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Actualités - REPORTAGE

Retour vers le futur pour l’équipe de France

Que la France soit qualifiée pour la prochaine Coupe du monde appartient à la logique du football, mais qu’elle ait dû rappeler des retraités pour construire son avenir suscite de légitimes inquiétudes. Les Bleus, version Raymond Domenech dans la première partie de son règne, constituaient une équipe vulnérable, une proie facile, même pour des adversaires qui lui étaient inférieurs sur le papier. L’argument consistant à soutenir qu’il n’existe plus de « petites équipes » ne pouvait être recevable. Car s’il n’y en a plus de petites, il continue d’en exister de grandes et cela suffit à rétablir la hiérarchie. Quand Zinedine Zidane annonça qu’une voix lui avait soufflé à l’oreille de sortir de sa réserve pour sauver la patrie en danger, la France du ballon rond poussa un soupir de soulagement. D’autant que le Madrilène se trouvait accompagné d’un Claude Makelele qui n’a jamais aussi bien joué et d’un Lilian Thuram dont l’expérience compense parfaitement l’âge. Les résultats furent immédiats. Entre août 2004 et août 2005, la France avait concédé une inquiétante série de matches nuls et avait dû se contenter de minuscules victoires face à des nations footballistiquement mineures telles que les Iles Féroé, Chypre et la Hongrie. Le retour de Zidane se traduisit par un 3-0 face à la Côte d’Ivoire à Montpellier. L’espoir revint. La qualification directe pour le Mondial, perçue à juste titre comme délicate, semblait à nouveau un objectif réaliste -ce qu’elle était depuis le tirage au sort des éliminatoires. Victoire historique Certes, les choses ne furent pas simples. Il fallut un exploit de Thierry Henry pour décrocher la première victoire des Bleus en Irlande (1-0) depuis plus d’un demi-siècle. « L’ambiance dans les vestiaires était exceptionnelle », raconta Domenech, une fois la fièvre retombée. « Il s’est vraiment passé quelque chose à ce moment-là. » Il fallut, aussi, bien du courage pour résister à la furie des Suisses dans un match qui, avant le coup d’envoi, ressemblait à un gigantesque traquenard. Un but de Djibril Cissé et une résistance acharnée permirent d’obtenir un match nul (1-1) qui se révéla par la suite suffisant. Le constat de ce parcours est que la tentative pour bâtir une nouvelle équipe en y incorporant des jeunes à haute dose n’a pas fonctionné. La méthode Domenech, même si le sélectionneur n’a toujours pas connu la défaite, a montré ses limites, quelles que furent les options tactiques sur le terrain. La France dépend de ses anciens, peut-être plus que jamais auparavant car, sans eux, elle joue moins bien et c’est une chose qu’elle ne pourra pas se permettre en Allemagne en juin prochain. Le tirage de la phase finale, effectué à Leipzig au début du mois, a réservé un sort assez clément aux anciens champions du monde qui retrouveront encore une fois la Suisse, mais également la Corée du Sud et le Togo. Le groupe n’est pas facile mais les Français, toujours tête de série selon les calculs de la FIFA, ont évité quelques épouvantails : les Pays-Bas, la République tchèque, le Portugal ou même les États-Unis. La dernière de Zidane Déjà en 2002, Zidane était le sujet de toutes les attentions, le joueur qui, seul, maintenait la lueur d’espoir alors que la catastrophe annoncée devenait inévitable. En 2006, à 34 ans, il le sera encore plus. Le numéro 10 disputera le dernier tournoi majeur d’une carrière internationale exceptionnelle, commencée en 1994. C’est sur lui que Domenech et les Français comptent pour franchir le premier tour, avec un huitième de finale théorique face à l’Ukraine ou l’Espagne. Le quart – toujours en théorie – devrait aboutir à un adversaire du calibre de l’Italie ou de la République tchèque, sans parler de possibles retrouvailles face aux Allemands dans le dernier carré. Après 1998, qu’ils avaient le devoir de gagner, 2002 qu’ils avaient le devoir de ne pas perdre, la Coupe du monde 2006 est, pour les Français, le passage obligé pour préparer leur avenir. En juillet prochain, ils devront définitivement se passer de Zidane, de Thuram, sûrement de Makelele, mais probablement aussi de quelques autres tels que Wiltord ou Barthez. Comme après chaque Coupe du monde, l’heure de nouvelles retraites sonnera. Il faudra alors très vite retrouver des chefs de meute, des Didier Deschamps et des Laurent Blanc, capables de donner à cette équipe une âme qu’elle semble avoir perdue depuis bientôt six ans.

Que la France soit qualifiée pour la prochaine Coupe du monde appartient à la logique du football, mais qu’elle ait dû rappeler des retraités pour construire son avenir suscite de légitimes inquiétudes.
Les Bleus, version Raymond Domenech dans la première partie de son règne, constituaient une équipe vulnérable, une proie facile, même pour des adversaires qui lui étaient...