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La Russie cherche à retrouver un rôle actif au P-O

En recevant le Hamas à Moscou et en avançant une proposition pour tenter de trouver une issue à la crise nucléaire iranienne, la diplomatie russe cherche à retrouver un rôle actif au Proche-Orient face aux États-Unis. Avec son invitation au mouvement radical palestinien à Moscou, le président Vladimir Poutine a clairement manifesté ses ambitions alors que les Occidentaux s’interrogent encore sur l’attitude à adopter face au Hamas. « Pour Poutine, c’est une chance de revenir au Moyen-Orient. Peut-être pourra-t-il trouver une voie entre les pragmatiques et les radicaux du Hamas, une plate-forme pour une base de négociations plus large », estime Alexeï Malachenko au Centre Carnegie de Moscou. En accueillant prudemment l’invitation du Hamas à Moscou, les États-Unis et l’Union européenne ont, en outre, concédé de fait que la Russie avait peut-être une carte à jouer et que ces entretiens permettraient d’y voir plus clair sur les intentions du mouvement, toujours considéré comme terroriste à l’Ouest. « Personne d’autre ne pouvait se permettre d’inviter le Hamas. Poutine n’a guère d’opposition en Russie, c’était plus facile pour lui », relève Victor Kremeniouk de l’Institut d’études des États-Unis et du Canada à Moscou. « Il essaie peut-être aussi d’envoyer un signal à sa propre communauté islamique. Cela change l’image de la Russie, qui refuse par ailleurs de négocier avec les Tchétchènes », ajoute M. Kremeniouk. Une implication soulignée par le fait que Vladimir Poutine, s’il n’a pas rencontré lui-même la délégation du Hamas, s’est néanmoins entretenu au même moment par téléphone avec le président égyptien Hosni Moubarak au sujet de cette visite. La Russie pourrait ainsi retrouver une audience dans une région où les liens tissés avec les pays arabes à l’époque soviétique se sont distendus après l’effondrement de l’URSS en 1991, à l’exception notable de la Syrie. La Russie poursuit la même logique dans le dossier du nucléaire iranien où elle tente de jouer un rôle de premier plan avec sa proposition d’enrichissement de l’uranium tout en cherchant à éviter des sanctions internationales à Téhéran. « Il y a une grande rivalité entre la Russie, les États-Unis et l’Europe au Moyen-Orient qui s’est accrue avec la guerre en Irak (...). Pour la Russie, l’Iran est un allié-clé dans la région, de même que l’Inde », estime M. Kremeniouk. « Les États-Unis ont “perdu” l’Iran il y a 20 ans (avec la révolution islamique). La Russie n’a pas l’intention de les laisser y revenir », résume-t-il. La diplomatie russe n’a certes pas remporté de victoire à ce jour sur le nucléaire iranien. « Mais Moscou montre au monde entier qu’il est capable de parler avec les Iraniens », note M. Malachenko. La Russie défend aussi ses intérêts économiques dans la région, où elle compte de nombreux clients, à commencer par l’Iran et la Syrie, pour ses ventes d’armes et où elle veut aussi exporter sa technologie nucléaire civile. Cette politique pourrait toutefois très vite trouver ses limites. « La situation est très fragile. S’il y a de nouveau des explosions, des attentats (en Israël ou en Palestine), Moscou n’aura rien gagné », anticipe M. Malachenko.
En recevant le Hamas à Moscou et en avançant une proposition pour tenter de trouver une issue à la crise nucléaire iranienne, la diplomatie russe cherche à retrouver un rôle actif au Proche-Orient face aux États-Unis.

Avec son invitation au mouvement radical palestinien à Moscou, le président Vladimir Poutine a clairement manifesté ses ambitions alors que les Occidentaux...