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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE Il préside l’Association libanaise pour le développement du mécénat culturel depuis le 8 février 2005 Shadi Karam, le «poète des banques», au service de l’art

Il y a près d’un an, il a pris la relève de son président, Ghassan Tuéni, aujourd’hui président d’honneur de l’Association libanaise pour le développement du mécénat culturel, «un héritage très lourd», confie-t-il, mais que j’ai accepté lorsqu’il a fallu donner à l’association un «souffle financier». Mission difficile pour Shadi Karam, dans un contexte non moins difficile et une période de tous les dangers. Mais l’homme d’affaires, passionné d’art, n’en est pas à son premier défi. «Je suis quelqu’un qui s’occupe par intérim de questions culturelles depuis longtemps. J’ai toujours aimé les arts plastiques, avec un sens du beau qui m’a poussé à accumuler des œuvres», précise Shadi Karam. L’homme est connu pour son sens des affaires, avec un riche parcours qui l’a mené de l’Unesco, où il a été conseiller financier de M. Amadou Mahtar M’Bow, directeur général de cette organisation, de 1975 à 1981 et responsable de projets de pays en développement à la BLC. Il n’oublie pas sa précieuse collaboration avec feu Joseph Abdo Khoury, grand banquier, « qui m’a permis d’occuper des fonctions différentes dans plus d’un domaine (bancaire, immobilier, hôtellerie, industrie et même haute couture) où j’ai tout appris ». Ce monsieur, qui fonctionne à l’adrénaline, a tout naturellement accepté, en 2002, à la demande de Riad Salamé, de présider la Banque libanaise pour le commerce, alors en perte de vitesse. Le redressement a été surprenant. C’est avec le même élan qu’il s’est intéressé au mécénat, pour un mandat de 3 ans, et qu’il s’attend, là encore, à des résultats concluants. « Je m’occupe surtout de ce que je sais faire, organiser la logistique et assurer le nerf de la guerre. Les objectifs sont nombreux et surtout réalisables, affirme-t-il. Grâce à l’association, nous voulons surtout créer une culture du mécénat qui est pour nous un mode de penser privilégiant l’action directe des décideurs. Et, dans ce domaine, les seuls décideurs sont les mécènes, les amoureux du beau, les collectionneurs, les entrepreneurs, toutes ces personnes et entreprises qui ont les moyens et la volonté d’imprimer leur marque sur des manifestations, acquisitions ou bâtiments. » Vaste programme C’est en effet grâce au mécénat, à l’intérêt porté par certaines personnes, associations, entreprises ou banques, à l’art, la musique, la littérature, le cinéma ou le patrimoine que de nombreux concerts, expositions, rétrospectives et musées ont pu voir le jour et persévérer malgré les événements que traverse le pays. L’Association libanaise pour le développement du mécénat culturel, association à but non lucratif, a vu le jour en 2000. Son programme, ambitieux mais légitime dans ce domaine qui avait besoin de regrouper les énergies et les actions, est, selon son président, de «devenir un carrefour mettant en contact entreprises et acteurs culturels, aider dans leur choix les entreprises qui souhaitent entreprendre une action, représenter le mécénat libanais sur un plan international, se doter d’un cadre juridique indispensable, assurer la promotion et la diffusion du mécénat auprès de la diaspora et enfin jouer le rôle d’observatoire de ce mécénat culturel au Liban… En quelque sorte, nous nous substituons à l’État, poursuit Shadi Karam. L’État qui, même absent dans ce domaine de la vie du pays, est indispensable pour constituer une structure, de l’avis de ce responsable. « Nous offrons ainsi une plate-forme intelligente et efficace, accessible à tous. Mais tout cela n’exclut pas une action individuelle.» Une action efficace Dans le cadre de son programme et afin de mettre à la disposition des entreprises tous les moyens financiers, matériels et logistiques nécessaires et avec l’aide de l’Agenda culturel, l’association a publié un Répertoire 2005 des 700 organismes culturels se trouvant au Liban (en vente dans toutes les librairies). Elle a également créé un site Internet qui explique en détail son action et donne le programme des actualités culturelles : expositions, spectacles, concerts, ciné-clubs et autres. L’Association libanaise pour le développement du mécénat culturel organise enfin, depuis sa création, de nombreux colloques et conférences. « Creative Future » est l’une de ces activités. Organisé en septembre dernier avec la coopération du British Council, ce séminaire a permis le lancement du programme de développement des industries créatives au Liban. « Nous avons démarré, en 2006, une campagne pour la création d’un fonds important qui devra être investi de façon permanente et dont le rendement doit servir au soutien d’une action culturelle permanente. Ce pays n’a pas grand-chose à vendre mais, par contre, de la créativité à en revendre. Le mécénat, conclut Shadi Karam, c’est en fait l’hommage que peut rendre l’argent à l’art.» Carla HENOUD Le Conseil d’administration 2005/2008 – Ghassan Tuéni: président d’honneur – Shadi Karam: président – Naïla Kettaneh-Kunigk (Fondation Kettaneh) : vice-présidente – Raya Raphaël Nahas : trésorière – Émile Nasr (l’Agenda culturel): secrétaire général – Robert Fadel: membre.
Il y a près d’un an, il a pris la relève de son président, Ghassan Tuéni, aujourd’hui président d’honneur de l’Association libanaise pour le développement du mécénat culturel, «un héritage très lourd», confie-t-il, mais que j’ai accepté lorsqu’il a fallu donner à l’association un «souffle financier». Mission difficile pour Shadi Karam, dans un contexte non...