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CORRESPONDANCE - Human Rights Watch dévoile son rapport 2005 L’Administration Bush accusée de banaliser la torture, et la Syrie « les disparitions »

WASHINGTON- Irène MOSALLI Lors d’une conférence de presse tenue hier à Washington, l’association Human Rights Watch a rendu public son 16e rapport annuel dans lequel elle dénonce notamment la politique des États-Unis et de certains de leurs alliés, accusés de prôner les droits de l’homme sans les respecter. Le rapport donne les résultats d’enquêtes sur l’évolution des droits de l’homme dans plus de 70 pays. Le rapport annuel de Human Rights Watch met particulièrement l’accent, dès son introduction, sur l’« hypocrisie » du discours des États-Unis : « Mettez en pratique ce que je prône, pas ce que je fais » serait, d’après l’organisation dont le siège est à New York, le message de Washington. « Le combat contre le terrorisme est central à la cause des droits de l’homme, mais le recours à des tactiques illégales contre des terroristes présumés est injuste et contre-productif », a déclaré le directeur exécutif de l’association, Kenneth Roth. Selon lui, de nouvelles preuves ont démontré en 2005 que la torture et les mauvais traitements ont constitué une partie délibérée de la stratégie antiterroriste de l’Administration Bush, affaiblissant la défense mondiale des droits de l’homme. « La responsabilité pour l’usage de la torture ainsi que les mauvais traitements ne peut plus être rejetée de manière crédible sur les mésaventures de soldats de grade inférieur taxés de “brebis galeuses”, faisant partie de l’équipe de nuit. L’Administration Bush doit nommer un procureur spécial pour examiner ces abus, et le Congrès devrait établir une commission indépendante et bipartite pour mener sa propre enquête », a-t-il précisé. Il existe ainsi des preuves montrant que les interrogatoires abusifs ne se sont pas réduits aux méfaits de quelques soldats de grade inférieur, mais qu’ils ont constitué un choix politique sciemment décidé par de hauts fonctionnaires du gouvernement américain. Cette politique a entravé l’aptitude de Washington à amener d’autres États par la persuasion ou la pression à respecter le droit international, comme l’indique le chapitre d’introduction du rapport de plus de 500 pages. M. Roth a par ailleurs affirmé que les tactiques illégales provoquent le recrutement de terroristes, découragent l’assistance apportée par le public aux efforts antiterroristes et créent un réservoir de détenus contre lesquels il devient impossible d’engager des poursuites. Selon lui, certains partenaires des Etats-Unis, comme la Grande-Bretagne et le Canada, ont aggravé le manque de leadership en matière de droits de l’homme, en tentant d’atténuer des protections internationales cruciales. De son côté, la Maison-Blanche a rejeté hier soir les accusations de recours à la torture portées contre les États-Unis par l’organisation de défense des droits de l’homme et a vu derrière ces accusations une motivation « politique ». Damas mis en cause Si le Liban n’y est pas mentionné, c’est parce que le choix des pays examinés diffère d’année en année. Mais la Syrie y est présente avec cette première constatation : « Ici, peu ou presque pas d’amélioration dans le traitement des droits de l’homme. L’état d’urgence est toujours en vigueur depuis 1963. » Les reproches faits à ce pays, en cinq pages, touchent les points suivants : « Détentions arbitraires », « Torture », « Disparitions » (on ignore le sort de 17 000 personnes, dont des citoyens libanais et des palestiniens), « Arrestation d’activistes des droits de l’homme », « Discrimination et violence à l’égard des Kurdes », « Discrimination à l’égard des femmes » et « Implication internationale ». Par ailleurs, de nombreux pays – dont l’Ouzbékistan, la Russie et la Chine – se sont servis de la « guerre contre le terrorisme » pour attaquer leurs adversaires politiques, les traitant de « terroristes islamiques ». Quant aux aspects positifs à signaler, ils concernent les efforts déployés par les puissances occidentales pour soutenir les droits de l’homme en Birmanie et en Corée du Nord. Les pays en voie de développement ont aussi joué un rôle positif : l’Inde a suspendu l’essentiel de son aide militaire au Népal après le coup d’État du roi, et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) a obligé la Birmanie à abandonner sa présidence en 2006 en raison de ses antécédents lamentables en matière de droits de l’homme. Le Mexique a pris l’initiative de convaincre les Nations unies de maintenir un rapporteur spécial sur la protection des droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Le Kirghizistan a résisté à une intense pression de l’Ouzbékistan en secourant presque tous les 443 rescapés du massacre d’Andijan, avec quatre exceptions, et la Roumanie leur a accordé un refuge provisoire.


WASHINGTON- Irène MOSALLI

Lors d’une conférence de presse tenue hier à Washington, l’association Human Rights Watch a rendu public son 16e rapport annuel dans lequel elle dénonce notamment la politique des États-Unis et de certains de leurs alliés, accusés de prôner les droits de l’homme sans les respecter. Le rapport donne les résultats d’enquêtes sur...