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Actualités - CHRONOLOGIE

MOMENTS INSOLITES - « Goya » s’affiche à Gemmayzé Un restaurant au charme 100 % féminin

C’est en se baladant la nuit dans Gemmayzé très embouteillé, c’est en fouillant dans ses recoins cachés pour y repérer quelque chose de différent que l’on découvre le Goya, discrètement blotti entre deux portails, entre deux établissements relativement animés, et des passants impatients de trouver leur place. Une façade vêtue de fer forgé ponctué de cercles noirs, une enseigne très colorée, presque étrange, comme un œil qui vous regarde en souriant ; un nom venu d’ailleurs, une vitrine qui donne envie de mieux voir ce qui se passe derrière la porte. À l’intérieur, petit intérieur, il fait beau, il fait bon. La séduction est immédiate. Goya, non point, comme il aurait semblé, en hommage au peintre espagnol, mais un clin d’œil que Kareen Andraos, architecte d’intérieur et propriétaire des lieux, lance à son enfance. « Ma grand-mère me surnommait Goya parce que j’aimais peindre ! » précise-t-elle. Il est né le 28 septembre 2005 de son imagination et son envie de faire « un endroit qui soit coquet », ayant énormément travaillé pour les autres et conçu des décors de restaurants « pour moi inachevés car très vite transformés, voire altérés, dès l’inauguration », né aussi après que la jeune dame eut fait ses premiers pas dans la restauration avec l’Ô, un an plus tôt, situé juste en face, elle trouve l’écrin, un petit espace où les gens se frôlent en toute amitié, et le transforme à sa guise. « J’avais envie, en réaction à l’Ô, qui est un restaurant plutôt sérieux, avec une architecture minimaliste, un peu froide, d’imaginer un endroit où l’on mange vite, pour pas cher, et surtout un restaurant qui soit complètement féminin. » Les détails posés çà et là, œufs en porcelaine, poules blanches, orchidées, oranges peu amères, pétales de rose et roses très romantiques, photos au mur signées Joanna Andraos, ou encore luminaires en cristal soufflé divinement suspendues au plafond, se conjuguent également au féminin pluriel. « On dirait une boutique de bijou, vous ne trouvez pas ? » Chaleur et coquetterie En effet, cet espace exigu de 50 m2, ce qui fait son charme, où « tout est petit, tout est charmant et très assorti », ressemblerait à une femme qui met en avant tout ses attraits, avec un naturel coquin, laissant entrevoir à qui sait les saisir ces délicieux petits détails, un maquillage discret, une musique douce, un parfum ensorcelant. Les murs enrobés de couleur prune, « ma teinte préférée », et son vert complémentaire contribuent à mettre en scène une ambiance intime et chaleureuse. Un immense rideau, curieux et théâtral, « car le Goya est aussi un théâtre », souvent ouvert, suscite la curiosité des passants lorsque, pour installer une certaine intimité, s’amuser et les taquiner, la propriétaire des lieux se plaît à le descendre. « On le baisse en général en fin de soirée. Ce qui énerve les gens qui sont à l’extérieur, et surtout les hommes… Souvent, je le baisse de trois quarts. On ne voit plus que les assiettes et les pieds, ce qui les énerve encore plus ! » Une salle à manger Mais ce qui frappe d’abord, ce qui interpelle, outre le bar et ses quatre tabourets, c’est en fait cette unique table rectangulaire qui reçoit une vingtaine de personnes qui ne se connaissent pas, invitées à cohabiter ensemble, en toute amitié, l’espace d’un repas. « Certains viennent pour cette convivialité, poursuit Kareen, pour cette nouvelle expérience de partager une même table avec des étrangers. D’autres, après avoir réservé, repartent aussitôt arrivés, paniqués à la vue de la seule table ! » La promiscuité de gens d’âges divers et de mentalités différentes crée de nombreuses surprises, souvent agréables. À notre arrivée, ce soir, la table est occupée par deux groupes de six personnes qui discutent politique. Attention, danger ! À côté d’eux, un couple plus mûr, « des habitués », nous précise Kareen, les observe en souriant. Le ton monte, la familiarité a petit à petit remplacé les politesses d’usage, et les formules d’introduction, lancées une demi-heure plus tôt, sur un ton presque timide, sont effacées par une légère irritation. Mais il aura suffi qu’un individu, plus diplomate que les autres, lève son verre à la santé du pays pour que la soirée se poursuive sous d’autres auspices et que l’amabilité reprenne ses droits. À chaque situation ses réactions et ses souvenirs. Une dame trop parfumée qui fait fuir ses voisins, une discussion sur un film de cinéma et une amitié qui naît entre deux groupes. Un regard lancé, appuyé, encouragé, un coup de foudre, qui sait, et les deux étrangers qui reviennent ensemble, la fois d’après, partager, dans ce restaurant qui finit, très vite, par prendre des airs de salle à manger, des confidences murmurées à demi-mots, un petit déjeuner copieux ou, le soir, une salade de « moghrabieh », un tartare de légumes ou des pâtes. Si Goya m’était conté… De nombreuses histoires d’amitié nouée, renouée viendraient relever ces soirées improvisées, assaisonnées aux épices d’Espagne et d’ailleurs…. Carla HENOUD
C’est en se baladant la nuit dans Gemmayzé très embouteillé, c’est en fouillant dans ses recoins cachés pour y repérer quelque chose de différent que l’on découvre le Goya, discrètement blotti entre deux portails, entre deux établissements relativement animés, et des passants impatients de trouver leur place. Une façade vêtue de fer forgé ponctué de cercles noirs,...