Rechercher
Rechercher

Actualités

Mobilisation internationale face à un risque de pandémie humaine La grippe aviaire menace, le monde tremble

L’épizootie de grippe aviaire, qui décime les élevages de volailles d’Asie du Sud-Est depuis fin 2003, a franchi cet été l’Oural, suscitant une mobilisation mondiale face au risque d’une nouvelle pandémie de grippe humaine. Sans savoir s’il pourrait se concrétiser d’ici à un an, dix ans ou plus, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé, au nom du principe de précaution, les États à se préparer à affronter une maladie qui n’existe pas encore : la première épidémie mondiale de grippe du XXIe siècle. Elle pourrait, selon les scénarios les plus sombres, faire en quelques mois autant de morts que la pandémie de sida en dix ou vingt ans. Réapparu en Asie fin 2003 après s’être avéré mortel pour l’homme pour la première fois en 1997 à Hong Kong, le virus hautement pathogène H5N1 de la grippe du poulet n’a jusqu’à présent frappé qu’exceptionnellement l’homme, entraînant quelque 70 cas mortels en Asie. Mais l’OMS et de nombreux scientifiques voient en lui le candidat le plus probable pour devenir un virus pandémique, si des mutations génétiques simultanées lui permettaient d’infecter facilement l’homme et de devenir contagieux entre humains. D’autres virus aviaires (H7 notamment) sont également surveillés. Trois pandémies de grippe ont eu lieu au XXe siècle : la plus grave, la grippe espagnole, a fait de 20 à 50 millions de morts en 1918-1919, contre quatre millions pour la grippe asiatique en 1957 et près de deux millions pour la grippe de Hong Kong en 1968. La pandémie de grippe espagnole avait été provoquée par un virus aviaire (H1N1) qui s’était progressivement modifié pour se transmettre d’homme à homme, comme l’ont montré des travaux publiés en octobre dans les revues Science et Nature. Les deux pandémies suivantes, moins meurtrières, sont dues à des virus qui s’étaient adaptés plus brutalement à l’homme, grâce à un échange de gènes entre virus humain et virus aviaire de la grippe entraînant l’apparition d’un hybride. Les deux types de scénarios sont actuellement redoutés, l’homme étant dépourvu de défenses immunitaires (anticorps) pour affronter un virus qu’il n’a encore jamais rencontré. Face à ce danger potentiel, l’OMS, qui surveille les nouveaux virus grippaux, a invité depuis plusieurs années l’industrie pharmaceutique à se lancer dans la recherche de vaccins adaptés et les pouvoirs publics à l’aider. Plusieurs pays, dont les États-Unis et la France, ont ainsi commandé des vaccins « prépandémiques » contre le virus H5N1 aviaire actuel ou réservé des vaccins « pandémiques » qui ne pourront être produits qu’une fois identifié le virus « humanisé » susceptible d’engendrer une pandémie. Il s’agit à la fois d’inciter l’industrie à investir et de gagner du temps pour disposer plus vite d’un vaccin en cas de pandémie. Alors que les vaccins antigrippe actuels ne sont utilisés que par 5 % de la population mondiale, un des enjeux est aussi, selon l’OMS et l’industrie, d’accroître fortement les capacités de production de vaccins contre la grippe saisonnière et donc leur consommation. L’OMS a également conseillé le stockage d’antiviraux (sans efficacité prouvée contre un virus encore inconnu) qui seraient le seul moyen disponible pour réduire la diffusion du virus, en attendant de disposer de vaccins adaptés. Décidés à se préparer au pire, les États peinent à le faire sans alarmer. De leur côté, organisations de la santé animale et experts vétérinaires préconisent d’accroître les moyens pour juguler l’épizootie elle-même, plutôt que de se focaliser sur la lutte contre une maladie humaine encore inexistante.
L’épizootie de grippe aviaire, qui décime les élevages de volailles d’Asie du Sud-Est depuis fin 2003, a franchi cet été l’Oural, suscitant une mobilisation mondiale face au risque d’une nouvelle pandémie de grippe humaine.

Sans savoir s’il pourrait se concrétiser d’ici à un an, dix ans ou plus, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé, au nom du principe de...