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L’Ours d’or attribué au portrait d’une femme violée durant la guerre de Bosnie La 56e Berlinale confirme le retour en force du politique dans le cinéma mondial

La 56e Berlinale a décerné samedi soir son Ours d’or à « Grbavica », portrait poignant d’une Bosniaque violée durant la guerre de Bosnie et essayant de revivre, confirmant ainsi le retour en force des thèmes politiques dans le paysage cinématographique mondial. «Je veux profiter de cette opportunité pour rappeler qu’alors que la guerre est finie depuis 13 ans, les criminels de guerre (l’ex-chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko) Mladic et (l’ex-leader politique des Serbes de Bosnie Radovan) Karadzic courent toujours », a déploré la réalisatrice du film, Jasmila Zbanic, après avoir reçu son trophée sur la scène du palais de la Berlinale. « Ils ont organisé le viol de 20 000 femmes en Bosnie, tué 100 000 personnes et chassé de leurs foyers un million de personnes », a-t-elle rappelé, transformant la cérémonie du palmarès en tribune politique. « Nous sommes en Europe et j’espère que cela changera », a conclu la jeune femme, longuement applaudie. Le caractère politique de la soirée avait été affirmé d’entrée par le cinéaste britannique Michael Winterbottom qui, avec The Road to Guantanamo, a récolté l’Ours d’argent du meilleur réalisateur. The Road to Guantanamo, présenté à Berlin alors qu’un rapport de l’ONU venait d’exiger la fermeture de la très controversée base américaine, relate l’histoire vraie de trois Britanniques qui y furent emprisonnés durant deux ans avant d’être relâchés sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. « En réalité, seules trois personnes méritent ce prix, et ce sont les trois personnes dont j’ai raconté l’histoire », a déclaré Michael Winterbottom, avant de faire monter sur scène les trois jeunes Britanniques, qui ont eu le droit à une ovation. Par ailleurs, le grand prix du jury a été décerné – ex-aequo avec A Soap de Pernille Fischer – à « Offside » (Hors-jeu) de l’Iranien Jafar Panahi, vibrant hommage à une jeunesse assoiffée de liberté à travers l’histoire de jeunes filles interdites de stade de football. Ce virage politique de la scène cinématographique mondiale avait été amorcé dès le mois de mai dernier au Festival de Cannes, où la palme d’or cannoise était allée à L’enfant des frères Dardenne, un film ancré dans les dures réalités politiques et sociales contemporaines. La cérémonie des Oscars, qui se tient le 5 mars à Hollywood, ne devrait pas échapper à cette tendance générale du septième art. Parmi les favoris, figure Le secret de Brokeback Mountain de Ang Lee, poème épique sur une histoire d’amour entre deux cow-boys dans l’Amérique profonde. Nommé dans huit catégories, ce film pourrait servir de tribune à la cause homosexuelle pour faire avancer ses revendications dans un pays qui reste très conservateur. Autre film politique, Collision, film à petit budget dont le scénario traite des tensions raciales à Los Angeles, a obtenu six nominations. Également six nominations pour Good Night, and Good Luck, un film de George Clooney sur l’affrontement entre un journaliste de télévision et le sénateur anticommuniste Joseph McCarthy dans les années 1950. La star américaine, nommée pour l’Oscar du meilleur réalisateur et celui du meilleur scénario original, est connue pour son engagement et n’a pas sa langue dans la poche, ce qui devrait sortir la soirée des Oscars de la torpeur des discours et remerciements d’ordinaire plutôt convenus. D’autre part, le cinéma allemand, représenté en force cette année dans la compétition berlinoise avec quatre films, a remporté les deux prix d’interprétation. L’Ours d’argent de la meilleure actrice est allé à Sandra Hüller, pour son rôle d’une épileptique qui se fait exorciser dans Requiem, et l’Ours d’argent du meilleur acteur à Moritz Bleibtreu, pour son interprétation dans l’adaptation des Particules élementaires de l’écrivain français Michel Houellebecq. À l’instar de ses rivaux de Cannes et Venise, la Berlinale a pour la première fois dévoilé son palmarès lors d’une cérémonie glamour, et non lors d’une simple conférence de presse. La cérémonie a été ponctuée d’intermèdes musicaux interprétés par la chanteuse allemande Nina Hagen qui, à la manière de Marlene Dietrich, s’était glissée dans un fourreau arbrant un haut de forme. Le palmarès Voici la liste des vainqueurs des prix décernés lors de la cérémonie du palmarès du 56e Festival international du film de Berlin : - Ours d’or du meilleur film : Grbavica de Jasmila Zbanic ; - Ours d’argent - grand prix du jury : A Soap de Pernille Fischer (Danemark, Suède) et Offside de Jafar Panahi (Iran) ; - Ours d’argent du meilleur réalisateur : Michael Winterbottom et Matt Whitecross pour The Road to Guantanamo ; - Ours d’argent du meilleur acteur : Moritz Bleibtreu dans Les particules élémentaires ; - Ours d’argent de la meilleure actrice : Sandra Hüller dans Requiem ; - Ours d’argent de la meilleure musique de film : Peter Kam pour Isabella de Pang Ho Cheung (Chine) ; - Ours d’argent de la meilleure contribution artistique : Jürgen Vogel, acteur, producteur et scénariste du Libre arbitre de Matthias Glasner (Allemagne) ; - Prix Alfred Bauer, du nom du premier directeur de la Berlinale : El Custodio de Rodrigo Moreno (Argentine, Espagne, Allemagne) - Prix du meilleur premier film : A Soap de Pernille Fischer (Danemark, Suède).
La 56e Berlinale a décerné samedi soir son Ours d’or à « Grbavica », portrait poignant d’une Bosniaque violée durant la guerre de Bosnie et essayant de revivre, confirmant ainsi le retour en force des thèmes politiques dans le paysage cinématographique mondial.
«Je veux profiter de cette opportunité pour rappeler qu’alors que la guerre est finie depuis 13 ans, les...