Philippines - Des milliers de manifestants réclament la démission de la présidente L’armée annonce avoir déjoué un putsch contre Arroyo

Entre 3 000 et 4 000 manifestants, selon la police, ont commémoré hier dans les rues de Manille les 20 ans de la chute de l’ex-dictateur Ferdinand Marcos et réclamé l’éviction de l’actuelle présidente Gloria Arroyo. « Renversez Gloria », criaient les contestataires issus de l’opposition de gauche en se dirigeant vers un monument du centre-ville dédié à la chute du régime Marcos, renversé en février 1986 par une révolte populaire sans effusion de sang, le « people power » (le pouvoir au peuple). Une bousculade s’est produite lorsque les manifestants ont tenté de renverser des barrières mises place par la police antiémeute. Ce rassemblement intervient alors que l’armée a annoncé hier avoir déjoué une tentative de coup d’État contre la présidente Arroyo et l’arrestation de plusieurs militaires. Cette tentative, éventée en décembre, prévoyait le lancement d’une opération militaire la semaine dernière ou le mois prochain, selon le général Hermogenes Esperon, chef de l’armée de terre. « Nous disposons d’une liste de noms et de nombreux participants sont interrogés. Nous pensons que les principaux cerveaux de ces tentatives de déstabilisation sont désormais entre nos mains et font l’objet d’investigations », a-t-il ajouté. « Nous n’affirmons pas avoir mis au jour l’ensemble des conspirateurs », a-t-il toutefois tempéré. Au moins 14 officiers subalternes sont actuellement interrogés et les militaires rebelles prévoyaient « d’abolir les institutions démocratiques, la Chambre des représentants, le Sénat, le système judiciaire (...) », a affirmé le général Esperon. Selon lui, certains officiers incarcérés étaient déjà impliqués dans une rébellion militaire avortée en 2003. Environ 200 militaires mutins avaient alors occupé un complexe commercial et résidentiel du quartier d’affaires de Manille pour réclamer la démission de la présidente Arroyo. Toujours selon le général, des militaires détenus dans le cadre de la tentative de 2003 prévoyaient de s’évader le jour de l’opération. Cinq officiers rebelles se sont échappés le 17 janvier dernier d’une prison de haute sécurité où ils étaient détenus pour « tentative de coup d’État ». Deux d’entre eux ont été repris depuis. Leur évasion, réussie en dépit de renseignements sur leur projet, avait fait naître des soupçons de collusion avec des éléments de l’armée au sein de leur prison militaire. Les rumeurs de coup d’État sont récurrentes aux Philippines, particulièrement depuis que la présidente Arroyo a fait l’objet l’an dernier d’accusations de fraude électorale. La chef d’État, qui a échappé en septembre 2005 à une menace de destitution, a récemment coupé court aux nombreux appels lui demandant de démissionner avant le terme de son mandat en 2010.