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Actualités - OPINION

LE POINT L’argent du beurre

Le monde n’est décidément pas au bout de ses surprises avec ces diables d’hommes. Non contents d’avoir raflé la mise lors des élections législatives du 25 janvier dernier, voici que le Hamas, magnanime, annonce maintenant son intention d’offrir au Fateh des strapontins ministériels et se hasarde même, quoique timidement, à nuancer son attitude à l’égard d’Israël. Écoutez Moussa Abou Marzouk, son représentant au Liban : « Où donc se situent les frontières que nous sommes supposés reconnaître ? Incluent-elles les colonies de peuplement et qu’en est-il du droit de retour des réfugiés ? » Sa conclusion : « En attendant des réponses à ces questions, nous ne sommes pas disposés à discuter d’une éventuelle reconnaissance. » La manœuvre est habile, trop habile, au gré de certains ; elle n’en traduit pas moins un assouplissement plutôt inattendu et un savoir-faire politique que l’on se refusait jusqu’à présent à reconnaître à des résistants volontiers caricaturés le couteau entre les dents. L’embarras de l’État hébreu, et avec lui de l’Occident tout entier, vient de se traduire par un étrange ballet diplomatico-financier, d’abord à l’occasion du versement à l’Autorité palestinienne des taxes et droits de douane perçus en son nom par Tel-Aviv, ensuite lorsque deux des principaux contributeurs, l’Union européenne et les États-Unis, ont commencé à parler d’une suspension de leur aide. La mise à exécution de ces menaces, on l’a bien vu dans les heures qui ont suivi, a été suspendue en attendant les résultats des contacts accélérés entrepris avec le Mouvement de la résistance islamique. Dont les principaux dirigeants se proposent pour leur part d’entreprendre une tournée des pays du Golfe pour tenter de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement. Sans grandes chances de réussir, estime-t-on à Ramallah où l’on rappelle que de telles initiatives ne sauraient être prises sans l’aval de Washington. C’est que, d’un autre côté, rien ne justifierait l’ouverture de nouvelles vannes, saoudiennes et émiraties, alors que d’énormes scandales viennent d’éclater, portant sur des détournements de l’ordre, dit-on, de milliards de dollars. Il reste cependant que les héritiers de cheikh Ahmad Yassine se veulent, eux, incorruptibles. À tout le moins, aucune présomption de culpabilité dans une quelconque affaire de trafic ou de détournement n’a pu être retenue contre eux. Dans ces territoires gangrenés par le chômage, où la moitié de la population vit avec moins de deux dollars par jour, l’honnêteté est une qualité appréciable – et l’électeur vient de prouver qu’il savait l’apprécier. Toutefois, elle ne saurait faciliter la recherche d’une solution aux problèmes budgétaires. C’est pourquoi, et afin de parer au plus pressé, l’émissaire du quartette, James Wolfensohn, s’apprête dans les prochains jours à effectuer une tournée dans le Golfe dans l’espoir de réunir 300 millions de dollars. De son côté, la Maison-Blanche veut bien continuer à entretenir le suspense sur son attitude en attendant les résultats des élections israéliennes du 28 mars, dans l’espoir d’une décantation qui interviendrait entre-temps, prélude à un assouplissement dans les rangs du Hamas. De rares indications commencent à filtrer sur la nature de l’équipe appelée à succéder à celle d’Ahmad Qoreï. À sa tête, on trouverait Ismaïl Haniya, probablement secondé par un groupe de technocrates capables à la fois d’inspirer confiance à l’homme de la rue et, grâce à une trêve de facto, de calmer les appréhensions israéliennes et occidentales. L’homme, un avocat de 42 ans qui a longtemps dirigé le Centre palestinien des droits de l’homme qui avait dirigé la bataille électorale, passe pour un pragmatique et donc pour un modéré. Au lendemain de la victoire, il a clairement laissé entendre que son mouvement était disposé à coopérer avec « le monde libre », invitant celui-ci à se montrer ouvert et à ne pas craindre l’issue de la consultation qui venait de se tenir. Loin des feux de la rampe, des rencontres se sont tenues ces derniers jours, notamment entre cheikh Nayef Rajoub et des délégués de l’Administration US (dont trois anciens ambassadeurs) ainsi qu’avec des représentants de la Communauté européenne, tandis qu’au Caire, une intense activité était déployée, culminant par une série de réunions qui ont groupé des émissaires de l’organisation islamiste, d’une part, le général Omar Sleiman et Ahmad Aboul Gheith, respectivement chef des services secrets et Premier ministre égyptiens, d’autre part. Principaux concernés par ce branle-bas, les Israéliens se contentent dans l’immédiat de suivre le cours des événements. Pour eux, la présente période est marquée par « une ambiguïté stratégique ». Une expression qui pourrait qualifier les meilleures, comme les plus mauvaises perspectives. Christian MERVILLE
Le monde n’est décidément pas au bout de ses surprises avec ces diables d’hommes. Non contents d’avoir raflé la mise lors des élections législatives du 25 janvier dernier, voici que le Hamas, magnanime, annonce maintenant son intention d’offrir au Fateh des strapontins ministériels et se hasarde même, quoique timidement, à nuancer son attitude à l’égard d’Israël....