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Actualités - REPORTAGE

10 000 véhicules détruits, au moins 200 bâtiments publics incendiés et plus de 3 200 personnes interpellées Les vingt et une nuits de violences urbaines qui ont ébranlé la France

La France a connu cet automne une flambée de violence sans précédent dans ses banlieues, 21 nuits d’émeutes urbaines qui ont contraint l’État à prendre en compte le malaise profond des habitants de ces zones déshéritées, souvent d’origines maghrébine et africaine. Le 27 octobre, deux adolescents meurent à Clichy-Sous-Bois, une banlieue pauvre au nord-est de Paris, électrocutés dans un transformateur électrique où ils se sont réfugiés par peur de la police, bien qu’ils n’aient rien à se reprocher. Quelques heures plus tard, la ville est le théâtre d’une première émeute. Des jeunes incendient des véhicules, et s’en prennent aux pompiers, aux policiers et à des bâtiments publics. Le lendemain, le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, puis le Premier ministre, Dominique de Villepin, évoquent à tort « une tentative de cambriolage » à laquelle auraient participé les deux adolescents. Les affrontements avec la police gagnent une cité voisine, Montfermeil. Le 30 au soir, les gaz d’une grenade lacrymogène tirée par la police pénètrent dans une mosquée de Clichy-Sous-Bois, suscitant une émotion considérable dans d’autres quartiers de la région parisienne. Les émeutes s’étendent et gagnent la province. Dans la nuit du 6 au 7 novembre, elles atteignent un pic, touchant au total 274 communes. Le 9 novembre, l’état d’urgence est décrété. Ce n’est que trois semaines après le début des violences que la police annonce « le retour au calme », le 17 novembre. Selon le ministère de l’Intérieur, le bilan de ces 3 semaines est de « 10 000 véhicules détruits et plus de 200 bâtiments publics incendiés », quelque 120 policiers et gendarmes blessés, plus de 3 200 personnes interpellées. La justice a prononcé plus de 400 condamnations à la prison ferme. Les émeutiers exigent les excuses ou la démission de Nicolas Sarkozy, auquel ils reprochent d’employer systématiquement des mots humiliants (« Nettoyer au kärcher » les cités de banlieue, où vivent des « racailles »...). Se sentant mis à l’écart dans des « ghettos de pauvres », ils évoquent pêle-mêle le « manque de respect » des policiers, leurs difficultés scolaires, le chômage qui les attend ou affecte leurs parents. Beaucoup, nés aux Antilles ou issus de l’immigration, crient leur rage de ne pas être « considérés comme français ». La crise a un impact considérable dans les médias étrangers, dont certains parlent même d’« intifada » des banlieues françaises. Le 14 novembre, le président Jacques Chirac, qui semblait jusqu’alors en retrait, évoque solennellement « un malaise profond ». « Je veux dire aux enfants des quartiers difficiles, quelles que soient leurs origines, qu’ils sont tous les filles et les fils de la République », insiste le chef de l’État, appelant à combattre « le poison des discriminations ». Au gouvernement, les numéros 1 et 2 jouent chacun leur partition. Quand Nicolas Sarkozy explique que « la première cause de la misère dans les quartiers, c’est le fait que des délinquants puissent y prospérer en toute impunité », le Premier ministre Dominique de Villepin s’élève, lui, contre la « recherche de boucs émissaires » ou met en garde contre « la peur de l’autre ». D’un côté, le gouvernement décide d’augmenter de 100 millions les subventions aux associations, annonce un renforcement des moyens pour les zones déshéritées et décrète « l’égalité des chances » grande cause nationale pour 2006. De l’autre, il durcit le contrôle de l’immigration, menace de suspendre le versement des allocations familiales aux parents qui ne respecteraient pas leur « contrat de responsabilité » ou cherche à expulser des émeutiers étrangers. L’état d’urgence, qui a été prolongé le 16 novembre pour trois mois, est toujours en vigueur.
La France a connu cet automne une flambée de violence sans précédent dans ses banlieues, 21 nuits d’émeutes urbaines qui ont contraint l’État à prendre en compte le malaise profond des habitants de ces zones déshéritées, souvent d’origines maghrébine et africaine.

Le 27 octobre, deux adolescents meurent à Clichy-Sous-Bois, une banlieue pauvre au nord-est de Paris,...