Des milliers d’Arabes israéliens manifestent à Nazareth après la profanation de la basilique de l’Annonciation

Plusieurs milliers d’Arabes israéliens ont défilé pacifiquement hier à Nazareth pour dénoncer trois Israéliens, qui ont lancé la veille des pétards dans la basilique de l’Annonciation, un des hauts lieux de la chrétienté. «Musulmans et chrétiens, ensemble ! » pouvait-on lire sur des banderoles brandies par les manifestants qui scandaient des slogans appelant le monde arabe à intervenir. Le maire communiste chrétien de Nazareth, Ramez Djerayssi, le chef du mouvement islamiste israélien, cheikh Raëd Salah, le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah, et plusieurs députés arabes israéliens, notamment Ahmad Tibi, Mohammad Barakeh, Azmi Bichara et Abdel Malek Dehamshe ont participé à cette marche. De nombreux drapeaux palestiniens et d’oriflammes du mouvement radical palestinien Hamas ont été hissés lors de cette manifestation qui s’est déroulée dans le calme. La police n’a pas eu à intervenir. Le « Comité de suivi des Arabes israéliens », regroupant les principaux mouvements représentant cette minorité de 1,2 million de personnes (sur 7 millions d’Israéliens), a indiqué vouloir ainsi dénoncer la « provocation et la faiblesse dont font preuve le gouvernement et la police envers les agressions antiarabes ». Vendredi soir, 13 policiers et 13 manifestants arabes ont été légèrement blessés lors d’affrontements à Nazareth (Galilée), où deux fourgonnettes de la police et deux voitures ont été incendiées. Le dispositif sécuritaire a ensuite été renforcé autour des lieux saints en Israël et à Jérusalem. La basilique de l’Annonciation, la plus grande église du Moyen-Orient, est tenue par l’Ordre des franciscains et s’élève sur le site où, selon la tradition chrétienne, l’archange Gabriel a annoncé à Marie qu’elle portait l’enfant Jésus. Avec une de leurs filles, Haïm Eliahou Habibi et son épouse Violette ont fait exploser vendredi des pétards dans la basilique lors d’un office, provoquant un début de panique parmi les fidèles. Ils étaient également équipés d’une poussette d’enfant dans laquelle se trouvaient de petites bonbonnes de gaz. La foule en colère les a pris à partie avant que la police ne parvienne à les sauver en les conduisant dans une pièce attenante à l’église, qui a été encerclée par plusieurs centaines de manifestants. Selon la police, Haïm Eliahou Habibi n’a pas agi « pour des raisons nationalistes », mais en raison d’une « détresse psychologique et économique » après que les services sociaux eurent récemment retiré au couple la garde de deux de leurs filles. Avec sa femme, il avait déjà menacé en mars 2003 de faire exploser la basilique de Nativité à Bethléem, en Cisjordanie, où il s’était retranché, avant de se rendre sans violence. Il y a quelques années, ce couple avait aussi fait parler de lui en demandant « l’asile politique » au défunt dirigeant historique palestinien, Yasser Arafat, en se plaignant de « persécutions » de la part des autorités israéliennes. Pour sa part, le dirigeant du Hamas et Premier ministre palestinien désigné, Ismaïl Haniyeh, a condamné le « crime » commis contre la basilique et exprimé « sa solidarité avec les frères chrétiens à Nazareth ». La ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni a appelé son homologue du Vatican, Mgr Giovanni Lajolo, pour dénoncer « cette provocation ». Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Gidéon Ezra, a de son côté accusé des députés arabes d’opposition d’exploiter cette « provocation à des fins électorales », les législatives étant prévues le 28 mars.