité nationale. Dans un communiqué, le Conseil présidentiel, composé de Jalal Talabani (kurde), Ghazi al-Yaouar (sunnite) et Adel Abdel Mehdi (chiite), a invité les députés à assister le 19 mars à l’ouverture de la première session du Parlement élu le 15 décembre, prélude à la formation d’un gouvernement. Dans les mosquées, les prédicateurs chiites et sunnites ont réclamé la formation rapide d’un gouvernement et appelé à nouveau à la « cohésion » entre toutes les communautés, alors que le dirigeant kurde Massoud Barzani a invité les leaders politiques à se réunir dans le Kurdistan irakien pour accélérer le processus de formation du cabinet. « Nous avons plus que jamais besoin de cohésion pour sortir le pays de l’anarchie », a dit lors de son prêche cheikh Mahmoud al-Issaoui, l’imam de la mosquée sunnite Abdel Qader al-Guilani, à Bagdad. Les Irakiens doivent « prêter allégeance à l’islam et à la nation avant leur allégeance à des partis ou des communautés » religieuses, a-t-il encore dit, appelant à la formation rapide d’un gouvernement pouvant sortir le pays de la crise. Dans la ville sainte chiite de Kerbala (110 km au sud de Bagad), cheikh Abdel Mahdi al-Karbalaï a exhorté tous les groupes politiques à agir pour épargner au pays les violences et l’instabilité. « La Marjaïa (plus haute autorité chiite) appelle les groupes politiques chiites, sunnites, kurdes, chrétiens et autres à former rapidement le gouvernement afin d’épargner au pays les dangers de l’instabilité », a déclaré ce proche de l’ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d’Irak. Parallèlement, dans un entretien au magazine américain Time publié hier, l’ambassadeur américain à Bagdad, Zalmay Khalilzad, a suggéré de réunir en conclave tous les groupes politiques pour qu’ils établissent une plate-forme politique commune et mettent sur pied un gouvernement d’unité nationale. Une fois le Premier ministre désigné, il propose d’inviter les leaders des principaux partis politiques à une conférence, « peut-être ici ou quelque part hors » d’Irak, pour accélérer les négociations sur la formation d’un tel gouvernement. Il a ajouté que son projet est de travailler avec « les leaders politiques jour et nuit jusqu’à ce que nous finissions le travail ». De son côté, le président américain George W. Bush a reconnu hier la gravité de la situation en Irak et a exhorté les Irakiens à former rapidement un gouvernement d’unité nationale, essentiel, selon lui, pour empêcher une aggravation des violences. Interrogé sur ce qu’il entreprendrait si la guerre civile se déclarait, M. Bush a répondu plus directement qu’il ne l’avait jamais fait : « La première chose, c’est de tout faire pour qu’il n’y en ait pas. » « L’une des clés sera d’avoir un gouvernement d’unité qui marche, un gouvernement qui reflète la diversité du pays », a-t-il dit. « Plus tôt ils arriveront à former un gouvernement d’unité qui marche, plus les gens auront confiance en l’avenir », a-t-il dit. M. Barzani a lui aussi souligné, dans un communiqué, que « l’intérêt suprême (de l’Irak) et nos responsabilités nationales nous incitent à surmonter les difficultés. Je vous propose de vous réunir dans le Kurdistan pour établir une plate-forme commune en vue de former rapidement un gouvernement ». « Les discussions qui ont lieu à ce sujet à Bagdad sont dans l’impasse. Nous vous invitons à répondre positivement à cette invitation pour que nous puissions ensemble sortir le pays de sa crise », a poursuivi le président de la région autonome du Kurdistan irakien. Sur le terrain, au moins dix Irakiens ont été tués dont sept dans un attentat-suicide à Falloujah, à 50 km à l’ouest de Bagdad. Quatre femmes, deux hommes et une fillette âgée de six ans ont péri et deux policiers ainsi qu’un civil irakiens ont été blessés lorsqu’un kamikaze a fait exploser sa camionnette piégée au passage d’une patrouille américaine à l’entrée est de la ville, selon une source hospitalière.